John Howe « Sur les traces de Tolkien » au Fonds Hélène & Edouard Leclerc

Exposition.  Avec « Sur les traces de Tolkien et de l’imaginaire médiéval », le Fonds Hélène & Edouard Leclerc (FHEL) présente pour la première fois à Landerneau (Finistère) l’intégralité des dessins de John Howe. Génial illustrateur et peintre canadien, son oeuvre a permis à Peter Jackson de réaliser la célèbre trilogie cinématographique « Le Seigneur des anneaux » et « Le voyage du Hobbit ». NOTRE AVIS (****) : une riche exposition et une plongée dans l’univers de John R. Tolkien magnifiquement mise en lumière par les illustrations impressionnantes et oniriques de John Howe.

L’HISTOIRE

Un jour, un homme à l’imaginaire sans limite, John Howe, a mis sur papier la trilogie « Le Seigneur des anneaux ». Ses dessins ont aidé le réalisateur néo-zélandais, Peter Jackson, à mettre en images l’œuvre de John R. Tolkien, roman-phare de la mythologie anglaise, qui mêle chevalerie, dragons et magie. Une histoire fantastique portée à l’écran qui a hissé au sommet la littérature médiévale partout dans le monde.

Les humains ont toujours eu besoin de compagnons, d’amis, de former une bande. Après Homère, ses héros et ses demi-dieux, c’est la mythologie scandinave (le Walhalla) puis l’épopée du Roi Arthur avec ses chevaliers de la Table Ronde, qui peuplent nos rêves adolescents.

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L’ère médiévale transmise par les conteurs, romancée par Chrétien de Troyes, a perduré. Dans ces éclats de courage frontal, de quête du Graal éternelle, sont nés l’esprit chevaleresque, les dragons, les mages ou enchanteurs, les fées, la femme fragile qu’il faut délivrer ou défendre…

NOTRE AVIS (****)

L’exposition du FHEL offre une plongée dans l’univers de John Howe. Elle aide à comprendre cette somme de lecture incroyable que sont « Le Hobbit » et « Le seigneur des anneaux ». Avec plus de 250 dessins et peintures, certaines gigantesques, le visiteur entre dans les légendes médiévales, comprend leurs influences poétiques qui imprègnent l’oeuvre onirique de Tolkien.

Le parcours est divisé en thèmes : «L’imaginaire médiéval », «Je suis un Hobbit », « La nature joue un rôle principal » , « Dessiner les cités et les châteaux », « Dragons et créatures », « Forger les légendes », « Les anneaux du pouvoir ».

En complément de la visite, une sélection d’accessoires anciens (épées, protège-tête de cheval, armure, casques ronds de soldats appelés « salade ») constitue le point d’orgue de cette exposition exceptionnelle.

John Howe. Né en 1957 dans l’ouest canadien, il découvre la cathédrale de Strasbourg lors de son entrée à 19 ans à l’Ecole des Arts décoratifs de cette ville. L’architecture gothique est pour lui, homme du Nouveau monde, un immense choc culturel, comme il le confiera « Cela m’a ouvert les yeux et, depuis, je m’efforce de les garder ouverts ».

Il est d’abord illustrateur de livres pour enfants. Il fait ensuite carrière dans l’industrie cinématographique comme artiste conceptuel où il se fait remarquer pat Peter Jackson. 

John Ronald Tolkien est né en 1892 en Afrique du Sud mais sa famille est originaire d’Angleterre. Orphelin de père à l’âge de 4 ans, rentré au pays, le petit John Ronald est initié par sa mère au dessin et à l’aquarelle. Elle meurt et l’enfant, âgé de 12 ans, est placé en foyer d’accueil et éduqué par le père Francis dont l’éducation spirituelle aura une grande influence. Edith, l’amour de sa vie, lui inspirera très tôt les aventures de Beren, amoureux d’une princesse elfe dans « Le Silmarillion ».

L’Imaginaire médiéval, « Beowulf ». 

« Beowulf » est ce poème épique de 3 000 vers, œuvre majeure de la littérature anglo-saxonne. Il a été composé vers 750 et s’inspire d’une légende scandinave. Il est l’équivalent de notre « Chanson de Roland » (*). « Beowulf » est le récit héroïque qui plut tellement à Tolkien qu’il l’inspirera pour sa traduction. Il donnera des conférences sur ce thème qui lui vaudront la consécration en 1936 devant la British Academy. Celui-ci dira d’ailleurs : « Ce poème se rapproche de la peinture ».

La nature joue le rôle principal. La trilogie « Le Seigneur des anneaux » voit la naissance d’une prise de conscience écologique, dans le sillage du naturaliste Charles Darwin en 1859 avec « L’Origine des espèces ». Tolkien est un amoureux de la nature. Dans « Le Hobbit » et « Le Seigneur des anneaux », où l’on trouve 64 espèces différentes de plantes sauvages. Les rivières, les cascades, les arbres qui vont combattre « Sauron » ont une importance capitale dans cette histoire. « Les arbres sont vivants, plein de majesté, leur structure ramifiée évoquent la façon dont se construisent les langues» disait Tolkien.

Jane Hoffmann

• Exposition « Sur les traces de Tolkien et de l’imaginaire médiéval » Peintures et dessins de John Howe. Fonds Hélène & Edouard Leclerc – dans l’ancien couvent des Capucins, 29800 Landerneau jusqu’au 28 janvier 2024.

(*) La Chanson de Roland est un poème épique du XIème siècle de 4 200 vers et 9 manuscrits sur la bataille de Roncevaux (778) menée par le neveu de Charlemagne, dont le dernier en anglo-normand, est avéré comme manuscrit d’autorité.