nouveautés livres de la semaine
Nouveautés livres de la semaine : Eva Guerra publie son premie roman "Rapatriement" (c) Grasset

Nouveautés livres de la semaine. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec « Rapatriement », le premier roman d’Ève Guerra, entre Afrique et le Vieux Lyon, pour le rapatriement du corps du père ; on enchaîne avec « Melody » du toujours impeccable Suisse Martin Suter pour un texte d’amour et de réflexion sur la mémoire, et on boucle la semaine avec « Lèvres rouges, Langue verte », le nouveau recueil (onze textes) du Chinois Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012.

nouveautés livres de la semaine
Nouveautés livres de la semaine : « Rapatriement » de Eva Guerra

ÈVE GUERRA : « Rapatriement »

Elle a 23 ans et vit dans le Vieux Lyon. Née au Congo Brazzaville, Annabella Moretti est étudiante et amoureuse, elle s’imagine demain poétesse. Elle est l’héroïne de « Rapatriement », le premier roman d’Ève Guerra, remarquée en 2022 pour un joli recueil de poésie (« Corps profonds ») et récompensée en ce début d’année par le prix « Transfuge » du meilleur premier roman français.

Un père franco-italien, ouvrier parti en Afrique ; une mère congolaise grandie dans un village. Annabella a 7 ans quand, à la veille de ce Noël 1997, le père pique une énième colère et cogne sur la mère qui, le lendemain, s’en va. Dès lors, l’enfant va grandir dans l’ombre de ce père débordant d’excès. Dans les pas de celui-ci, c’est la fuite du Congo en pleine guerre civile. Traversée du Cameroun et du Gabon…

Plus tard, jeune femme installée dans le Vieux Lyon, elle apprend la mort du père. Il faut rapatrier le corps du défunt, le corps de ce père qui, même après avoir quitté ce monde, emprisonne toujours ses proches. D’une belle écriture aussi délicate qu’haletante, Ève Guerra entraîne son héroïne Annabella, si longtemps bercée par la violence et l’instabilité paternelle, dans les méandres de la découverte de ces secrets qui hante toute famille d’hier et d’aujourd’hui.

  • « Rapatriement » d’Ève Guerra. Grasset, 218 pages, 19,50 €.
nouveautés livres de la semaine
Nouveautés livres de la semaine : « Melody » de Martin Suter

MARTIN SUTER : « Melody »

Voici un homme à tout (bien) faire. Journaliste, scénariste, parolier (pour Stephan Eicher, entre autres), Martin Suter, né à Zuricjh en 1948, est aussi romancier. Du meilleur niveau dans l’art de conter. Encore une preuve avec son nouvel et impeccable roman, « Melody ». Soit M. Stotz, on le dit homme d’influence, ses jours sont comptés. Il attend la fin dans sa maison aux souvenirs, une villa luxueuse à Zurich.

Sur les murs, des portraits d’une jeune femme, il la prénomme Melody. A son secrétaire- le jeune Tom Elmer, M. Stotz va se raconter. Il y eut, quarante ans plus tôt, un drame- la disparition de cette fiancée appelée Melody. Au fil des confidences, Tom se pose des questions, des doutes surgissent. Percera-t-il le mystère, trouvera-t-il la vérité sur cette jeune femme follement envoûtante ?


LIRE AUSSI : Gilles Pialoux : « avec la fiction, je voulais sortir de la littérature feel bad »


Dans les pages de Melody écrites par Martin Suter, il y a des airs de l’écrivain britannique Somerset Maugham (1874-1965), et d’un conte des « Mille et une nuits » en version alémanique. Et, dans la villa zurichoise de M. Stotz, il y a aussi Mariella, la cuisinière qui sert des menus 3 étoiles accompagnés d’un vin italien aussi divin que les larmes du Christ… Enfin, « Melody » est non seulement un roman d’amour mais également un délicieux texte sur la mémoire.

  • « Melody » de Martin Suter. Traduit par Olivier Mannoni. Phébus, 368 pages, 23 €.
nouveautés livres de la semaine
Nouveautés livres de la semaine : « Lèvres rouges, langue verte » de Mo Yan

MO YAN : « Lèvres rouges, Langue verte »

Direction le nord-est de la Chine, plus précisément le canton rural de Gaomi. Là où, en période maoïste, a grandi Mo Yan, Devenu romancier, il a reçu en 2012 le prix Nobel de littérature- après six ans d’absence, il est de retour avec « Lèvres rouges, Langue verte »– un recueil de onze textes tous aussi délicieux les uns que les autres.

Mo Yan est un magicien de l’écriture- ce que l’on savait déjà avec ses précédents textes (entre autres, « Beaux seins, belles fesses »– 2004, « Le Clan du sorgho rouge »– 2014, « Professeur singe » suivi de « Le Bébé aux cheveux d’or »– 2015), ce qu’il confirme avec ce nouveau recueil.

Avec lui, la réalité la plus triviale, la plus mesquine se transforme en œuvre à caractère hautement littéraire. Surdoué dans le maniement de la dérision, il ne se prive pas de pratiquer également l’autodérision en glissant un personnage fictif, tout simplement son double… et au fil des pages, c’est une véritable galerie de portraits, de personnages qu’il nous propose de visiter.

Ce n’est pas triste- on y croise des profiteurs, un copain d’enfance « mûri sur le tard », des collègues de l’usine de coton avec lesquels il plaisante dans les vapeurs brûlantes des bains publics ou encore ce cousin persuadé d’être un grand écrivain. Un recueil jubilatoire !

  • « Lèvres rouges, Langue verte » de Mo Yan. Traduit par Chantal Chen-Andro et François Sastourné. Seuil, 402 pages, 24,50 €.

Serge Bressan

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.