kae tempest
Figure du spoken word, de la poésie et du théâtre, l'artiste britannique Kae Tempest publie "Connexion". (photo) Jim Dyson/Getty

Livre. Kae Tempest , la sensation du moment avec des performances scéniques tant en rap et slam qu’au théâtre. Et il.elle qui se définit «non binaire», le.la voici en librairie avec un texte sur la « Connexion ». A soi-même, et aux autres aussi…  


«Connexion», version Kae Tempest, c’est en mots «mon art de vivre», le livre de l’urgence et de la (re)naissance, la condition nécessaire et indispensable pour la connexion à la réalité, pour que (re)vive la création


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Kae Tempest publie « Connexion ». (photo) Jim Dyson/Getty

Il y eut d’abord deux albums musicaux au succès mondial, «Everybody Down» (2014) et «Let Them Eat Chaos» (2016), puis un premier roman très remarqué, «Écoute la ville tomber» (2018). Il y eut aussi des apparitions sur scènes en chantant, rappant ou encore slamant. Récemment, Kae Tempest expliquait que «toute ma vie, on m’a demandé qui j’étais. Enfant, c’était : fille ou garçon ? Plus tard, si j’étais poète, rappeur.euse, écrivain.e… Certains étaient prêts à se battre parce qu’ils étaient frustrés de ne pas comprendre qui j’étais ».



A 25 ans en 2020, l’artiste qui a grandi à Brockley, district au sud de Londres, qui dans les années 1960 a accueilli une forte immigration afro-caribéenne, annonçait «sa décision de se définir comme non-binaire, précisant dans la foulée son nouveau prénom- Kae- ainsi que son pronom préférentiel-« they », utilisé au singulier», rappelle la traductrice Madeleine Nasalik. Poétesse, romancière, auteur.e de théâtre, à l’engagement sans faille, Kae Tempest est tout simplement une des voix les plus tranchantes de ces dernières années en Grande-Bretagne, un.e des figures mondiales de la «nouvelle poésie» mondiale tout comme l’Américaine Amanda Gorman ou la Canadienne Rupi Kaur.

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Kae Tempest

Il.elle en apporte une nouvelle preuve avec «Connexion», son cinquième livre traduit en français. Un texte écrit l’an passé pendant un premier confinement pour tenter d’éradiquer le virus covidien tandis que le monde artistique était privé de scènes. Cette situation a amené Tempest à réfléchir sur la créativité, sur ce qui lui sert de matériau. Il.elle écrit : « Je nourris avec ma propre créativité une relation bizarre et passionnée depuis mes 12 ou 13 ans, une époque où je souffrais de troubles psychologiques, où je me débattais avec un cerveau qui me menait la vie dure, des soucis familiaux et une dysphorie de genre, en m’assommant à coups de drogue et d’alcool ».



Les réseaux sociaux sont un tableau sur lequel se mirent les egos, et un marécage où l’individu oublie qui il est. Pourtant, assure Tempest, «quand la connexion s’établit, tout est relié et converge vers un moment d’émotion partagée, vers une affinité créatrice qui arrime chaque personne à un présent vécu comme une expérience collective». «Connexion», version Tempest, c’est en mots «mon art de vivre», le livre de l’urgence à la connexion, à nouveau. Connexion à soi-même d’abord, aux autres ensuite. C’est, rappelle ce livre de la (re)naissance, la condition nécessaire et indispensable pour la connexion à la réalité, pour que (re)vive la création… Et Kae Tempest, de confier : «L’humanité ? OK, c’est compliqué. Mais les gens ? Oui, les gens sont beaux !»

livre connexion de kae tempestSerge Bressan

A lire : «Connexion» de Kae Tempest. Traduit par Madeleine Nasalik. Editions de l’Olivier, 146 pages, 14,50 €.


EXTRAIT

« Des mots jetés sur une page restent incomplets. Un poème, un roman ou un manifeste est achevé lorsqu’il s’ouvre à l’autre, lorsqu’il entame un dialogue. Connexion égale collaboration. Pour que les mots soient porteurs de sens, il faut qu’ils soient lus. Soumis aux affres de la création qui enfante une œuvre écrite, l’auteur est seul pilote à bord. Il jette son filet sur une idée et tente de la ramener à lui. Mais une fois l’œuvre mise au monde, elle ne lui appartient plus : elle appartient désormais à celui qui la sélectionne sur l’étagère et la mène à son terme… »


 

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