Zaho de Sagazan : Chaque chanson ressemble à une thérapie. La poésie de ses textes touche immédiatement
Avec son timbre atypique, son phrasé mordant, ses « r » roulés, sa diction impeccable, portée par un zeste d’électro, Zaho de Sagazan est devenue une figure incontournable de la nouvelle génération.
L’interprète originaire de St Nazaire qui s’accompagne au synthétiseur est aussi une auteure surdouée. La poésie de ses textes touche immédiatement. Avec des récits intimes, elle donne le sentiment de nous parler, rien qu’à nous.
Dans la première version de l’opus, la jeune femme racontait avec 13 chansons son rapport au corps, l’amour, l’amitié, le rêve. Ces sept nouveaux titres s’inscrivent dans la même veine mais vont plus loin encore.
L’opus se referme par le remarquable « L’envol » Où tout est dit. Cette chanson semble raconter son parcours « Il est l’heure de prendre ton envol/ Trop longtemps que tu es sur la terre/ En as-tu oublié que tu voles/Enfermée dans les racines de ta mère/ As-tu déjà vu jeune hirondelle/Apprendre à voler autrement ». Zaho de Sagazan se veut philosophe : « Jeune hirondelle n’apprendra jamais/Autrement qu’en faisant/Jeune hirondelle a besoin du vent. »
Chaque chanson ressemble à une thérapie. Comme une digue qui lâche avec bonheur. A l’instar d’« Ô travers », hymne à l’introspection : « C’est en connaissant nos travers/Que vient la métamorphose/ Ô travers, ô manies/Je vous mets en lumière/ Je me fais face, fini le déni ».
Zaho de Sagazan sait aussi faire dans la légèreté. Dans « Hab Sex », elle lance sur des sonorités de synthèse entêtantes et dansantes : « J’aimerais faire l’amour avec toi … Hab sex mit mir, hab sex mit mir… ». Dans le sensuel et lancinant « Parler l’amour » elle évoque carrément une fille qui invite sa ou son partenaire au cunnilingus.
Elle sait également se faire grave dans « Le dernier des voyages » où elle dénonce les méfaits des produits illicites. Sa drogue à elle, c’est la musique, la création comme elle le confesse dans « Old Friend » en duo avec Tom Odell. « Quand la machine m’emporte/Vers les paysages/Il vient et m’apporte Des larmes de passage/Quand la solitude/ Vient me rendre visite/J’ai pris l’habitude alors/Alors de l’inviter/Il vient chanter pour moi/ Me fait pleurer parfois/ … Si j’y retourne c’est que j’aime ça/Pleurer dans sa voix ».
Des milliers de fans viendront certainement encore longtemps pleurer sur sa voix. Et s’ils y retournent c’est qu’ils aiment ça. Et, on les comprend.
Christian Panvert