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Avignon 2024 : Les festivals In et Off attirent chaque année en juillet des milliers de visiteurs (c) AFP/Anne-Christine Poujoulat

Le festival d’Avignon 2024 s’est achevé par un feu d’artifice d’émotions. Une édition qui s’est conclue en réunissant le In et le Off comme ils ont réussi à le faire pour affirmer sur la scène de la Cour d’Honneur leur communauté de point de vue sur les menaces qu’ils ressentaient en ce début juillet du fait des élections législatives.


Une chose est sûr, les deux festivals ont souffert d’un calendrier modifié pour les Jeux Olympiques puis par les deux tours des élections législatives. Tiago Rodrigues a présenté malgré tout un bilan positif de son édition 2024 et annoncé déjà de beaux projets pour 2025. La langue arabe sera mise à l’honneur l’année prochaine dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut du Monde Arabe. La chorégraphe originaire du Cap Vert, Marlène Monteiro Freitas, sera l’«artiste complice» de cette prochaine édition comme Boris Charmatz l’a été cette année.

Beaucoup de spectacles du Off ont été eux très sévèrement touchés par tous ces évènements et on évalue à une baisse moyenne de 20% la fréquentation de cette édition, ce qui peut représenter une véritable catastrophe pour certaines compagnies.

Nous avons conclu ce festival avec 4 spectacles : un spectacle du In, le Forever (immersion dans Café Müller de Pina Bausch) de Boris Charmatz ; 3 spectacles du Off, Le repas des gens de François Cervantes, Œuvrer son cri de Sacha Ribeiro et sa Compagnie Courir à la catastrophe, La Voix d’or d’Eric Bu pour le texte et la mise en scène.

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Avignon 2024 : « Oeuvrer son cri » (c) Marion-Bornaz

Œuvrer son cri de Sacha Ribeiro avec la Compagnie Courir à la catastrophe

Ce spectacle est une coproduction du Théâtre des Célestins de Lyon et du Théâtre de la Cité internationale de Paris. Il  repose sur un travail d’écriture collective de la compagnie lyonnaise Courir à la catastrophe d’après une proposition de Sacha Ribeiro.

C’est l’histoire d’un groupe d’artistes qui occupe une salle de théâtre désaffectée. Une première partie est consacrée à la mise en place de l’occupation qui rappelle de nombreux souvenirs à ceux qui ont vécu ou suivi les précédents célèbres depuis l’occupation de l’Odéon en 1968.

Sacha Ribeiro et ses camarades engagent ensuite une forme de débat citoyen autour de cette action qui pose la question de savoir à quoi le théâtre, comme lieu et comme pratique, peut-il servir. Cet échange montre que leur engagement soulève des questions complexes qui sont abordées très frontalement y compris quand un citoyen exprime son désintérêt complet face à leur projet.



Dans un troisième temps c’est le quotidien de l’occupation qui est mis en avant avec des scènes particulièrement réussies. C’est avec un humour décapant que l’on traite par exemple de la préparation d’un repas aux couleurs de la Provence car l’occupation était située dans le théâtre des Carmes où la pièce était elle-même jouée. La troupe revoit en réalité son texte en fonction du site où elle joue ce spectacle. De beaux rendez-vous à prévoir en d’autres lieux quand ce spectacle va poursuivre une tournée qui s’annonce réussie.

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Avignon 2024 : « La voix d’or » ©-Frédérique Toulet

La Voix d’Or, Texte et mise en scène d’Éric Bu

C’est à une incroyable histoire de famille que nous invite Eric Bu dont le personnage central est un chanteur à la voix d’or qui aurait illuminé les scènes dans les années 50. On voyage beaucoup et on chante souvent, bien sûr. Ce magnifique mélodrame a certainement enchanté ceux qui ont la larme facile. Il a enthousiasmé sûrement ceux qui ont connu dans leur jeunesse ou dans leur famille ce répertoire des années 50 et 60.

La qualité de la mise en scène et des acteurs doit certainement toucher tout autant un public plus jeune à la recherche d’un théâtre d’émotions. A l’Atelier théâtre actuel et au Théâtre Actuel La Bruyère, à partir du 30 août 2024

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Avignon 2024 : « Le repas des gens » (c) Christophe Raynaud de Lage

Le repas des gens de François Cervantes

François Cerventes est un des auteurs emblématiques du Off à Avignon et une personnalité majeure du théâtre contemporain en France. Il est revenu cette année à Avignon avec Le repas des gens, un texte qu’il a écrit et mis en scène lui-même. Ce spectacle est co-produit avec La Criée, le Theâtre National de Marseille de Robin Renucci.

C’est l’histoire d’un couple qui n’a jamais quitté son quartier ni mis les pieds dans une salle de théâtre. Ils sont invités par un ami directeur de salle qui les fait directement monter sur la scène pour un repas tout à fait particulier. Face à un public imaginaire, ils entrent sans le vouloir dans leurs propres rôles.

Ce sont des gens simples et la force de François Cervantes est de réussir à montrer tout la grandeur de ces personnages qu’il regarde avec tant de tendresse. Catherine Germain et Julien Cottereau sont les acteurs de ce spectacle. Parfaits tous les deux et c’est un rôle tout à fait majeur pour Catherine Germain qui collabore avec Cervantes depuis 1986,  l’année où il crée sa compagnie L’entreprise. Elle est tout simplement géniale dans son rôle et ce spectacle a été consacré par plusieurs jurys comme faisant parti des meilleurs propositions de cette édition du Off. La compagnie L’entreprise de François Cervantes

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Avignon 2024 : « Forever, une plongée dans le Café Müller » © Christophe Raynaud de Lage/Festival d’Avignon

Forever, une plongée dans le Café Müller de Pina Bausch de  Boris Charmatz

Complice de Tiago Rodrigues pour cette édition du Festival d’Avignon, Boris Charmatz y a présenté  Forever, une plongée dans le Café Müller de Pina Bausch. Nommé directeur du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch depuis août 2022, Boris Chamatz a choisi de présenter une sorte de recréation de ce spectacle. Des répétitions se succèdent toutes les heures pendant près de sept heures.  On recommandait aux spectateurs de rester au moins deux heures. Des équipes différentes du Tanztheater sont engagées  dans chacune de ces répétitions. Elles sont introduites par des témoignages de danseurs et en particulier par certains de ceux qui ont participé à la création de Café Müller avec Pina Bausch elle-même.

Il y a donc dans ce spectacle de Boris Charmatz une approche historique de cette création et, simultanément, une illustration des multiples façons dont elle pourrait être recrée à nouveau aujourd’hui. C’est une démarche tout à fait originale et le résultat est formidablement passionnant. Site du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch

Yves Le Pape

 

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