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Linwood Barclay revient avec "Du bruit dans la nuit", un polar diabolique. Photo - Ellis Parinder

Livre. Une machine à écrire qui envoie de mystérieux messages, un professeur de littérature au bord de la folie, des amants machiavéliques, Linwood Barclay avec « Du bruit dans la nuit », crée le doute à merveille. De rebondissements en révélations, une atmosphère prenante pour un polar plein de suspense.


Il est question de machination tout au long de « Du bruit dans la nuit ». De rebondissements en révélations, Linwood Barclay avance sur les terres meubles de la culpabilité, dénonce l’institution du mariage dans ses excès, jette l’opprobre sur la morale judéo-chrétienne…


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Linwood Barclay. Photo – Ellis Parinder

L’inspecteur Arnwright était plongé dans la lecture du dernier roman noir de Linwood Barclay, « Du bruit dans la nuit ». La ville de Milford dans le Connecticut. Paul Davis, professeur de littérature sur le campus de New Haven suit la voiture de son collègue et ami Kenneth Hoffman. La situation comme les lieux excentrés de la bourgade sont étranges. Kenneth arrête l’automobile, Paul va à sa rencontre, découvre deux cadavres dans le coffre et reçoit un violent coup sur la tête. Le récit reprend huit mois plus tard. Après son expérience de mort imminente, Paul est sujet à des pertes de mémoire, des absences, des cauchemars, des crises de panique, des hallucinations. Il voit régulièrement une psychiatre Anna White. «je suis hanté par ce que Kenneth a fait », répète-il. Kenneth, qui entretenait deux liaisons avec Jill Foster et Catherine Lamb, a été incarcéré.

Un meurtrier, des cadavres, trouble du comportement, relations extraconjugales : rien de bien nouveau sous le soleil se dit l’officier de police. Erreur de débutant car l’auteur aguerri sait perdre son lecteur, le lance sur plusieurs pistes et interroge la pulsion de meurtre, le monstre sommeillant en chacun de nous ? Entre en scène un personnage sadique, Gavin Hitchens qui  trouve son plaisir dans la souffrance de l’autre. Il intrigue et effraie. Et la Chose, une machine à écrire, une Underwood offerte par Charlotte, l’épouse de Paul. Il a décidé de relater sa nuit d’épouvante pour se libérer de son démon Kenneth Hoffman. L’assassin avait contraint ses victimes à lui demander des excuses sur ce type de machine à écrire.


Livre. «Du bruit dans la nuit» de Linwood Barclay : un polar diabolique


Et de machination, il en est question tout au long du  livre. Ce roman policier ne se lâche pas lors du temps retrouvé. L’Underwood devient un personnage à part entière, elle se « déplace » d’une pièce à l’autre et envoie des messages de Jill et Catherine, les deux victimes : « Nous sommes revenues. » L’intruse est dans la maison de Paul et délivre des phrases d’outre-tombe. Le quotidien bascule dans la peur et l’irrationnel. Paul est-il somnambule ? Est-ce lui qui écrit ces phrases ? Créer le doute est le thème favori de Linwood Barclay. Et le lecteur de soupçonner tout le monde.

Avec le suicide de Paul par noyade, le mystère devient de plus en plus opaque. Une simple histoire de paranormal pense Arnwright. Mais à l’enterrement de son patient, Anna White a vu des gestes troubles et équivoques entre Charlotte, la veuve et Bill, l’un de ses collègue et ami de Paul et une phrase entendue, « ça a marché ». Des amants diaboliques, rendre fou Paul pour vivre leur passion, Anna White reste perplexe. Tout ce qu’elle sait faire, « c’était parler aux gens. Et plus encore les écouter, et les observer », mais pas jouer aux détectives amatrices. Jusqu’aux dernières pages le suspense est maintenu et la résolution de l’affaire est loin d’être un simple règlement de comptes amoureux.



linwood barclay du bruit dans la nuitDe rebondissements en révélations, le romancier avance sur les terres meubles de la culpabilité, dénonce l’institution du mariage dans ses excès, jette l’opprobre sur la morale judéo-chrétienne. On croit avoir à faire à une tueuse ambitieuse, mais la véritable maîtresse de cette alchimie démoniaque est celle que l’on ne voyait pas. La réussite d’un roman noir réside dans les fausses croyances, tenir en haleine, faire vivre et vibrer les caractères des personnages à la fois anges et démons, altruistes et rédempteurs. Le seul qui a cru à une voix du passé est le père d’Anna, perdu dans des souvenirs qui se superposent, enfermé dans un temps arrêté, persuadé que sa femme Joannie l’a appelé avant de mourir. L’inattendu jusqu’au bout. N’est-ce pas inspecteur Arnwright ?

Virginie Gatti

  • A lire : « Du bruit dans la nuit », Linwood Barclay, traduit de l’anglais (Canada) par Renaud Morin, Belfond noir, 413 pages, 22 euros

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