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"Burning Days" : Emre (Selahattin Pasali), jeune procureur envoyé en poste dans une petite ville de Turquie, va se heurter aux notables locaux (©Memento Distribution).

Sortie cinéma. Nommé dans une petite ville reculée de Turquie, un jeune procureur va se heurter aux notables locaux bien décidés à défendre leurs privilèges par tous les moyens: dans « Burning Days » (ce mercredi 26 avril sur les écrans), le cinéaste turc Emin Alper fait une description peu flatteuse de son pays, sous la forme d’un film qui prend des allures de thriller.


Burning Daysle 4ème film d’Emin Alper a été présenté dans la section parallèle officielle « Un Certain Regard » au Festival de Cannes 2022


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« Burning Days » : Selahattin Pasali dans le 4ème film d’Emin Alper

Emre (Selahattin Pasali), un jeune procureur déterminé et inflexible, arrive en poste dans une petite ville de province et, à peine arrivé, doit s’occuper du procès engagé par son prédécesseur contre la mairie. Celle-ci est accusée d’assécher les nappes phréatiques pour approvisionner la ville en eau, ce qui provoque de nombreux effondrements dans le sol: des dolines, énormes trous circulaires de plusieurs mètres de profondeur.

Emre est accueilli avec une onctuosité hypocrite par les notables de la ville (le maire, l’avocat, le dentiste) qui se méfient de ce jeune procureur psychorigide peu sensible aux coutumes et traditions locales –comme tirer en l’air dans les ruelles de la ville après une chasse au sanglier.

Repas bien arrosé

Un soir, le maire et son fils (l’avocat) invitent le procureur à dîner, un repas bien arrosé auquel va se joindre le dentiste. Le lendemain, le procureur n’a que des souvenirs partiels de la soirée, à cause de l’alcool bu en quantité.

Mais très vite il va être confronté à une enquête difficile: le viol d’une jeune gitane handicapée mentale, lors de cette fameuse soirée où elle était venue comme danseuse. Le procureur, dans une situation délicate, ne va pouvoir compter que sur deux soutiens face aux notables de la ville et aux rumeurs des réseaux sociaux: une juge en poste dans la ville et surtout un jeune journaliste, directeur du journal local d’opposition, au passé et au rôle ambigus…

Le bien et le mal

Présenté dans la section parallèle officielle Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022, BURNING DAYS est le 4e film d’Emin Alper. Le spectateur se place bien sûr du côté du jeune procureur face aux notables corrompus, mais tout n’est pas toujours très clair dans la seconde moitié du film: « Ce n’est pas un combat entre le bien et le mal, mais entre le «presque bien» et le mal », explique le réalisateur.


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C’est dans cette seconde partie du film, avec de nombreux retours en arrière (les souvenirs chaotiques et fragmentaires du procureur sur la soirée) que le suspense monte peu à peu, au fil de l’enquête dangereuse et délicate sur le viol de la jeune femme.

Atmosphère pesante et tendue

Celle allure de thriller/western, où l’atmosphère pesante et tendue est installée autant dans ce dîner dans le jardin du maire que dans une haletante course-poursuite nocturne, donne l’occasion à Emin Alper de décrire et dénoncer avec force les travers d’une partie de la population de cette petite ville en particulier, et de son pays en général: homophobie, machisme, racisme, violence, autoritarisme, populisme, corruption.

Politiciens corrompus

Un procureur idéaliste qui se bat contre des politiciens corrompus et autoritaires mais soutenus par la population et régulièrement réélus (la dernière partie du film se situe pendant les élections municipales): cela existe partout et depuis longtemps, en Turquie comme ailleurs. « Ces dernières années, nous avons été pris dans un cercle vicieux de ce genre. Non seulement mon pays, mais plusieurs autres connaissent des expériences similaires », dit le réalisateur.

« J’ai donc décidé d’écrire une histoire pour dépeindre ce cas presque universel et transmettre la solitude des gens qui sont consternés par la montée des populismes autoritaires. Yaniklar, où se déroule l’action du film, est une ville entièrement fictive mais c’est un microcosme de la Turquie ».

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « On va vous faire passer vos habitudes de citadin » (le dentiste, au procureur, au début du film, sur un ton amical et humoristique).


  • A voir : BURNING DAYS (« Kurak Günler ») (Turquie, 2h09) Réalisation: Emin Alper. Avec Selahattin Pasali, Ekin Koç, Erol Babaoglu (Sortie 26 avril 2023)

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