Livres. Premier temps fort de cette rentrée littéraire d’été : le nouveau roman de Mélissa Da Costa qui, en 2023, est passée devant Guillaume Musso au classement des auteur.e.s les plus vendu.e.s en France. Et avec « Tenir debout », ça va continuer !
« Tenir debout », le nouveau roman de Mélissa Da Costaqui fait l’événement de cette pré-rentrée littéraire d’été 2024
Mélissa Da Costa publie « Tenir debout », son nouveau roman (c) Pascal Ito En ouverture, les mots d’Elisabeth Kübler-Ross (1926- 2004), psychiatre helvético-américaine pionnière de l’approche des soins palliatifs pour les personnes en fin de vie : « Les gens sont comme des vitraux. Ils brillent tant qu’il fait soleil mais, quand vient l’obscurité, leur beauté n’apparaît que s’ils sont illuminés de l’intérieur ».
Le ton est donné avec, entre les mains, un livre-pavé d’un peu plus de 600 pages. C’est « Tenir debout », le huitième et nouveau roman de l’auteure française Mélissa Da Costa.
A 34 ans, elle est devenue, en janvier dernier, la numéro 1 du classement des plus importants vendeurs de livres en France- mieux : elle devance Guillaume Musso qui en a occupé la première place pendant douze années consécutives.
Mieux encore : la jeune femme qui vit avec mari et deux enfants en Vallée de Chevreuse était jusqu’alors, et comme quelques-unes de ses consoeurs dont Aurélie Valognes, Virginie Grimaldi et Raphaëlle Giordano, ignorée par la critique littéraire, celle qui fait et défait les réputations et est tenue par des « sous-commandants Marcos de Saint-Germain-des-Prés ».
Avec « Tenir debout », son nouveau roman qui fait l’événement de cette pré-rentrée littéraire d’été 2024, livre sur le handicap et du triptyque : aimer, tomber, se révéler, Mélissa Da Costa a droit aux courbettes de plume et aux honneurs (on ne dira pas qu’ils sont hypocrites, quoique…).
Marc Lévy avait été traité de la même façon jusqu’à son livre consacré à son grand-père haute figure de la Résistance pendant la Deuxième Guerre mondiale, qui fut honoré par « la papesse des livres » d’un grand quotidien parisien et invité d’une émission littéraire à la télé… Ainsi va le monde, ainsi va la vie…
Alors, comment expliquer ce revirement si favorable à celle qui bouscula les ventes en librairies et salons avec « Tout le bleu du ciel », « La Doublure » ou encore « Les Femmes du bout du monde », à celle qu’un critique parisien qualifia de « jeune romancière qui chamboule tout » ?
Roman écrit à deux voix, « Tenir debout » tourne autour de cinq personnages. D’abord, François Louvier, 42 ans, comédien connu et reconnu, à l’apogée de sa carrière, belle gueule, arrogant et sûr de lui- il dit : « J’étais le gars qui rassemble, celui autour duquel on gravite. Dans le système solaire, j’aurais été le soleil… » ou encore : « La réalité, c’est que je ne vaux rien tout seul. Sans une femme dans mon lit, qui m’admire, je ne suis personne ».
Et aussi Eléonore Lambray, 24 ans, étudiante en art, ouvreuse au théâtre deux soirs par semaine et maîtresse de François- elle dit : « Je n’avais pas besoin de douceur alors. J’avais besoin de feu, de glace, des morsures de François dans mon cou »…
Et puis Isabelle Louvier, 48 ans, metteuse en scène, épouse de François ; Antoine Moutard, le meilleur ami de François, et Camille, étudiante, ouvreuse au théâtre deux fois par semaine et amie d’Eléonore…
Entre François et Isabelle, ça ne fonctionne plus. Le divorce est leur seul avenir, d’autant qu’il la trompe avec Eléonore, quasi deux fois plus jeune que lui. Les deux amants vont s’installer ensemble- soudain, l’effroyable, l’anéantissement : l’accident est certes banal mais il va broyer François, tant physiquement que psychologiquement et humainement, le clouer dans un fauteuil roulant… L’amour fou entre les deux va-t-il résister à cet accident et à ses conséquences.
Mille questions surgissent, s’imposent : comment avoir envie de vivre, comment aimer quand on ne se sent plus un homme ? Comment s’accepter quand on est coincé dans un fauteuil roulant ? François : « Aujourd’hui, je suis Neptune, cette foutue planète inutile, loin des autres, à la marge, qu’on oubliera progressivement »…
Interrogée sur cette histoire d’un couple frappé par un drame, Mélissa Da Costa confie avoir écrit « un roman sur couple confronté au handicap, à une épreuve de la vie, et à la nécessité de se réadapter en permanence, à la difficulté de trouver sa place quand les équilibres se modifient… Comment ce couple qui ne repose que sur le désir s’en sortirait si tout à coup on lui enlevait ce qui fait son essence, le corps »…
Serge Bressan
- A lire : « Tenir debout » de Mélissa Da Costa. Albin Michel, 610 pages, 22,90 €.
Extrait
« Une éternité de nuits difficiles et de matins porteurs d’espoir. Ce sera toujours ainsi : il y a aura de l’obscurité, parfois, des envies de volets fermés, des cris contenus, mais il y aura aussi la lumière crépusculaire et les journées de printemps comme aujourd’hui. L’essentiel étant qu’au milieu de cette alternance on avance. Et on l’a fait tous les trois : grandir, grossir, se relever. Tenir debout… »