the duke film
"The Duke" : Helen Mirren et Jim Broadbent

Sortie cinéma. Beaucoup de films, ces derniers mois, sont tirés de faits réels et d’histoires vraies. C’est encore le cas de « The Duke » (sur les écrans ce mercredi 11 mai), qui raconte comment un paisible retraité britannique s’est transformé en Robin des Bois du XXe siècle, en Don Quichotte des années 60, en Arsène Lupin de banlieue.


« The Duke » : L’histoire vraie d’un voleur britannique au grand cœur


the duke film
« The Duke » : Kempton Bunton (Jim Broadbent) et sa femme Dorothy (Hellen Mirren), un couple de sexagénaires apparemment sans histoires (©Nick Wall/Pathé Distribution).

Son nom est Kempton Bunton, un chauffeur de taxi sexagénaire de Newcastle, licencié de son entreprise, qui décida en 1961, avec l’aide de son fils, de voler à la National Gallery de Londres un tableau que celle-ci venait d’acheter: le portrait du Duc de Wellington peint par Goya.

Insoumis tranquille

L’argent n’était pas sa motivation: pour rendre le tableau, il exigeait que le gouvernement supprime la redevance télé pour les plus de 75 ans, une cause qui lui tenait à cœur. Depuis des années, cet insoumis tranquille, excentrique, optimiste et plein de principes, prenait la défense des plus faibles et des plus vulnérables, et notamment les personnes âgées pour qui la télévision était le meilleur remède à la solitude.

Il manifestait, faisait signer des pétitions, fut emprisonné à deux reprises pour avoir refusé de payer sa redevance BBC. « L’altruisme m’a toujours attiré des ennuis », dira-t-il à son procès.

Dernier film

« Malgré les échecs constants que la vie lui a infligés, Kempton était un éternel optimiste et un activiste. Partout, nous avons besoin de gens comme lui, qui mettent toujours des bâtons dans les roues des autorités et remettent en question tout ce qu’on leur ordonne d’accepter », expliquait le réalisateur britannique Roger Michell, dont c’est le dernier film puisqu’il est décédé en septembre dernier à l’âge de 65 ans.

Il était connu pour « Coup de foudre à Notthing Hill » (1999, avec Julia Roberts et Hugh Grant), mais a également réalisé d’autres jolis films comme « Week-end Royal » (2012) ou « My Cousin Rachel » (2017).



Typiquement anglais

Avec « The Duke », il a réalisé un film typiquement anglais: une comédie caustique avec des préoccupations sociales et intimistes. Il s’est appuyé, pour le rôle principal, sur un acteur habitué aux seconds rôles mais qui ici occupe toute la place et s’en donne à coeur joie, au risque parfois de cabotiner: Jim Broadbent.

À ses côtés la grande Helen Mirren (vue récemment dans « Anna » et « L’Art du Mensonge » joue le rôle de l’épouse, Dorothy Bunton, pragmatique autant que son mari est rêveur, femme de ménage et babysitter chez une famille riche, qui a du mal à se remettre de la mort accidentelle de leur fille de 18 ans, dans un accident de vélo.

Aspect familial

Depuis ce drame, les époux Bunton, qui s’aiment sincèrement, ont du mal à communiquer. « Je vis avec un fou », dit Dorothy devant les idées saugrenues de son mari. Elle ne sera jamais mise au courant du vol du tableau, contrairement à l’un de leur fils, Jackie, discret et loyal, qui vit avec eux et aide son père dans son larcin.



C’est cet aspect familial et quelques jolies scènes qui donnent au film ses moments d’émotion: la tirade de Kempton Bunton, lors de son procès, sur la solidarité et la justice sociale; la visite de sa femme sur la tombe de leur fille, longtemps délaissée; et la dernière scène entre les deux époux, au cinéma, qu’il ne faut pas dévoiler…

Feel good movie

Le tout est raconté avec humour et sur un ton guilleret –perceptible dès le générique de début, avec écrans multiples et musique jazzy– qui font du film un feel good movie (en bon français: un film qui fait du bien), volonté du réalisateur qui souhaitait un film « léger avec quelques moments de drame et d’émotion, tout en étant plein d’humour. C’est un film qui booste le moral, vous sortirez du cinéma avec un grand sourire, je l’espère! »

Le vrai Kempton Bunton, qui a fini par obtenir gain de cause de manière posthume en 2000 avec la suppression de la redevance BBC pour les retraités les plus pauvres, est décédé en 1976 à l’âge de 72 ans, dans l’anonymat, sans faire la une des journaux comme il le fit une quinzaine d’années plus tôt.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Je combats l’injustice sociale, comme Robin des Bois » (Kempton Bunton, à son fils).


  • A voir : « The Duke » (Grande-Bretagne, 1h36). Réalisation: Roger Michell. Avec Jim Broadbent, Helen Mirren, Fionn Whitehead (Sortie 11 mai 2022)

cinégong logoRetrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong


 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.