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Les livres de la semaine : Sylvie Germain publie "La puissance des ombres ", un roman de l’humanité en faillite. (photo) TADEUSZ KLUBA

Livres We Culte. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions : on commence avec la toujours impeccable Sylvie Germain pour un roman de l’humanité en faillite ; ensuite, on s’envole avec Olivier Norek jusqu’au large des côtes du Canada, sur l’île et les glaces de Saint-Pierre, et enfin, on se glisse avec Patricia Reznikov dans les pas d’Alicia, jeune fille puis femme qui réécrit l’histoire d’Alice au pays des merveilles… A toutes et tous, bonne lecture !


Les livres de la semaine : Sylvie Germain, Olivier Norek, Patricia Reznikov


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Les livres de la semaine : « La puissance des ombres » de Sylvie Germain

SYLVIE GERMAIN : « La puissance des ombres »

Ce pourrait être une farce… Puis un drame, et tout se terminerait dans un rachat magnifique. Ce pourrait être, c’est tout simplement « La puissance des ombres », le nouvel et indispensable roman de Sylvie Germain, 68 ans et plus de trente livres sur son CV (parmi lesquels « Jours de colère »– 1989, prix Fémina, ou encore « Magnus »– 2005, prix Goncourt des lycéens). Au fil du temps, elle bâtit une œuvre entre littérature et philosophie, entre roman et essai- toujours impeccable.

Là, ça commence avec un bal masqué sur la thématique du métro, genre « Zazie dans le métro » placé sous la surveillance de Blaise Pascal et Georges Bernanos entre embrouillement, gloire et rebut de l’Univers, douleur ou encore source impure. C’est la fête, ce sera un drame avec un personnage, Gaspard, qui tombe du balcon du cinquième étage. Quatre mois plus, l’un des fêtards, Cyril, est tombé dans une rue en escalier- coma, mort…

Un jeune homme nommé Sylvain Leusendre est mêlé à ces morts. Enfant, il a tout perdu : ses parents, sa petite sœur victime d’un rapt. Il vit sans éclat avec un chat nommé Hibouchat- on lit : « À force d’avoir été reléguée dans le silence, privée de mots, cette souffrance s’était cristallisée en une pointe dure et pure comme du diamant noir ». « La puissance des ombres », c’est le grand roman de l’humanité en faillite, coincée à jamais entre sentiments troubles, vieux chagrins, honte et rancœurs… Un roman délicieusement noir et gluant.

« La puissance des ombres » de Sylvie Germain. Albin Michel, 226 pages, 19,90 €.



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Les livres de la semaine : « Dans les brumes de Capelans » d’Olivier Norek

OLIVIER NOREK : « Dans les brumes de Capelans »

Dans le monde francophone des livres, il bénéficie d’un beau statut : à 46 ans et avec deux millions d’exemplaires vendus (parmi lesquels « Trilogie 93 », « Surface » ou encore « Impact »), Olivier Norek est tenu pour un des maîtres du polar. Ancien militaire (pendant deux ans) et flic (durant quinze ans), il connaît la maison- ce qu’il nous rappelle avec son nouvel et huitième roman, « Dans les brumes de Capelans ».

Pour l’occasion, il remet dans le circuit un de ses personnages emblématiques, le capitaine Vincent Coste. Il bossait en banlieue nord-parisienne, un membre de son équipe a été tué pendant le service : victime d’une grosse dépression, Coste se retrouve à Saint-Pierre, une île française au large des côtes du Canada. Il mène les interrogatoires pour le programme de protection de repentis et de témoins de coups tordus.

Un jour, il reçoit Anna, disparue depuis dix années. Elle a été séquestrée, à l’âge de 14 ans, par un criminel aussi retors que pervers, qui a tué une dizaine de jeunes filles et qui s’est mis en tête de retrouver sa proie, même au bout du monde. Des renseignements assurent que le kidnappeur s’approche d’Anna… Avec « Dans les brumes de Capelans », Olivier Norek prouve, une fois encore, qu’il maîtrise parfaitement l’art du récit, mêlant allégrement détails et renversements de situation…

« Dans les brumes de Capelans » d’Olivier Norek. Editions Michel Lafon, 410 pages, 20,95.



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Les livres de la semaine : « Alice au pays des femmes » de Patricia Reznikov

PATRICIA REZNIKOV : « Alice au pays des femmes »

Il était une fois Alicia… Elle est cultivée et solitaire. Elle vit ses journées dans la lecture et l’ennui. Son objectif : apprendre toutes les langues parlées sur la Terre. Elle va découvrir la complexité de la langue écrite… C’est « Alice au pays des femmes », le nouveau roman de la Franco-américaine Patricia Reznikov, auteure aussi à l’aise en fiction, essais, théâtre, poésie, albums pour la jeunesse qu’en traduction ou encore critique…

Résumé, on dira que c’est là une variation féminine et féministe d’« Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll. C’est cela mais pas que… Ainsi, au hasard des pages, on lit : « La question revenait à cela : devait-on exalter son féminin pour accomplir sa vie de femme ou, au contraire, le mettre en sourdine pour s’en émanciper ? » Parce que, rapidement, elle Alicia dont le roman de Carroll est le livre de chevet a compris que, fille, elle va grandir dans un monde qui n’a pas été créé pour elles.

Alors, devenue femme, elle va écrire- ce seront les nouvelles aventures d’« Alice au pays des merveilles ». C’est toujours un conte, c’est toujours cruel, angoissant au possible avec la question éternelle : faut-il passer à travers le miroir ? D’une écriture aussi limpide que légère pour le regard des femmes, Patricia Reznikov réussit avec élégance le mix des vies d’Alicia et d’Alice. C’est follement féministe, joyeusement espiègle.

« Alice au pays des femmes » de Patricia Reznikov. Flammarion, 272 pages, Prix : 21 €

Serge Bressan

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