Télé. Sur une plage en Normandie, les corps de deux fillettes ont été retrouvés. Elles ont été violées et étranglées. Connaissant l’une des deux victimes, un notaire est convoqué au commissariat. Son interrogatoire commence, mené par un commissaire pugnace. Puis l’épouse du notaire déclare que son mari avait une attitude inconvenante avec sa petite nièce. NOTRE AVIS (***) « Garde à vue » de Claude Miller est un huis clos oppressant : un polar pyschologique intense mené par deux acteurs brillants qui s’affrontent, Lino Ventura parfait face à Michel Serrault dans son meilleur rôle. A voir vendredi 17 novembre sur France 5 -21:05.
L’HISTOIRE
Non loin de Cherbourg, le corps d’une fillette est découvert dans les dunes. Elle a été violée puis étranglée. Une semaine auparavant, une autre enfant avait été trouvée, morte dans les mêmes conditions. Connaissant l’une des fillettes, un notaire de la ville est convoqué au commissariat. C’est un bourgeois élégant, plein d’humour, sûr de lui. L’interrogatoire commence. Le soir, il promène souvent le chien de ses voisins, un setter irlandais. L’épouse du notaire (Romy Schneider), interrogée, avoue que son mari avait parfois une attitude inconvenante vis-à-vis de sa petite nièce. De témoin il devient suspect et reste en garde à vue.
NOTRE AVIS (***)
« Garde à vue » est un très grand polar, sans poursuites, sans coups de feu, un film maîtrisé par un Claude Miller qui s’était fait connaître par « La Meilleure façon de marcher » (avec Patrick Dewaere). Il a offert à Michel Serrault un rôle formidable, en retenue, dont la marque « bourgeois de province » n’appartenait alors qu’à Michel Bouquet. Il va finir par craquer, montrant les faiblesses d’un homme qui a fait de sa vie un éternel qui-vive, un être qui a enfoui ses failles (ses vices ?) à tous, autant qu’il a pu. C’est Serrault qui insista auprès de Miller pour faire de son personnage un notaire sûr de sa position et non un homme très ordinaire.
Claude Miller explore les méandres de la culpabilité, réelle ou ressentie, à cause de l’échec sentimental. Dans « Garde à vue » il a une vision d’un couple raté par une incompréhension durablement installée. Il faut garder en mémoire le monologue de Serrault sur les 15 mètres de couloir qui séparent sa chambre de celle de son épouse.
Lino Ventura, le commissaire, est parfait, bien qu’il n’était pas le premier choix de Miller, c’était Yves Montand, alors non disponible. Ventura qui était au sommet de sa carrière, dira « Le film était une gageure, un véritable pari… »
Quant aux dialogues d’Audiard, ils sont à méditer : « … Les médiocres applaudissent les surdoués, les champions, mais quand il s’agit de la réussite d’un des leurs, elle les frappe comme une injustice… »
Un film brillant à (re-découvrir), d’après le roman « A Table » de John Wainwright, collection « Série Noire ».
JANE HOFFMANN
- A voir : « Garde à vue » (1980) de Claude Miller, avec Michel Serrault, Lino Ventura, Romy Schneider, Guy Marchand. France 5 vendredi 17 novembre -21:05.