Tout le monde m'appelle Mike
"Tout le monde m'appelle Mike" : Jean, Isabelle, son fils et Mike (Pierre Lottin, Daphné Patakia, Abdirisak Mohamed, de droite à gauche) sont sur un bateau, dans le Golfe d'Aden (©The Dark).

Sortie cinéma. Sous le soleil exactement. C’est dans le Golfe d’Aden, sur un voilier au large des côtes de Djibouti et de Somalie, que se déroule le thriller intimiste « TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKE », premier film du réalisateur français Guillaume Bonnier (ce mercredi 5 juillet sur les écrans).


« Tout le monde m’appelle Mike » : Le film vaut à la fois par sa simplicité et par son suspense qui s’installe, monte et pèse sur la fin de cette histoire à trois personnages


Tout le monde m'appelle Mike
« Tout le monde m’appelle Mike » : Daphné Patakia et Pierre Lottin (©The Dark)

Tout commence tranquillement, avec une histoire paisible impliquant trois personnages: Isabelle, son fils Damien âgé de cinq ans, et Jean, un jeune plaisancier qu’ils ont connu à Toulon. Jean n’est pas riche mais sillonne les mers à bord de son deux-mâts, en solitaire. Isabelle, elle, est une jeune diplômée mais n’est pas pressée d’intégrer la société et a des envies d’ailleurs.

Escale à Djibouti

L’un et l’autre tombent amoureux et décident d’aller, avec le gamin, aux Seychelles, au large de la côte est de l’Afrique. Ils passent par le canal de Suez, descendent la Mer rouge, mais sont obligés de faire escale à Djibouti en raison d’une panne de moteur.

C’est là, dans ce petit pays de la Corne de l’Afrique coincé entre l’Érythrée, l’Éthiopie et la Somalie, à l’entrée du Golfe d’Aden, qu’ils rencontrent Mike, un chauffeur de taxi local qui les aide et leur trouve un réparateur pour leur moteur.

Jean engage Mike

Au moment de repartir, Jean décide, un peu contre l’avis d’Isabelle et à la demande de Mike, d’engager celui-ci pour les deux semaines de traversée vers les Seychelles. Tout se passe bien, ils naviguent sans ennuis, chantent le soir, croisent des dauphins, Mike a le mal de mer mais les aide à tenir la barre, à cuisiner ou à faire le ménage. Il est un peu gêné quand Isabelle bronze topless sur le pont, mais entre lui, le couple et l’enfant une complicité amicale s’installe.



Tout va s’écrouler quand trois pirates somaliens, armés, arrivent en hors-bord, montent sur le voilier, prennent les quatre en otages et détruisent le matériel de communication. La croisière idyllique se transforme en cauchemar, dans ce Golfe d’Aden connu pour ses dangers maritimes au large des côtes somaliennes…

Simplicité et suspense

« J’ai toujours voulu faire un film sur un bateau », explique le réalisateur. « D’aussi loin que je me souvienne, la mer me fascine, le large, la possibilité du «grand départ». (…) C’est un désir qui vient de loin, j’ai fait mon service militaire dans la Marine, j’ai vécu la beauté des départs, les quarts de nuit, je dois dire que le grand large est un des endroits où je suis le plus heureux sur Terre ».

Le film vaut à la fois par sa simplicité et par son suspense qui s’installe, monte et pèse sur la fin de cette histoire à trois personnages (plus l’enfant). Daphné Patakia, qui avait un petit rôle dans BENEDETTA, interprète Isabelle, tandis que Pierre Lottin, vu récemment dans LES TUCHE, NOTRE-DAME BRÛLE et LA NUIT DU 12, incarne Jean. Tous deux forment un couple récent dont la solidité va être mise à l’épreuve par les événements dramatiques qu’ils n’avaient pas prévus.

Clivage Nord-Sud

Pour Mike, le réalisateur et sa directrice de casting ont choisi Abdirisak Mohamed, un étudiant somalien installé en France depuis quelques années et qui fait là ses débuts au cinéma. Son personnage incarne l’arrière-plan du film qui, au-delà de l’intrigue à suspense, évoque –mais sans lourdeur, sans transformer le thriller maritimo-africain en film à message– les différences de modes et de niveaux de vie entre l’Europe et l’Afrique, le clivage Nord-Sud, les difficultés économique et politiques de la région, la manière d’aborder le passé colonial des pays d’Afrique (Djibouti est un ancien territoire français indépendant depuis 1977, la Somalie est un ancien protectorat britannique indépendant depuis 1960).

« C’est un film d’aventure à échelle humaine. Ce que raconte le film est plus vaste que ses personnages et que l’espace apparent de son intrigue », conclut le réalisateur. « Le sujet c’est la figure de l’autre: comment le regarder, comment l’accueillir, comment comprendre et  accepter ses différences? Au sein d’une forme classique, je voulais que le film soit clairement politique et métaphorique tout en étant une critique postcoloniale ».

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Les anciens du Pacifique disaient: «ce n’est pas toi qui va vers l’île, c’est l’île qui vient vers toi» » (Jean).


  • A voir : « TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKE » (France, 1h29) Réalisation: Guillaume Bonnier. Avec Abdirisak Mohamed, Daphné Patakia, Pierre Lottin (Sortie 5 juillet 2023)

cinégong logoRetrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong


 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.