35ème Fête de la musique par Victor Hache. Contrainte d’annuler des concerts pour raisons de sécurité liées à l’Euro de foot et à l’état d’urgence, la traditionnelle manifestation musicale du 21 juin va faire la fête dans un contexte très sombre.
Entre l’Euro de foot, la menace terroriste et l’état d’urgence, la Fête de la musique s’adapte comme elle le peut. Au point que la 35e édition enregistre des annulations de concerts et des reports, comme à Marseille où la traditionnelle manifestation du 21 juin a été repoussée au 23 juin à cause du match Ukraine-Pologne qui a lieu ce soir et de ses risques d’incidents. Drôle d’ambiance. La Fête, dont le thème cette année est « la musique plus forte que… » tout ce qui pourrait nous diviser, subit les dommages collatéraux d’un contexte sombre et sécuritaire qui l’oblige à bouleverser certains spectacles prévus.
Ainsi à Paris, le grand concert de la place Denfert-Rochereau, qui chaque année depuis 1988 réunit près de 15 000 personnes, est annulé en raison de la « mobilisation importante des forces de sécurité intérieure pour la protection des stades et des fan-zones (rencontre ce soir de l’Irlande du Nord et de l’Allemagne au Parc des Princes – NDLR). Le concert a fait l’objet d’un avis défavorable de la préfecture de police de Paris après une étude du dispositif de sécurisation nécessaire au bon déroulement de cet événement », a indiqué Ricard SA Live Music, organisateur du concert avec le Fair (dispositif de soutien au démarrage de carrière de jeunes artistes). Les amoureux de musique ne verront donc pas Radio Elvis, Cotton Claw, Kid Wise et I Am Stramgram, qui devaient se produire sur cette scène.
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« On est triste parce qu’on a toujours envie de servir ce qu’on a construit et concocté à travers un programme culturel comme celui-là, observe Pascal Creusot, responsable des événements chez Ricard SA Live Music. Mais il y a une sagesse à avoir au regard des réalités de la vie, si on a une interrogation sur la sécurisation de l’événement. »
Reste qu’en ce premier jour de l’été (d’automne ?), nous serons des milliers à descendre dans la rue et à investir les terrasses de café où, le temps d’un soir, on tentera de retrouver le sourire, sous un ciel qui, on l’espère, ne nous arrosera pas. Car la Fête de la musique a cette grande vertu d’inviter au partage des cultures et d’ouvrir nos oreilles à tous les styles musicaux sans distinction qui envahiront les villes. Chanson, rock, rap ou classique, la musique sera partout dans un pays où l’on recense plus de 6 millions de personnes qui pratiquent régulièrement une activité musicale en amateur.
Un formidable moyen d’affirmer notre désir de vivre ensemble
Ce soir on partira à la découverte des centaines de rassemblements gratuits programmés sur tout le territoire. À l’image de la Nuit boréale (esplanade des Invalides à Paris) qui promet un voyage sonore en compagnie de la nouvelle scène musicale canadienne, où se produiront Half Moon Run, Busty and The Bass, Philémon Cimon, Wesli, Les Hôtesses d’Hilaire et Princess Century. On ne manquera pas non plus la première édition de Campus monde en musiques, où seront célébrées « la diversité, l’attractivité et la tradition d’accueil » des 3 000 étudiants étrangers inscrits chaque année dans les campus de France. La promesse de moments festifs sur fond de chorales, fanfares, folk, harmonies, jazz, etc. Tandis que sous les fenêtres du ministère de la Culture, dans les jardins du Palais-Royal, la chanson pop sera à l’honneur avec Marvin Jouno à l’occasion de la sortie de son premier album,Intérieur nuit, et Raphaëlle Lanadère. À Paris, en banlieue, en province, à l’étranger où elle est présente dans plus de cent pays, la Fête de la musique sera un formidable moyen d’affirmer notre désir de vivre ensemble. On ne le dira jamais assez, la musique est l’une des meilleures armes pour lutter contre la violence et les haines qui gangrènent le monde. Alors, plus que jamais, « faites de la musique » !