rentrée litteraire d'hiver : neuf livres indispensables
Rentrée littéraire d'hiver : neuf livre indispensables

Livres. Rentrée littéraire d’hiver. Au programme et sur les rayons des librairies, d’ici la fin janvier, pas moins de 545 romans et récits (plus qu’en août-septembre dernier !). Une rentrée écrasée par l’événement, à savoir le huitième et nouveau roman de Michel Houellebecq. Mais, en toute subjectivité, We Culte en a sélectionné neuf autres incontournables qui sauront trouver leur place… Bonne lecture à toutes et tous !


Rentrée littéraire d’hiver : neuf livres indispensables


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Rentrée littéraire d’hiver : « Voyage au bout de l’enfance » de Rachid Benzine

« Voyage au bout de l’enfance » de Rachid Benzine

Un livre choc. Tout juste 80 pages pour une violence immense- physique, psychologique, émotionnelle. Enseignant et chercheur, Rachid Benzine nous glisse « Voyage au bout de l’enfance » et nous invite à cheminer avec Fabien, gamin heureux qui vit à Sarcelles, banlieue parisienne. Il a ses potes, apprécie la poésie et son prof de l’école Jacques-Prévert, est fou de foot et vénère Kylian Mbappé et Didier Deschamps.

Un jour, avec ses parents qui ont voulu rejoindre Daech, il se retrouve en Syrie. Début du cauchemar, de l’horreur de l’Etat islamique. Sous les bombes de Baghouz, le père y laissera sa vie ; avec sa mère, le gamin arrive dans un camp de réfugiés. Evoquant ce « Voyage… », Rachid Benzine parle d’un « texte pour imaginer ce que nous dirait l’un de ces enfants sacrifiés, dont les mots ont été volés. Ou tus à jamais ». Un livre empli d’une bouleversante humanité.

« Voyage au bout de l’enfance » de Rachid Benzine. Seuil, 86 pages, 13 €.

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Rentrée littéraire d’hiver : « Une arche de lumière » de Dermot Bolger

« Une arche de lumière » de Dermot Bolger

Début du voyage en Irlande. En 1949, Eva Goold Verschoyle se marie et devient Eva Fitzgerald. Vite, elle étouffe dans cette vie domestique et quitte le domicile conjugal dans le domaine du Mayo. Début d’une odyssée racontée par Dermot Bolger, un des plus brillants écrivains irlandais de sa génération- avec « L’arche de lumière », il signe là son treizième roman.

Un roman au long cours avec une femme qui opte pour la radicalité, partant au hasard du monde pour vire son droit au bonheur- sa famille parlera d’une vie de bohême parce qu’Eva est partie de Dublin pour rejoindre le Kenya et faire des escales en Espagne et au Maroc. Toutefois, cette vie ne lui fera jamais rompre les liens avec ses enfants qu’elle veut protéger, son fils homosexuel et sa fille aspirant à la même vie qu’elle. Et puis, il y aura cette arche de lumière… et Eva devint une héroïne merveilleusement romanesque.

« Une arche de lumière » de Dermot Bolger. Editions Joëlle Losfeld, 466 pages, 23 €.

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Rentrée littéraire d’hiver : « Purgatoire » de Dmitri Bortnikov

« Purgatoire » de Dmitri Bortnikov

Apprécié pour « Le Syndrome de Fritz » (2012) ou encore « L’Agneau des neiges » (2021), Dmitri Bortnikov est de retour en librairies avec « Purgatoire ». Un texte, le troisième et dernier, écrit en russe par un auteur né en 1968 à Samara et installé depuis quelques années en France où il a décidé d’écrire en français. Il a plaisir à répéter : « Ce que je cherche et que nous cherchons tous, c’est l’inconsolable : quelque chose d’infini, qui existe au-delà des mots ».

Une quête qui transpire, qui illumine « Purgatoire ». Au fil des pages et des trois parties du roman, le narrateur nous conte une enfance âpre et solitaire au sud-est de la Russie dans les années 1980. Le gamin que fut le narrateur grandit près de deux ensorceleuses complices : une grande sœur abusive et une mère distante. Fleuve de tous les envoûtements, la Volga n’est jamais très loin. Une fois encore, Bortnikov vogue entre rêve, noirceur et rire…

« Purgatoire » de Dmitri Bortnikov. Editions Noir sur Blanc, 290 pages, 22,50 €.



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Rentrée littéraire d’hiver : «Les longueurs» de Claire Castillon

« Les longueurs » de Claire Castillon

Un livre implacable. Une fois encore, et c’est signé Claire Castillon, présente dans le monde des livres depuis 2000 avec la parution de son premier roman, « Le Grenier ». On la retrouve avec « Les longueurs », publié chez Gallimard Jeunesse. Après l’avoir lu, la Dr Béatrice Gal (psychiatre à la Maison des adolescents à l’hôpital Cochin- Paris) évoque un livre qui « devrait faire œuvre d’utilité publique »

Ainsi, après avoir traité des thèmes comme le harcèlement scolaire ou le locked in syndrome, l’auteure aborde cette fois la pédophilie. Avec l’élégance et la retenue qu’on lui connaît pour ses romans « adulte ». Après le départ de son père en Amérique, Alice, 8 ans, vit avec sa mère- une vie qui lui plaît. Tout comme l’escalade qu’elle pratique avec Mondjo, le professeur de 40 ans. Il lui plait, elle l’aime. Un jour de vacances et de bain de mer, il abuse de la petite fille. La mère ne s’est rendu compte de rien…

« Les longueurs » de Claire Castillon. Gallimard Jeunesse, 192 pages, 10,90 €.

thomas gunzig le sang des betes
Rentrée littéraire d’hiver : «Le sang des bêtes» de Thomas Gunzig

 

« Le sang des bêtes » de Thomas Gunzig

Un récent Prix Goncourt évoque « un fauve littéraire aux gestes féroces et déroutants ». Une romancière belge parle d’un roman « drôle, tendre, cruel et politique ». Un critique littéraire va même jusqu’à affirmer qu’on a là « un Magritte des lettres »… Tout ça pour Thomas Gunzig, romancier d’en Belgique, fil-de-fériste léger et inspiré, qui vient à nous avec « Le sang des bêtes ».

Expert ès surréalisme et « nonsense », il imagine la vie de Tom- un vendeur dépressif dans une boutique de produits pour bodybuilders. Il vient de passer la cinquantaine, admis que la vie avec sa femme est devenue d’un banal… son fils qui a quitté sa copine et son père juif malade d’un cancer reviennent chez lui qui n’aspire qu’à la tranquillité et au repos. Et puis, dans la rue, il sauve une femme des mains d’une brute, il ramène chez lui, l’inconnue va changer sa vie : elle affirme être une vache…

« Le sang des bêtes » de Thomas Gunzig. Au Diable Vauvert, 236 pages, 16 €.

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Rentrée littéraire d’hiver : «Auschwitz, ville tranquille» de Primo Levi

« Auschwitz, ville tranquille » de Primo Levi

Dix textes et deux poèmes rassemblés pour la première fois… Dix textes et deux poèmes pour l’indispensable devoir de mémoire, pour écrire pour témoigner encore et encore. Ainsi, nous est offert « Auschwitz, ville tranquille », un recueil signé Primo Levi (1919- 1987). Jeune Italien de 25 ans qui deviendra docteur en chimie, il est envoyé en camps de concentration en Allemagne en 1944.

Retour à la vie, il ne cessera d’écrire sur cette expérience concentrationnaire, il écrira en 1947 un texte essentiel sur le sujet, « Si c’est un homme », et cherchera à comprendre avant de mettre fin à ses jours. Témoin capital, dans les textes d’« Auschwitz, ville tranquille », l’auteur explore les différents moyens littéraires pour conter « l’inénarrable ». L’écriture est subtile, les mots sont nécessaires et rappellent combien Primo Levi a été un grand homme de vérité et de cœur…

« Auschwitz, ville tranquille » de Primo Levi. Albin Michel, 210 pages, 19 €.

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« Langue morte » d’Hector Mathis

Pour décor, un immeuble. Et un homme qui se poste face à cet immeuble, on apprend que ce fut celui de son enfance. Un drôle de rêve, on arrive Place d’Alsace avec le narrateur, c’est l’ouverture de « Langue morte », le troisième et nouveau roman d’Hector Mathis, 28 ans, remarqué hier pour « K.O. » et « Carnaval ».

La rêverie va mener le narrateur jusqu’à l’aube- celle d’une époque nouvelle. Auparavant, auront défilé les souvenirs- peut-être inventés car la mémoire qui est « un singulier petit arrangement. Une béquille à vivre ». Défilent la famille avec les parents, le frangin, la grand-mère Mie Joss, l’oncle Horace, les amours, les copains, la banlieue, les voyages, la galerie marchande avec « des téléphones, des magazines… De la lingerie coquine et du burger. Ça sentait la javel et le shampoing »« Langue morte », un enthousiasmant récit initiatique effectué à rebours.

« Langue morte » d’Hector Mathis. Buchet-Chastel, 258 pages, 17,90 €.



jean bernard pouy en attendant dogo

« En attendant Dogo » de Jean-Bernard Pouy

Il a créé le Poulpe et est réputé pour ne pas se prendre au sérieux. Certains rappellent qu’il est adepte de l’Oulipo, cet Ouvroir de littérature potentielle, et d’autres assurent qu’il est un maître du roman noir littéraire. Mieux : en cette rentrée d’hiver, Jean-Bernard Pouy se pointe à nouveau dans La Noire, la série du polar. Et notre auteur se pointe avec « En attendant Dogo », une sacrée belle réussite.

Du polar oui, mais du polar assaisonné à la sauce Pouy. Un régal. C’est tout simple, ça démarre comme un roman ordinaire, un roman de gare : une disparition, un peu d’essence et c’est parti avec Simone. Bon, on rembobine : Etienne est toujours en retard, c’est pour ça qu’on l’a surnommé Pogo. Mais cette fois, on l’attend depuis six mois. Panique de la famille. Services de recherche des disparus quasi inertes. Et voici Simone, la sœur de Pogo, qui se lance dans les recherches. Surchauffe en vue !

« En attendant Dogo » de Jean-Bernard Pouy. La Noire / Gallimard, 210 pages, 18 €.

evie wyld bass rock« Bass Rock » d’Evie Wyld

Trois femmes, Sarah, Ruth, Viviane, un même destin pour « Bass Rock », une étourdissante saga écrite par Evie Wyld, romancière britannique de 41 ans. On l’avait remarquée dès 2013 pour son premier roman, Après le feu, un murmure doux et léger, puis en 2015 avec Tous les oiseaux du ciel. Avec « Bass Rock », elle emmène lectrices et lecteurs dans un texte à trois temps.

D’abord, l’Ecosse superstitieuse du 18ème siècle avec Sarah- à 14 ans, elle est poursuivie pour sorcellerie et sauvée par le pasteur du village. Ensuite, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, Ruth se marie avec un vétéran de la guerre père de deux enfants et ressent vite un étrange malaise dans la maison. Enfin, au 21ème siècle naissant, Londonienne à la quarantaine fatiguée, Viviane retourne dans la maison de vacances de son enfance, elle y trouve des biens de son ancêtre Ruth. Trois femmes, un même destin  dicté par les hommes…

« Bass Rock » d’Evie Wyld. Actes Sud, 336 pages, 22,50 €.

Serge Bressan

 

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