nadia butterfly katerine savard
Nageuse de haut niveau dans la vraie vie, Katerine Savard interprète Nadia, pour sa première apparition au cinéma (©Les Alchimistes).

Cinéma/Nadia, Butterfly. Faut savoir dire stop. Une jeune nageuse canadienne fait ses adieux à son équipe olympique et prend sa retraite sportive après les Jeux de Tokyo: le film de fiction Nadia, Butterfly, qui sort mercredi 4 août sur les écrans français, est en pleine actualité –mais pas comme l’aurait souhaité son réalisateur.


L’actrice principale, Katerine Savard, 28 ans, est quasiment de toutes les scènes. Avec ses petits airs de Jodie Foster et de Véronique Sanson, elle crève l’écran pour ses débuts au cinéma, aussi à l’aise devant une caméra que dans une piscine olympique. Une performance de… « eau » niveau


nadia butterfly katerine savard
Nageuse de haut niveau dans la vraie vie, Katerine Savard interprète Nadia, pour sa première apparition au cinéma (©Les Alchimistes).

Le Québécois Pascal Plante a tourné son film en 2019 et comptait le sortir à l’été 2020, pendant les Jeux olympiques. La pandémie de coronavirus en a décidé autrement, retardant d’un an à la fois la sortie du film et les Jeux olympiques. Entre-temps, Nadia, Butterfly a été choisi en sélection officielle virtuelle du Festival de Cannes 2020, qui n’a pas eu lieu.

Ancien nageur de haut niveau

Le film n’est pas un documentaire mais raconte une histoire qui prend pour toile de fond (de la piscine) le milieu de la natation fidèlement décrit par le réalisateur, 37 ans, qui fut nageur de haut niveau dans sa jeunesse avant de faire du cinéma: « À 19 ans, quand j’ai passé les essais olympiques pour les Jeux de Pékin 2008, je devais être dans le top 15 des nageurs canadiens », explique-t-il.

Le scénario est simple: à 23 ans, Nadia, spécialiste de la nage papillon (d’où le titre), prend la décision controversée de se retirer de la natation professionnelle et annonce que les Jeux de Tokyo 2020 seront sa dernière compétition. Avec ses trois coéquipières du relais 4x100m quatre nages, elle est bien décidée à aller conquérir une médaille.

Prendre le contrôle de son existence

Dans le bain depuis ses 11 ans, elle dénonce le caractère égoïste des champions de haut niveau, et supporte de plus en plus mal la lourdeur de la vie qu’impose la compétition. Une vie de rêve, des rencontres et des amis, des voyages un peu partout dans le monde? « C’est sûr que la piscine de Moscou, de Budapest, c’est bien beau, là. Mais c’est quand même juste que des piscines », répond-elle quand on lui pose la question.

Alors Nadia a décidé d’arrêter, de reprendre ses études de médecine à la rentrée, et de prendre –pour la première fois– le contrôle de son existence. Non sans avoir profité une dernière fois des joies d’une finale olympique avec les copines, et de la fête après la médaille…


Cinéma. Nadia, Butterfly : nageuse papillon de « eau » niveau…


nadia butterfly
Nadia, Butterfly: un regard authentique sur le milieu de la natation

Regard authentique

Entraînements, longueurs de bassin après longueurs de bassin, étirements et musculation, bains dans des baignoires remplies de glaçons, séances de massage, boissons énergisantes et alimentation contrôlée, concentration mentale, tension avant une grande compétition: le réalisateur a vécu cela et sait de quoi il parle. Son regard sur le milieu de la natation et sur les sportifs de haut niveau est authentique.

« Je voulais faire une incursion sociologique dans l’envers du décor olympique. Proposer un point de vue différent de celui capté tous les quatre ans par les caméras de retransmission », explique-t-il. « Les Jeux olympiques, c’est un peu le Las Vegas du sport: ce qu’on en montre est toujours très beau, très glamour, très policé. Mais la réalité est très différente. On est loin du conte de fée tout rose… Je voulais capter tout ce que les caméras officielles ne regardent pas ».

katerine savard et pascal plante
Katerine Savard et le réalisateur Pascal Plante. (photo) Maxime Cormier

Festivités à Tokyo

Ainsi son film se divise en deux parties: d’abord les Jeux et la compétition. Puis, après la finale et la médaille, les filles qui célèbrent ça à leur hôtel, revoient leur finale à la télé, se maquillent et s’habillent, invitent des copains puis vont faire la fête dans les bars et boîtes de nuit de Tokyo et profiter de la vie avec des jeunes gens de leur âge. Une seconde partie qui replonge le film dans la fiction, puisque les vrais athlètes olympiques ont été privés de ces festivités nocturnes lors de ces vrais J.O. à Tokyo en cet été 2021…

C’est le deuxième long-métrage de Pascal Plante, après sept courts-métrages depuis 2011 et un premier long-métrage en 2017, Les faux Tatouages, une histoire d’amour entre adolescents. Il a tourné 16 jours à Montréal et 4 jours à Tokyo et sa réalisation est volontairement sobre, ce qui donne un ton un peu trop raisonnable au film, avec parfois des longueurs (pas seulement de bassin) et un manque de rythme et de passion.



Plans-séquences

Mais sobre ne veut pas dire sans talent. Le réalisateur a recours souvent aux plans-séquences, avec maîtrise mais modestie, dit-il: « J’utilise beaucoup de plans-séquences mais le moins tape-à-l’œil possible… L’idée n’est pas d’être flashy ou flamboyant, mais au plus près de mes personnages ».

Parmi ceux-ci, le plus impressionnant est celui de la course, la finale du relais 4x100m quatre nages, dans lequel la caméra ne quitte pas le personnage de Nadia: au bord de la piscine quand elle attend son tour avant de plonger, puis dans l’eau, puis à nouveau hors de l’eau une fois la course terminée.

 afficheJodie Foster et Véronique Sanson

Cette séquence, et beaucoup d’autres, montrent l’importance de l’actrice principale, qui est quasiment de toutes les scènes. Le réalisateur a choisi pour ce rôle la nageuse de haut niveau Katerine Savard, 28 ans, qui fait partie de l’équipe olympique canadienne et a participé aux Jeux de Londres 2012 et de Rio 2016 (médaille de bronze au relais 4x200m quatre nages), avant de faire récemment les Jeux de Tokyo (à voir ici).

Avec ses petits airs de Jodie Foster et de Véronique Sanson, elle crève l’écran pour ses débuts au cinéma, aussi à l’aise devant une caméra que dans une piscine olympique. Une performance de… « eau » niveau.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE

« Dans ma vie, j’ai nagé plus que j’ai marché » (Nadia).


cinégong logo A voir : Nadia, Butterfly (Canada, 1h47). Réalisation: Pascal Plante. Avec Katerine Savard, Ariane Mainville, Pierre-Yves Cardinal (Sortie 4 août 2021)

  • Retrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.