Musique/Interview. Après « Rebirth », son premier album solo, le virtuose trompettiste Ludovic Louis a enregistré le lumineux et festif « If Everything Is Written » avec une solide section de musiciens et la complicité de Rossy de Palma et Gail Ann Dorsey. À découvrir sur la scène de La Maroquinerie, le 7 octobre prochain.
Nommé par le magazine JazzMag parmi les trois trompettistes français de jazz de l’année en 2022, Ludovic Louis a joué auprès de Jimmy Cliff, Florent Pagny, Christophe Maé, Slimane, Kanye West, The Black Eyed Peas… sans oublier Lenny Kravitz avec qui il a collaboré durant dix ans. Il a également fait ses débuts d’acteur dans le rôle de Ludo, trompettiste d’un club de jazz pour la série Netflix « The Eddy » et participé à la BO du film « Babylon » de Damien Chazelle.
Après un premier album solo intitulé « Rebirth » (2021), unanimement plébiscité par les critiques, il a enregistré « If Everything Is Written« . Un second opus lumineux et festif, qui, entre sonorités funk, jazz, soul et afro-beat, célèbre le retour à des choses essentielles comme l’amour, le partage, le temps qui nourrit… Avec la complicité vocale de Rossy de Palma , sur le texte en français « Le temps » et Gail Ann Dorsey (la bassiste attitrée de David Bowie) pour le titre phare.
Rencontre avant son concert parisien, à la Maroquinerie, le 7 octobre prochain.
Qui est le petit garçon sur la pochette de l’album ?
Ludovic Louis : C’est moi. Elle a été prise le jour de mon baptême. Je ne sais plus si elle m’a été confiée par ma mère ou ma sœur, mais je trouvais qu’elle illustrait bien le titre et le propos du disque.
A quel moment avez-vous décidé de vous lancer en solo ?
Ludovic Louis : J’avais joué dans quelques clubs et j’ai senti qu’il était temps de sortir ma musique. Mon premier album « Rebirth » marque donc ma naissance d’artiste en solo.
Vous y rendiez notamment hommage à la Martinique dans le titre « Madinina » ?
Ludovic Louis : J’ai grandi au Havre et je me sens aussi normand que martiniquais ! Je suis fier de mes origines. Aux Antilles, la musique tient une place importante.
Comme dans votre famille ?
Ludovic Louis : Mon grand-père était violoniste et mon père est pianiste amateur. A la maison, on écoutait du jazz, de la soul, de la musique antillaise… Mes parents m’ont toujours encouragé et soutenu mais le deal était clair: « le bac d’abord ! ».
Dans une interview, vous avez dit que Lenny Kravitz avait forgé votre manière de travailler…
Ludovic Louis : C’est vrai. Je l’ai côtoyé et observé au quotidien. Nous avons travaillé ensemble sur 3 albums et 3 tournées. A ses côtés, j’ai développé une certaine exigence. La sienne était incroyable. Pour lui, chaque détail avait son importance, notamment en ce qui concernait l’aspect scénique.
Grâce à lui, vous avez vécu un moment assez magique à Las Vegas ?
Ludovic Louis : C’était tellement improbable ! Comme je jouais dans son groupe, nous nous sommes retrouvés sur scène avec deux légendes: Muhammad Ali et Quincy Jones. J’étais sur un praticable et ce dernier m’a fait signe pour m’inviter à jouer un solo avec lui. J’étais dans une autre dimension. A la fin, il m’a serré la main et j’ai pleuré d’émotion. Quant au regard de Muhammad Ali, il m’a fait penser à celui de mon grand-père. Il n’avait jamais eu l’occasion de me voir sur scène et j’ai eu l’impression de jouer pour lui, trente ans plus tard.
Comment avez-vous persuadé Gail Ann Dorsey de se joindre à vous sur l’album ?
Ludovic Louis : C’est une amie. Elle a profité d’une journée off sur la tournée de M. pour venir poser sa voix sur le titre « If Everything Is Written« .
L’album est résolument positif mais on perçoit tout de même quelques accents mélancoliques, non ?
Ludovic Louis : En fait, lorsque je l’ai conçu, j’étais un peu « down » car j’avais traversé des moments difficiles. Du coup, j’ai voulu rappeler que la vie est belle. L’idée était de faire des morceaux festifs que chacun pourrait reprendre.
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant votre prochain concert parisien ?
Ludovic Louis : Je suis impatient car la scène est l’endroit où je me sens le mieux. Cela permet une communion immédiate avec le public. D’autant plus qu’à La Maroquinerie, tout le monde est déjà debout !
Entretien réalisé par Annie Grandjanin
- Album « If Everything Is Written » (Ludo Louis Productions/L’Autre Distribution)
- En concert, le 7 octobre 2024, à 19h30, à La Maroquinerie, 23, rue Boyer, 75020 Paris.
Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur : annieallmusic.com/