Playlist We Culte. La romance du sentimental Philippe Campion, le groove hip hop de la montréalaise Marilyne Léonard, la pop délicate de Cécile Hercule et l’univers jazzy de la flamboyante galloise Judith Owen… Quatre artistes à suivre, qui sont au programme de notre sélection cette semaine.
Playlist We Culte : nos quatre coups de coeur de la semaine
Philippe Campion : «Éternel été » (Tôt ou Tard -sortie 3 juin)
Sortir son premier album à 30 ans, quel plus beau cadeau ? Avec « Éternel été », Philippe Campion, nous émeut dès le premier titre « Ces années-là ». Une chanson-passion qui donne le « la » de cet opus tout entier dédié à l’être aimé. Un disque né d’une rencontre inoubliable que ce jeune auteur-compositeur-interprète raconte au travers de onze morceaux qui vont droit au cœur. Un registre teinté de nostalgie qui parle d’amour, de souvenirs, de regrets, de manque, de bonheur perdu et d’espoir que tout recommence un jour.
Philippe Campion pleure sur cette période qui a rempli son existence comme jamais et il nous dit en quoi elle fut tellement importante pour lui. Une romance qui aurait pu être ridicule. Au contraire, on y croit et elle nous emporte grâce à des chansons émouvantes et sensibles aux accents de variétés des années 1970, entre orchestre à cordes et piano. Autant de lettres et de messages envoyés dans l’océan des mots (maux) bleus, comme aurait dit Christophe, d’un chanteur qui n’a pas peur de mettre son âme à nu. Avec en prime, une voix qui s’envole sur des mélodies romantiques à la Michel Legrand. Un artiste qui ose chanter, c’est tellement rare aujourd’hui que cela fait un bien fou !
Marilyne Léonard : « Vie d’ange » (Audiogram)
Marilyne Léonard est originaire de Montréal. Ancienne candidate du télécrochet « La Voix », équivalent québécois de The Voice, la chanteuse de 21 ans, débarque avec une mixtape (compilation de chansons), dans laquelle elle évoque sa vie un peu cabossée. Avec « Vie d’Ange », elle impose son style sans détour, avec un zest de désinvolture dans la voix et l’interprétation.
Un album de huit titres (« Seule », « Vie de rêve », «Quand tu parles »…) au groove hip-hop traînant, qui s’ouvre par « Mirage » et ses formes floues, sur fond de sentiment amoureux . Dans « La foule », elle parle de ses relations avec son amie (/t’es la seule que j’vois dans la foule/ ») et dans « Honey », il est question de rupture: «C’est une sorte d’introspection, de journal intime. J’écris des chansons pour me vider la tête, pour parler de ce que je vis, de la manière dont je le vis et comment je ressens les émotions » confie-t-elle.
Il y a aussi « Neuf à Cinq » où Marilyne se livre de manière émouvante et sincère. Mais c’est avec l’efficace « Bateaux», qu’elle nous cueille et nous entraîne dans son monde où elle évolue entre moments de joies et de spleen qui coulent dans ses veines: « /Ça fait 3 bateaux, bateaux qui prennent l’eau/Chaque fois j’ai l’impression d’un déjà-vu /Mon flow comme un pansement sur la peau/C’est bon mais ça ne fait que cacher les blessures /». « Vie d’Ange » est un opus rempli d’émotions et de bleus à l’âme : un mix qui agit comme un baume.
Cécile Hercule : « Perdue au milieu » (Label Diff 43 -sortie 3 juin)
Dans le nouvel et troisième album de Cécile Hercule, la poésie et le romantisme se conjuguent avec une belle harmonie. Il y a de la neige qu’on regarde tomber du ciel parisien, des notes de solfège, des parfums de jasmin aussi que l’on croisent au détour d’un duo aussi léger que délicieux avec Tim Dup. Un disque qui séduit par ses climats doux et l’humour un brin décalé de son interprète qui nous fait voyager entre spleen gainsbourien, écriture délicate et mélodies pop accrocheuses : un monde où se mêlent littérature et cinéma.
La chanteuse originaire de Lyon aime les aventures collectives (elle a fait partie de Mickey 3D, le groupe de Michaël Furnon) et le partage. A preuve « Le Silence » interprété avec Ours ou encore «Et toi tu m’aimes » chanté avec Oldelaf sur fond de ukulélé. Autant de chansons à textes émaillées de pensées mélancoliques qui invitent à rêver, où elle fait part de ses sentiments avec délicatesse. Un opus sensible et joueur qui pourrait bien être celui de l’envol de Cécile Hercule.
Judith Owen : «Blossom’s Blues » (Twanky Records)
Quatre ans après « Rediscovered », Judith Owen est de retour avec «Blossom’blues ». Un titre-clip très jazzy, réhaussé d’une délicate touche de swing, prélude à son nouvel album « Come On & Get It » (à paraître le 16 septembre prochain), enregistré à la Nouvelle-Orleans où elle réside une partie de l’année.
Auteure-compositrice-inerprète et pianiste, la flamboyante chanteuse galloise aime voyager dans les chansons des autres, au coeur d’ambiances vintage. D’où un répertoire qui rend hommage aux musiciennes des années 1940-50. Une collection de chansons jazz et blues qu’elle dévoilera à la rentrée, où elle revisite les univers des chanteuses américaines Nellie Lutcher, Julia Lee, Blue Lu Barker, Dinah Washington, Dinah Shaw ou Peggy Lee. A découvrir en live le 7 juillet prochain à Paris, au We Are et à la rentrée au Duc des Lombards.
Victor Hache
