octavie delvaux
Octavie Delvaux, écrivaine de romans érotiques et éditrice de littérature érotique.

Octavie Delvaux, écrivaine de romans érotiques et éditrice de littérature érotique, dirige la collection « Point G » à destination des femmes. Elle sera présente au salon de la littérature érotique 2019 à Paris, qui met à l’honneur, d’années en années, de plus en plus de plumes féminines. Rencontre.

Octavie Delvaux: « Les mots sont porteurs d’un érotisme très particulier car ils mettent en avant une certaine forme de cérébralité. La littérature ouvre également une plus grande richesse dans la fantasmagorie »

octavie delvaux
Octavie Delvaux

Vous participez pour la 4ème année consécutive au salon de la littérature érotique. En quoi consiste cet événement ? Faut-il s’attendre à une après-midi sulfureuse ?

Octavie Delvaux: C’est assez classique en réalité, on y rencontre comme dans n’importe quel autre salon littéraire toutes sortes d’auteurs ! Les participants pourront écouter des conférences et même participer à des ateliers d’écriture. Flore Cherry, l’organisatrice, a concocté  des « petits défis  » pour les rendre un peu plus ludiques. Pour le côté sulfureux en revanche, il faudra repasser. Il n’y aura personne en porte-jarretelles pour accueillir le public ! L’ambiance est très bienveillante pour ne pas dire bon enfant.

Pourquoi cette littérature si particulière séduit-elle de plus en plus de lecteurs ?

Octavie Delvaux: De nombreux arts peuvent transmettre une forme d’érotisme. Il y a bien sûr l’érotisme visuel comme la photo ou les films, mais les mots sont porteurs d’un érotisme très particulier car ils mettent en avant une certaine forme de cérébralité. A l’inverse de la pornographie, l’auteur a toute liberté pour entrer dans la tête du personnage et exprimer son émotionnel. La littérature ouvre également une plus grande richesse dans la fantasmagorie. Le lecteur n’est plus borné à une image, il peut s’évader dans son propre imaginaire. Enfin, cette littérature dit aussi quelque chose de la société, et en particulier de nos rapports hommes-femmes ou de la censure. Certains passionnés ne lisent d’ailleurs plus cette littérature dans un but « excitatoire » mais parce que le sujet les intéresse sociologiquement.

Comment expliquez-vous la place qu’ont pris les femmes dans ce genre littéraire ?

Octavie Delvaux: Le phénomène de la New Romance mis en exergue par la trilogie Fifty Shade of Grey a clairement mis en avant l’écriture féminine. Pourtant, elle existait avant, de manière plus « confidentielle ». C’est à partir de la seconde moitié du 19ème siècle mais surtout du début du 20ème que des femmes comme Pauline Réage, Anaïs Ninn, Régine Deforges,… ont commencé à se mêler de littérature érotique, domaine jusque-là réservé aux hommes où le fantasme masculin et le phallus étaient rois ! Je pense qu’il y avait un manque à combler sur le contenu sensuel à destination de la gent féminine. Ces dernières se sont mises à écrire ce qu’elles avaient envie de lire et qu’elles ne trouvaient nulle part.

octavie delvaux
Octavie Delvaux

Les hommes et les femmes écrivent-ils de la même manière ?

Octavie Delvaux: Vaste débat ! Il y a ceux qui pensent que oui, mais je maintiens qu’il y a tout de même une certaine différence. Attention, cela n’a rien à voir avec la dichotomie  » soft / hard », ou « romantique / pas romantique », comme on l’entend parfois. Les femmes peuvent écrire des choses ordurières, et des hommes peuvent épanouir leur plume dans l’eau de rose. J’ai néanmoins l’impression que les écrivaines vont plus dans le détail. Elles ne se contentent pas de décrire les positions ou les réactions « visuelles » des protagonistes. Les scènes de sexes sont souvent plus longues, plus travaillées… Mais comme partout, il y a aussi des exceptions !

La littérature érotique peut effrayer voire rebuter car la frontière entre érotisme et pornographie peut être ténue. Où la situez-vous ?

Octavie Delvaux: Je pense qu’elle varie en fonction des auteurs et des lecteurs. Cependant, je ne la placerais pas au niveau de la crudité des scènes de sexe, ni sur l’emploi de certains termes plus crus, mais plutôt sur la crédibilité de l’histoire. Dans le livre porno, il y a l’idée que des femmes sont facilement offertes, toujours excitées… exactement comme dans les films dont on connaît les scénarios peu crédibles. Tout cela est loin de refléter la multitude de sexualités qui existe… Or c’est justement à mettre en exergue toutes ces formes de sexualités que la littérature érotique s’attache !

Le salon de la littérature érotique 2019

salon livre érotique 2019La session 2019 du salon de la littérature érotique est marquée cette année par un discours féministe et engagé. On y retrouvera notamment Noémie de Lattre qui viendra présenter son dernier spectacle « Féministe pour Homme » ou encore des comptes Instagram qui cartonnent auprès de la jeune génération militante. En réalité, ce salon fédère plusieurs discours sur la sexualité, à la fois celui d’auteurs de romans érotiques, bien sûr, mais également des historiennes, des médecins, des auteurs de livre sexo, des illustratrices et des humoristes ! Les visiteurs ne sont pas de simples participants mais sont invités à jouer tout l’après-midi, à des défis d’écritures érotiques, à des animations et à des conférences…

  • Le salon de la littérature érotique, 24 novembre – La Bellevilloise, 21 rue Boyer
    75020 Paris.

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