Musique/Interview. Compositeur et percussionniste d’origine argentine, Minino Garay vient de sortir « Speaking Tango ». Un bel album qui mêle poésie chantée (inspirée du fameux Spoken Word, ancêtre du slam), jazz, improvisations et rythmiques de son pays. À ses côtés une impressionnante formation de musiciens: André Ceccarelli, Pipi Piazzolla (fils du légendaire Astor), Jean Marie Ecay, Hernan Jacinto, Magic Malik...
Minino Garay, percusionniste argentin roi du « Speaking Tango »
Compositeur et percussionniste natif de Cordoba en Argentine, Minino Garay a notamment joué auprès d’artistes comme Dee Dee Bridgewater, Mercedes Sosa, Christophe, Benjamin Biolay, François Béranger, Richard Galliano, Nilda Fernandez… Et, depuis sa rencontre avec la poétesse et chanteuse Dana Bryant, il cultive une véritable passion pour le Spoken word. De la poésie chantée sur fond de beat et d’improvisations instrumentales, considérée comme l’ancêtre du slam.
Un mouvement qu’il a transposé à sa « sauce » en y mêlant son goût pour le jazz et les traditions rythmiques argentines, sous le nom de « Speaking Tango ». C’est d’ailleurs le titre choisi pour son nouvel album, enregistré entre Paris et Buenos Aires avec de prestigieux musiciens: le batteur André Ceccarelli, le batteur Pipi Piazzolla (petit-fils du légendaire Astor), les guitaristes Jean Marie Ecay et Emmanuel Codjia, le pianiste Hernan Jacinto, Magic Malik à la flûte traversière et au chant, Christophe Wallemme et Flavio Romero (contrebasses)…
Onze titres qui parlent d’amour, de politique, de la vie de tous les jours, qu’il interprète d’une voix tour à tour forte ou caressante. Rencontre avec le plus parisien des artistes argentins, qui vit dans la capitale depuis une trentaine d’années.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le « Speaking Tango » ?
Minino Garay : Il y a une vingtaine d’années, j’ai commencé à mettre un ou deux titres de poésie parlée sur chacun de mes albums. Celui-ci est entièrement dédié au Speaking Tango. Il y a des textes parfois anciens comme « No Son Los Muertos », du poète espagnol Gustavo Adolfo Bécquer, qui date du 19ème siècle ou celui de l’argentin Baldomero Fernandez Moreno « En Lo Mas Profundo de Ella ». Des textes plus récents d’auteurs comme Adriana Cattanio ou Eduardo Torezani. Après, je les sors un peu de leur contexte et je les « musicalise » en improvisant sur des rythmes de tango et de jazz, avec quelques onomatopées. J’ai moi-même co-composé et co-écrit quelques titres.
Vous avez notamment travaillé avec une poétesse qui vous est chère ?
Il s’agit de ma mère Nury Taborda. C’est une littéraire. Elle a été professeur à l’université. Elle m’a fait découvrir un certain nombre de poètes. Elle a écrit deux textes et nous avons travaillé ensemble sur trois autres titres. Elle a même co-signé « Boca con Boca » avec ma compagne Alex Pandev qui fait aussi des voix sur l’album.
Vous avez aussi créé un groupe de percussionnistes ?
Oui, les Frapadingos. Ce sont des musiciens qui viennent de différents pays. J’aime mélanger les genres, casser les codes. Je me suis auto-proclamé DJ de cultures. Je donne le tempo, la pulsation. L’un démarre avec un truc de son pays, un autre enchaîne et tout s’articule. Je vais prochainement aller voir Bartabas. J’aimerais bien faire quelque chose avec lui.
Pour « Speaking Tango » vous avez réuni la fine fleur des musiciens ?
Je vais toujours chercher des gens que j’admire. J’ai besoin de solidité. André Ceccarelli par exemple a changé ma vie. A la suite d’un article sur mon premier album, il m’a appelé pour jouer sur le sien.
Vous aurez quelle formation pour vos prochains concerts au Sunside ?
Le 24 mars, je serai avec Manu Codjia, Cédric Hanriot et Christophe Wallemme, le 25 mars avec Jean Marie Ecay, Cédric Hanriot et Pato Lisboa et le 26 mars, toujours Cédric et Christophe avec Lionel Suarez. Je vais également jouer quelques titres de mon album à la Philharmonie de Paris (le 21 mai), dans le cadre d’un week-end tango.
Faire des percussions tout en chantant, ce n’est pas un peu compliqué ?
Je continue à travailler tous les jours. La difficulté est de jouer en évitant que la voix tremble.
Avec cet album, vous donnez une image plus contemporaine au tango que certains jugent un peu désuet, non ?
C’est vrai que ce projet est hybride. Moi, si je m’ennuie, je me dis que le public va s’ennuyer aussi. J’espère toucher les jeunes générations, comme j’aurais aimé qu’on vienne me chercher lorsque j’avais vingt ans…
Entretien réalisé par Annie Grandjanin
- Album « Speaking Tango » (SunnySide Records/Socadisc)
- En concert : les 24, 25 et 26 mars 2022, à 20h30, au Sunside, 60, rue des Lombards, 75001 Paris. Tél.: 01.40.26.46.60. et le 21 mai 2022, à 20h30 (dans le cadre du programme « Week-end tang o ») à la Philharmonie de Paris, 211, av. Jean-Jaurès, 75019 Paris. Tél.:01.44.84.44.84.
- En tournée : du 10 au 18 avril 2022 au Mexique et du 20 au 30 avril 2022 au Cameroun.
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