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Natalia M king revient avec l'album "Woman Mind Of My Own" (c) Philip Ducap

Interview. Née à New York, d’origine dominicaine, Natalia M King a sillonné les Etats-Unis avant de se produire dans le métro parisien dans un répertoire rock alternatif. Le 5 novembre dernier, elle a sorti  « Woman Of My Mind » un superbe album de blues, authentique et envoûtant. Outre ses compositions, elle s’approprie littéralement trois reprises dont un duo avec son compatriote Elliott Murphy sur « Pink Houses » de John Cougar Mellencamp.


Blues. Natalia M King : « J’ai longtemps marché sur le feu… »


D’origine dominicaine, née dans le quartier de Brooklyn à New York, Natalia M King a un parcours pour le moins atypique. Après des études de sociologie et d’histoire, elle a tout lâché pour parcourir les Etats-Unis, en bus et en stop, un carnet de notes en poche, à la manière de Jack Kerouac. Elle a ainsi enchaîné les petits boulots et a même embarqué à bord d’un chalutier en Alaska ! On la retrouve quelques années plus tard, dans les couloirs du métro parisien, la guitare en bandoulière, dans un répertoire rock alternatif. Remarquée par une major, elle enregistre au début des années 2000 un premier album « Milagro« . Puis « Furry & Sound », « Soulblazz », Bluezzin Til Dawn »...

Le 5 novembre dernier, elle a sorti son 7ème opus « Woman Mind Of My Own«  (mixé par Yves Jaget, produit et réalisé par Fabien Squillante). Accompagnée d’une solide section de musiciens, Natalia s’offre une authentique et envoûtante incursion dans le blues. Outre ses compositions, elle s’approprie littéralement trois reprises: « One More Try » de George Michael, « (Lover)You Don’t Treat Me No Good » du groupe Sonia Dada et « Pink Houses« , un titre de John Cougar Mellencamp dans lequel elle donne la réplique à son compatriote Elliott Murphy.

Rencontre avec une bourlingueuse qui, depuis quelques années déjà, a posé ses bagages en Provence, près d’Arles.

Comment définiriez-vous le titre de votre album ?

Natalia M King : Je dirais : femme libre, têtue, avec des convictions !

En évoquant votre période alternative vous avez dit que cela vous avait permis de cracher votre venin…

Natalia M King : A l’époque, j’avais des choses à prouver et d’autres à évacuer. Malheureusement, cela se fait souvent dans la colère. J’ai vécu toutes les étapes de l’adolescence à la quarantaine à 100%. Tout ce que j’avais à cracher, je l’ai fait. Aujourd’hui, à 52 ans, je me sens totalement sereine.



Vous avez également confié qu’il fallait apprendre à s’aimer…

Natalia M King : Je pense qu’on passe son temps à se chercher. Avec les expériences vécues, on comprend que le plus important, c’est d’apprendre à s’aimer. Cela permet de devenir responsable.

Comme Elliott Murphy avec qui vous faites un beau duo sur « Pink Houses », vous avez choisi de vous installer en France ?

Natalia M King : J’aime beaucoup la France. Je vis à côté d’Arles depuis un certain nombre d’années. Dès le matin, je peux entendre le chant des oiseaux, profiter de l’air et du soleil. Ce duo avec Elliott était un très beau moment de partage. C’est quelqu’un qui a énormément de talent.

Après avoir enregistré chez une major, vous avez opté pour un label plus « familial » ?

Natalia M King : C’est beaucoup plus personnel et spirituel. Chez Dixiefrog, j’ai le sentiment d’être en famille.

Dans « Woman Mind of My Own« , vous alternez les ballades et des morceaux plus musclés?

Natalia M King : C’est à l’image de la vie qui n’est pas un long fleuve tranquille ! Mon parcours s’apparente parfois aux montagnes russes. J’ai traversé des périodes difficiles, j’ai même fait un break de plusieurs années, entre deux albums, pour me ressourcer. Il faut souvent toucher les profondeurs pour remonter à la surface et respirer.

La chanson « Aka Chosen » est un vibrant plaidoyer pour la tolérance et le droit à la différence. C’était important pour vous de l’écrire ?

Natalia M King : La  sociologie et les voyages m’ont permis de comprendre la façon de réagir des gens, en fonction du contexte, de leur culture, de leurs croyances. Cela empêche de juger. Dire que c’était important de l’écrire, je ne sais pas. C’est comme le fait d’ouvrir une bouteille de Châteauneuf-du-Pape de 2008. On ne peut pas dire que c’est important ou nécessaire, mais qu’est-ce que ça fait du bien !

Le blues, c’est un retour aux racines ?

Natalia M King : Il y a des rites de passage avant d’atteindre le but. J’ai longtemps refusé d’appartenir à une filiation, de croire aux soi-disant traditions socio-ethniques. Aujourd’hui, je peux dire que c’est le blues qui m’a adoptée. On ne se dit pas un jour, tiens et si je faisais du blues ? En ce qui me concerne, le bus a un peu traîné, il s’est arrêté plusieurs fois et, là, je suis arrivée exactement au point où je voulais être.



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Natalia M King « Je suis à la recherche du graal » (c) Philip Ducap

Vous avez fait au passage quelques détours par le jazz ?

Natalia M King : Oui, notamment avec l’album « Soulblazz« . J’ai eu la chance de travailler avec de grands musiciens comme le saxophoniste Pierrick Pedron et le trompettiste Stéphane Belmondo. Le jazz m’a permis d’arriver au portail. Il fallait juste le pousser un peu pour toucher au blues. J’aime bien cette expression: la fille prodige est retournée à la maison !

Vous semblez apaisée aujourd’hui ?

Natalia M King : J’ai longtemps marché sur le feu. Maintenant, je suis à la recherche du graal. J’ai le sentiment que c’est le bon moment et le bon album pour ça…

Entretien réalisé par Annie Grandjanin


  • Album « Woman Mind Of My Own » (Dixiefrog), CD et vinyle, disponibles depuis le 5 novembre 2021


 

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