Polars de l’été. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions tout en polar et thriller. On commence avec « La mère et l’assassin », le troisième roman d’Alexandra Echkenazi avec Saint-Malo pour décor sur fond de vengeance ; on enchaîne avec « La liste de l’écrivain » de Christophe Agnus qui s’affirme maître du thriller implacable, et on achève la semaine sur une île écossaise avec « Le tartan noir » de Gilles Bornais et son flic anglais qu’on retrouve pour la huitième fois.
ALEXANDRA ECHKENAZI : « La mère et l’assassin »
Pour décor, Saint-Malo, la cité des corsaires et de Chateaubriand. Au large, une pleine tempête, sur un voilier, une arme à la main, une femme (Morgane) tient dans ses bras le corps d’un homme (Glenn), lequel est soupçonné d’être le coupable de la disparition de sa fille (Océane), 17 ans. Dit ainsi, l’histoire de « La mère et l’assassin »– le troisième roman de l’écrivaine et scénariste Alexandra Echkenazi après « Le Journal de Mary » (2016) et « Le Joueur de baccara » (2017), semble limpide. Mais ne jamais se fier aux apparences…
Donc, quelques jours plus tard, la jeune capitaine de police Nina Kaminski prend le dossier après la sortie, pour vice de procédure, de l’homme qui a passé trois mois à l’ombre en détention provisoire. Rapidement, la policière pointe dans le dossier quelques incohérences… et un détail qui la trouble : la mère et la fille, semble-t-il, partageaient un grand intérêt pour cet homme, professeur de sport ? Etaient-elles rivales ? Et si cet homme était vraiment innocent, comme il l’assure depuis le début de l’affaire ?
Si l’intrigue peut dégager un goût de déjà vu, il n’en reste pas moins qu’Alexandra Echkenazi manie diablement l’art du rebondissement et déroule le récit d’une vengeance, des relations mère-fille et du désir avec subtilité.
- « La mère et l’assassin » d’Alexandra Echkenazi. Plon, 272 pages, 21 €.
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CHRISTOPHE AGNUS : « La liste de l’écrivain »
Il y eut « L’Armée d’Edward », soit l’entrée en littérature en 2022 pour Christophe Agnus avec un thriller fou à la sauce Michael Crichton. On le retrouve, en cet été 2023, avec « La liste de l’écrivain », encore un thriller- genre dans lequel il s’amuse allégrement.
L’affaire, toute simple, est résumée en quelques mots sur la couverture : de mystérieux tueurs terrorisent l’Amérique, seul un écrivain connaît leur secret… On allonge un peu : nous voilà en compagnie d’Otto Callac, meurtrier de son état. Sans se faire prier, il reconnaît ses crimes qui sont nombreux et sanglants. Bizarre, à la même époque, d’autres tueurs sévissent.
Une piste se fait jour : étrangement, tous ces meurtriers ont pour nom ceux de héros d’un auteur à grand succès, Edwin Lee. Lequel vogue sur son voilier en plein Atlantique en pleine tempête. Il interroge l’écrivain calé sur son voilier, lui demande : « Alors, pour vous, ils sont juste « sortis » de vos livres ? », lequel lui répond : « C’est évident, non ? »
Dès lors, Frank French, agent spécial du FBI, se lance dans l’enquête. Début d’une course contre la montre. Sauf que lui aussi, il va être pris dans la tourmente. Dans le piège. C’est haletant, une enquête, une quête menée sur un grand rythme par un auteur qui, une nouvelle fois, déroule un thriller implacable…
- « La liste de l’écrivain » de Christophe Agnus. Robert Laffont, 414 pages, 21,90 €.
GILLES BORNAIS : « Le tartan noir »
Il nous est apparu la première fois en 2001. Joe Hackney, flic anglais, était le héros du premier livre de Gilles Bornais : « Le Diable de Glasgow ». Vingt-deux ans plus tard, on le retrouve, c’est « Le tartan noir », huitième volume de la série. Cette fois, on est à Londres en 1893. Hackney, qui traîne toujours sa jambe plus courte et n’a pas arrangé son caractère sombre, fait le job, il enquête sur la mort d’un chef d’équipe des abattoirs d’Islington- son ami d’enfance est soupçonné.
Il va devoir se contenter de suivre à distance son enquête puisque Scotland Yard l’envoie en mission, direction l’île de Lewis et Harris, là-haut en Ecosse, là où trois hommes ont été tués dont un jeune sergent. La police locale n’est pas au niveau, Hackney va faire le boulot, aidé par Abigaïl, la veuve du sergent.
Décors sauvages, ambiance épaisse de brume, et aussi des personnages rivé.e.s au monde gaélique. L’inquiétant tavernier Gul, la druidesse bien allumée Bethsabée, d’autres pauvres hères… et Joe Hackney et Abigaïl lancés à la poursuite d’un meurtrier qu’on dit terrible et tout droit sorti des légendes des Hébrides. Maître ès polar parmi les meilleurs du genre en France, avec « Le tartan noir » à l’écriture sans effets superflus, Gilles Bornais nous fait don d’une nouvelle aventure tranquillement sanglante, diablement haletante.
- « Le tartan noir » de Gilles Bornais. Gaelis éditions, 394 pages, 17 €.
Serge Bressan