Télé. A voir « Le temps de l’innocence » avec le ténébreux Daniel Day-Lewis

Télé. Dans « Le Temps de l’innocence », son 14ème film sorti en 1993, Martin Scorcese décrit une passion amoureuse dans le New York des années 1870, vécue par un jeune avocat sur le point de se marier, qui retrouve son amour de jeunesse. Ils vivent dans un monde pétri de conventions sociales et de devoirs, érigeant en principes les mœurs hypocrites de la grande bourgeoisie européenne. On aime, on se cache pour vivre l’adultère, on critique férocement ceux qui n’entrent pas dans les codes de la bienséance…Un mélodrame romantique en costumes, à voir dimanche 28, sur ARTE – 20:55.

« Le Temps de l’innocence » se passe à New York à la fin des années 1870. Un avocat, Newland Archer (Daniel Day-Lewis) fiancé à une jeune fille de bonne famille (Winona Ryder), s’éprend de la cousine de celle-ci, la comtesse Ellen Olenska (Michelle Pfeiffer), une femme mariée très séduisante, séparée de son époux. Elle rentre d’Europe, fuyant un mari volage et violent. Lui est écartelé entre cet amour de jeunesse (il l’a connue avant qu’elle se marie) et la fidélité à sa promesse d’épouser sa fiancée. Dans un monde pétri de conventions sociales et de devoirs, la relation amoureuse, faite de passion et de fougue pouvant balayer tout sur son passage, sera difficile…

Le réalisateur Martin Scorcese, a filmé cette histoire d’après le roman d’Edith Wharton, Prix Pulitzer 1921, et suit au plus près du livre, les affres et les doutes de ses protagonistes. Changeant radicalement du style de ses précédentes réalisations (« Mean streets », « Taxi driver », « Les Affranchis ») très urbaines et contemporaines, il livre ici une analyse sociale du monde de la grande bourgeoisie new-yorkaise des années 1870, à l’aide de scènes souvent tournées en intérieurs (soirées à l’Opéra, les bals, les appartements très Napoléon III, les robes…). Un film en costumes, où il traite avec maîtrise d’un sujet délicat, les mœurs figées d’une classe sociale arrivée, entre médisances et commérages.

Le tout servi par Daniel Day-Lewis, au jeu rentré, comme toujours, et surtout Michelle Pfeiffer, tout en frémissements et en passion contenue. Quant à la jeune Winona Ryder, ses yeux de biche emplis de tristesse, reflètent sa souffrance de voir la passion qu’il ne peut cacher, et l’éloignement de son futur mari. Un triangle amoureux dépeint avec justesse par Martin Scorcese, où l’on aura bien du mal à choisir entre un homme déchiré et deux femmes l’aimant sincèrement.

Jane Hoffmann

• Voir: « Le Temps de l’innocence » de Martin Scorcese, avec Daniel Day-Lewis, Michelle Pfeiffer, Winona Ryder, musique d’Elmer Bernstein. Le film a reçu un Oscar pour les meilleurs costumes.