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Rodolphe Burger. Photo Ben Pi

Musique. L’ancien leader du groupe Kat Onoma Rodolphe Burger revient avec « Environs », son 8ème album solo. Un opus au registre libre, rêveur, poétique et éclectique, où se mêlent rock underground, blues, reggae et lieder de Schubert…

« Environs » est une machine à voyager au tempo lent fait de visions fugitives, où mots et musiques inventent des paysages abstraits. Rien ici est explicite, tout est suggéré pour mieux laisser courir l’imagination

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Rodolphe Burger. Photo © AFP / Joël Saget

Rodolphe Burger vit à Paris mais il revient sans cesse vers son Alsace natale et son studio d’enregistrement emménagé dans une ferme à Sainte-Marie-aux-mines (Haut-Rhin), où il a créé le festival de musiques actuelles « C’est dans la vallée ». C’est là qu’est né « Environs », son 8ème album solo. Un opus où il laisse vagabonder son imaginaire, dérivant sur les routes d’une ancienne carte de la région de Colmar trouvée aux puces de Clignancourt, offerte par un ami, le musicien Fred Poulet. Les environs, l’ex-leader du groupe Kat Onoma, les a si souvent parcourus qu’il pourrait pointer du doigt chaque lieu les yeux fermés.

Toutes les émotions de jeunesse de Burger se situent-là, au cœur de la vallée des Vosges, où ses 14 nouvelles chansons dessinent des tableaux imaginaires faits de rêverie et de poésie introspective.

On se laisse alors guider par la voix grave et le parlé-chanté rappelant Bashung de Rodolphe Burger qui s’aventure dans des contrées aux sonorités tour à tour minimalistes, amples et profondes où se mêlent guitares et synthétiseurs, dans lesquelles on se plonge avec bonheur. Un répertoire très libre où l’on passe sans transition du blues aux rock underground, du reggae à un lieder de Schubert. Il y avait-là un risque d’incohérence. Mais chez Burger, tout prend sens, on ne sait par quelle magie.

Un registre interprété en français, en anglais ou en Allemand, où l’on croise les fantômes, artistes, musiciens, poètes qui ont pétri cet ancien professeur de philosophie : Verlaine, Wilhelm Müller, Georg Büchner ou Bruce Chatwin… Une topographie personnelle qui s’ouvre par « Bleu Bac », sur un texte de la poétesse Myriam Boisaubert. On enchaîne avec la romantique et amoureuse « Valse Hésitation » précédent « Parfumé d’elle », référence au poème de Verlaine « Le piano qui baise une main frêle ».

On s’évade sur « Le chant des pistes » du chanteur-guitariste en compagnie des chœurs de Bertrand Belin et de Sarah Murcia : « Voici le chant des étoiles/Car nous sommes nous-mêmes des étoiles » chante-t-il, regard tourné vers la beauté cosmique. Bertrand Belin dont on retrouve la voix funambule dans « Les danses anglaises » et dans« Lenz II ». Il y a également quelques belles reprises de Sam Cook (« Lost and Lookin »), Grant Buffalo (« Fuzzy »), Can (« Mushroom ») et The Jamaicans (« Ba ba boum Time »).

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Pochette de l’album « Environs » de Rodolphe Burger

« Environs » est une machine à voyager au tempo lent fait de visions fugitives où mots et musiques inventent des paysages abstraits. Rien ici est explicite, tout est suggéré pour mieux laisser courir l’imagination. Un retour aux racines de ce qui a construit Rodolphe Burger, qui s’achève par « La chambre », chanson fragile et tendre reprise de Kat Onoma, où plane la voix féminine du regretté Christophe.

Texte Victor Hache

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