Sortie cinéma. Fanny Ardant est éblouissante dans « Les Jeunes Amants » qui raconte la passion amoureuse et déchirante entre une architecte septuagénaire et un médecin de 45 ans. L’occasion pour We Culte d’aller à la rencontre de l’actrice, l’une des icônes du cinéma français, qui se confie sur ce film très touchant (sur les écrans le 2 février).
Fanny Ardant : «L’amour fou se moque du regard des autres»
Le film « Les Jeunes Amants » était le projet de la réalisatrice Sólveig Anspach. Mais la maladie en a décidé autrement. Juste avant de décéder, elle avait écrit le scénario à partir de l’histoire d’amour que sa mère vécut avec un médecin beaucoup plus jeune qu’elle. Sa coscénariste Agnès de Sacy et son producteur Patrick Sobelman ont confié la réalisation à une de ses amies : Carine Tardieu.
Devant l’objectif de la réalisatrice de « Les Jeunes Amants », Fanny Ardant et Melvil Poupaud composent un couple de cinéma très original. La passion, incontrôlable, embrase Pierre, 45 ans, qui l’assume, en se séparant de Jeanne (Cécile de France), la mère de ses deux enfants. Shauna (71 ans) se laisse emporter avant de faire machine arrière, se sachant malade. We Culte a rencontré Fanny Ardant, l’une des icônes du cinéma français, qui se confie sur ce film très touchant.
Qu’est-ce qui vous a ému dans le scénario ?
Fanny Ardant : Après l’avoir lu, j’estimais que je n’étais pas le personnage de Shauna. Et j’ai rencontré Carine Tardieu. La manière dont elle m’a parlé du film m’a donné envie de pénétrer dans cet univers.
Croyez-vous, comme la réalisatrice, au coup de foudre entre un quarantenaire et une septuagénaire ?
Fanny Ardant : L’amour fou existe ! Il surpasse toutes les injonctions de la société et se moque bien du regard des autres.
Etait-ce un rôle difficile à incarner ?
Fanny Ardant : Non car à partir du moment où je me suis mis à aimer cette histoire et mon personnage, je ne me suis pas poser de question. Je n’ai jamais caché mon âge. J’aime beaucoup l’idée de la provocation. Et même être l’objet du dégoût. Sur la pellicule, on voit encore plus les détails. Tout ce qui ne va plus. Il faut alors passer un deal avec le réalisateur. Mais je préfère épouser mon temps plutôt que de pleurnicher sur quelque chose que j’ai perdu. Je préfère jouer mon âge.
La vieillesse reste-il un des tabous de notre société ?
Fanny Ardant : Oui ! Pourquoi est-ce que les vieux messieurs ont le droit de se taper des jeunes filles, alors que c’est mal juger quand les vieilles dames se tapent des jeunes hommes. Notre société est basée sur le jeunisme. J’aime ce film car il oppose l’âge à une société qui dit comment rester jeune toute sa vie.
Comment avez-vous préparer ce rôle ?
Fanny Ardant : Je ne prépare jamais mes rôles. Plus on définit son personnage d’une façon intellectuelle et rationnelle, plus on va perdre des choses que l’instinct ou le regard de l’autre vous auraient fait naitre dans l’émotion. Arrivée à un certain âge, quand on rencontre un homme, on a exactement les mêmes peurs que la première fois, lorsqu’on est adolescente. Trop grosse, trop maigre. Je n’ai pas fait ce film pour brandir une pancarte. Le cinéma qui livre un message me dégoûte.
Ce film est une histoire d’amour, mais parle aussi de la maladie. Est-ce que cela vous inquiétait également ?
Fanny Ardant : J’ai tout de suite dit à Carine que je ne voulais pas tourner toute nue. Depuis le début de ma carrière, je le refuse. Pourquoi aurais-je accepté maintenant ? Carine a pacifié l’histoire. Elle m’a très vite rassurée. En revanche la maladie m’intéressait. C’est comme un château fort assiégé à l’intérieur de soi. On s’interroge. Qu’est-ce qui va résister ? Est-ce que c’est le corps qui va dicter sa loi à la pensée. Jouer le rôle d’une femme malade est très intéressant. Parce qu’on est double. La maladie, c’est l’ennemi qui rentre dans le château fort.
Selon-vous, Pourquoi dit-on « tombé amoureux » ?
Fanny Ardant : Parce qu’on cède. Il y a quelque chose qui vous foudroie. En anglais, on dit aussi : falling in love. Mais les italiens ne conçoivent pas l’amour comme cela ! Ils disent : innamorarsi qui pourrait se traduire peu ou prou par s’emmouracher.
Quels traits de votre personnalité avez-vous perdus en jouant ce personnage ?
Fanny Ardant : J’ai toujours rêvé de perdre ma personnalité quand je joue ! Quels traits ? Question difficile. Il faudra en parler à mon psychanalyste.
Entretien réalisé par Christian Panvert
- A voir : « Les jeunes amants » (Diaphana Distribution), un film de Carine Tardieu, avec Fanny Ardant, Melvil Poupaud, Cécile de France …sur les érans le 2 février 2022.
« Les Jeunes Amants » :
Shauna, 70 ans, libre et indépendante, a mis sa vie amoureuse de côté. Elle est cependant troublée par la présence de Pierre, cet homme de 45 ans qu’elle avait tout juste croisé, des années plus tôt. Et contre toute attente, Pierre ne voit pas en elle “une femme d’un certain âge”, mais une femme, désirable, qu’il n’a pas peur d’aimer. A ceci près que Pierre est marié et père de famille.