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Gérard Pont quitte ses fonctions de directeur des Francofolies, mais reste Président du festival de La Rochelle (c) © Gaizka Iroz / AFP

Gérard Pont/Interview. Le public a été au rendez-vous des 40e Francofolies qui ont connu un succès de fréquentation grâce à une programmation exceptionnelle, avec notamment, les concerts de Sting et de Jean-Michel Jarre. L’occasion pour We Culte d’aller à la rencontre de Gérard Pont, dont c’était la dernière édition en tant que directeur de l’événement. Après 20 ans à la tête des Francos, il reste Président du Festival qui sera désormais dirigé par un tandem de co-directeurs, Emilie Yakich et Dimitri Gavenc. Parmi ses nombreux projets, il annonce l’ouverture en septembre d’une école dédiée aux métiers du spectacle et sa volonté de créer une radio Francofolies. Il continuera par ailleurs à produire des documentaires, séries et fictions au sein de Morgane Production, société audiovisuelle actionnaire majoritaire des Francofolies.

Que retenez-vous des 40e Francofolies dont la programmation a été particulièrement exceptionnelle ?

Gérard Pont : Ce que je retiens, c’est que cela a été succès de fréquentation. Le public était au rendez-vous avec 90 000 entrées payantes. Et on a vu des spectacles formidables, Sting, Jean-Michel Jarre, Alain Souchon, Etienne Daho, Clara Ysé, Zaho de Sagazan, qui a commencé ici. On a vu Renaud qui a assisté à de nombreux concerts dans la semaine, des artistes improbables comme Jacques… Il n’y a aucun autre festival comme celui-là où l’on demande à des artistes de se déplacer de toute la France pour venir interpréter juste une chanson, comme Calogero, Bertrand Belin, Daniel Auteuil pour la création de Gaëtan Roussel.

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Gérard Pont sur la grande scène Jean-Louis Foulquier des Francofolies (c) Document photo Gérard Pont

C’est votre dernière édition. Vous devez être très ému après 20 ans à la tête du festival !

Gérard Pont : C’est encore très confus dans mon cerveau (rires). C’est à la fois un soulagement parce qu’un festival comme les Francofolies, c’est une grosse pression et une peur du vide. Même si je reste Président des Francofolies, je sais à quel point cela fait briller les yeux quand on dit qu’on est responsable des Francos. Je vais perdre un peu de cette lumière-là. Je ne sais pas comment je vais le vivre, vraiment.



On imagine que le choix de quitter vos fonctions n’a pas été facile à faire…

Gérard Pont : Non, mais je pense que c’est bien de le faire. J’ai fait 20 ans, j’ai gardé l’esprit de Jean-Louis Foulquier et en même temps, j’ai changé beaucoup de choses. Je pense qu’on est au bout et qu’il faut remettre tout en question. Et ce n’est pas moi qui peut le faire. Je sens qu’il y a un changement du comportement des gens. C’est difficile à exprimer de manière concrète, mais il y a peut-être une fin des festivals. Je ne sais pas si c’est lié aux Jeux  Olympiques, au contexte… Peut-être que c’est temporaire ou que c’est beaucoup plus que cela. Ce sera à la nouvelle équipe de trouver des idées. Quand, j’ai fait Elixir en 1979, il n’y avait qu’un seul festival en France et il n’y avait pas d’artistes qui tournaient l’été. Aujourd’hui ils se sont multipliés et c’est devenu la vache à lait du business, avec des rassemblements de plus en plus grands, des cachets de plus en plus importants… En même temps, on constate qu’il y a toute une génération qui aime mieux aller voir son artiste préféré durant 3 heures avec le vrai show plutôt que de voir un spectacle au format condensé en festival. Je sens que les choses changent. Ce n’est pas un hasard si tous les festivals disent qu’ils ont des difficultés, et ce n’est pas qu’en France. Il faut réfléchir à tout cela.

Emilie Yakich et Dimitri Gavens vont vous succéder. Pourquoi avoir choisi un tandem de co-directeurs?

Gérard Pont: Cela ne veut pas dire qu’il y a besoin d’être deux pour me remplacer (rires). Je ne me voyais pas nommer quelqu’un de l’extérieur car l’équipe est vraiment soudée, formidable, je ne voulais pas que quelqu’un casse cette famille. Et je trouvais légitime que ce soit les gens en place qui montent dans la hiérarchie, si je puis dire. On en a parlé et c’est quelque chose qui leur convenait.



Vous avez rappelé récemment que lorsque vous avez repris le festival en 2004 à la suite de son fondateur Jean-Louis Foulquier, beaucoup de gens ont été suspicieux envers vous et s’interrogeaient sur l’avenir du festival. Cette période a-t-elle été un handicap pour vous ?

Gérard Pont : Certainement. Jean-Louis Foulquier avait promis à Didier Varrod qui était très amis avec les artistes, qu’il reprendrait le festival et il l’a écarté après avoir lui avoir fait des promesses. Donc, beaucoup de gens me suspectaient et pensaient que ce licenciement était le fait du businessman Gérard Pont. Cela a été une période très dure, mais en même temps un moteur, sur le mode : « vous pensez que je suis comme cela, je vais prouver que je suis totalement l’inverse et que je suis totalement désintéressé contrairement à ce que vous croyez».

Je suis producteur de télévision et on sait que la réussite est toujours condamnée en France. Ce n’est que lorsque j’ai annoncé que j’allais partir, que les gens ont commencé à réaliser que j’étais vraiment désintéressé. Heureusement, il y a eu des gens du métier et des producteurs, parmi les meilleurs, qui m’ont fait confiance et m’ont suivi et je les remercie sincèrement, comme Bernard de Bosson, Lilian Goldstein de la Sacem ou Gérard Davoust. L’argent ce n’est pas mon moteur, c’est mon essence. Nous  l’avons investi dans le Chantier des Francos, Franco Educ pout les enfants, les Folies littéraires, les Francos gourmandes… Tous ces événements gratuits, on ne pourrait pas les faire sans la générosité de ce festival.

Quels sont vos projets ?

Gérard Pont : On va ouvrir en septembre, à La Rochelle, une école d’organisation des métiers du spectacle, cela concernera la billetterie, la communication, le droit du travail, les contrats etc… Je viens également de déposer un dossier à l’Arcom pour obtenir l’autorisation de faire une radio Francofolies, une radio francophone qui bénéficiera de la norme de diffusion numérique DAB+. Il y aura des émissions, des archives, des concerts, des tubes bien sûr, mais aussi les faces B d’artistes.

Pour ce qui est de Morgane Production (société de productions audiovisuelle), je vais continuer à faire des documentaires comme Abers Road, et des séries et fictions. A la direction de la télévision, j’ai nommé Sylvain Plantard, au Printemps de Bourges, Boris Vedel, il y avait les Francofolies que je portais moi-même, mais je resterai président, en relation avec Emilie Yakich, Boris et Sylvain. Je pense que c’est bien que j’arrête mes activités aux Francos, tout en gardant d’autres fonctions. J’aime la musique. J’aurai plus de temps pour aller voir des concerts dans des festivals aux Etats-Unis ou en Angleterre. A Noël, je suis allé à Nashville. Je vais pouvoir me faire plaisir ! (rires).

Entretien réalisé par Victor Hache

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