
Longs cheveux noirs et look gipsy, Anouk Aïata pourrait être une héroïne des films d’Almodovar ou de Tony Gatlif. En équilibre sur le fil d’une chanson qui irait de Dalida à Barbara, d’Hindi Zahra à Olivia Ruiz, elle trace sa route grâce à un univers à l’esprit voyageur. Chanteuse rétro et moderne aux côtés du violoncelliste Amos Mâh, son frère de composition et d’écriture, elle est à l’origine d’un registre large où se mêlent calypso, jazz manouche, chanson, country-folk, gospel et sonorités klezmer. Un mix improbable et très réussi où elle évolue avec bonheur. « Pour nous, c’est de la chanson française du monde », confie-t-elle. Une musique sans frontières qui « vient du cœur ».
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Anouk Aïata s’est choisi un nom de scène qui sonne comme « une formule magique » indienne : « Aïata est un nom maori qui signifie “la femme mangeuse des nuages du ciel”. » Des mots porteurs d’une poésie mystérieuse qu’elle a souhaité reprendre pour titre de son premier album : « Ça évoque le rêve et les contrées lointaines, dit-elle. J’ai besoin de rêver la vie pour continuer à la trouver magnifique et à m’étonner. » La musique ? Elle y est venue par hasard vers l’âge de 6-7 ans, quand elle entendit Stewball d’Hugues Aufray, sa première émotion musicale. Plus tard elle fera la découverte des albums d’Ella Fitzgerald, Barbara, Dalida, puis de Fiona Apple ou de Björk : « Je me suis imprégnée comme une éponge de tous ces timbres de voix, et je me suis retrouvée dans certaines chanteuses, qui ont été des guides pour moi. » Elle a grandi à Champigny, non loin de Nogent et des bords de Marne. Amos, lui, a appris le violoncelle très tôt à Fontenay-aux-Roses, avant de se perfectionner au conservatoire de Bourg-la-Reine. Ils se sont rencontrés dans un groupe de trip-hop en 2009. De là est née leur complicité artistique et la volonté de s’inventer un monde dont Anouk serait la « funambule », selon Amos : « Musicalement ou dans les textes, on est toujours sur le fil. » Fil de l’émotion, qui n’est pas pour déplaire à Anouk : « Pour moi l’art, quel qu’il soit, doit toujours être en perpétuel équilibre. »

Album : la Femme mangeuse des nuages du ciel, Barclay.
Les Trois Baudets, Paris 18e , jusqu’au 16 mai. Tél. : 0 142 623 333.



