Livres Noël. Une idée pour des cadeaux à glisser sous le sapin ou près de la cheminée ? Des beaux livres, bien sûr. We Culte en a sélectionné neuf. Un premier menu avec de très, très beaux livres, garantie et assurance de belles lectures et de bonnes fêtes !
Idées cadeaux Noël 2021 : Sous le sapin, que de beaux livres ! (1/2)
L’indispensable
« Dessins tout-terrain » de Jean-Charles Castelbajac
Il a plaisir à dire et répéter : « Le dessin est un journal de nos vies. Je dessine souvent des personnages mi-homme mi-animal, et aussi beaucoup d’animaux qui font référence à la métempsychose ou à la réincarnation ». A 71 ans, il fait encore et toujours figure de créateur visionnaire, lui qui a su faire se rencontrer et cohabiter l’art et la mode. Ces temps-ci à Paris, il a droit également à une expo à la Galerie des Enfants, au Centre Pompidou.
Et on retrouve Jean-Charles de Castelbajac avec « Dessins tout-terrain », un livre de 288 pages, papier recyclé et encres végétales. Au programme, pas moins de cinq cent illustrations (dont bon nombre d’inédites) dessinées depuis les années 1970 à aujourd’hui. Journal de nos vies comme il l’assure, ce livre grand format montre au lecteur la traversée du quotidien du créateur.
Mieux, il évoque des sources d’inspiration, piochées tant dans les héraldiques que le surréalisme, chez Keith Haring ou dans les enluminures du Moyen Âge… Au fil des pages, en creux, l’artiste glisse son art du détournement, laisse apparaître certaines collaborations- « j’ai été pionnier dans ce domaine », rappelle-t-il.
« Dessins tout-terrain », c’est aussi le résultat d’un travail pluridisciplinaire, où se mêlent la mode, le design, la passion de l’Histoire, le monde de l’enfance et le Pop Art, tous illuminés par une gamme chromatique on ne peut plus simple avec le bleu, le rouge, le jaune… Et de souhaiter à ses enfants « qu’ils trouvent dans ces dessins un trousseau de clefs pour le bonheur et l’imaginaire ».
« Dessins tout-terrain » de Jean-Charles de Castelbajac. Flammarion, 288 pages, 69 €.
Et Aussi
« Fragments vénitiens » de Martine et Philippe Delerm
Il écrit, elle photographie. Résidents de Beaumont-le-Roger (Normandie), ils sont allés à Venise (Italie). Ils ont flâné, le jour, la nuit. Ils ont imaginé un livre, format « à l’italienne ». Martine et Philippe Delerm ont marché dans la « Sérénissime », se sont laissé prendre par la ville, ont composé « Fragments vénitiens ».
Certainement pas un guide touristique ni un essai attrape-tout. Sûrement des flashs, juste des sensations, certainement pas des illusions. A l’image de cette Venise, cité de l’excellence et du secret, le livre est empli, en mots et images, d’intimité, de volupté. Dans la Venise des Delerm, le temps s’est arrêté et il semble que le sol tremble toujours un peu, même les soirs d’été au Campo San Polo…
« Fragments vénitiens » de Martine et Philippe Delerm. Seuil, 168 pages, 29 €.
« Clowns ! » de Pascal Jacob
Il peut être blanc ou Auguste. Arlequin, Jean-Baptiste ou encore un autre. On l’a qualifié de clown. Et avec le formidable « Clowns ! » de Pascal Jacob, on croit savoir que ce personnage qui a fait, un jour, choix de rendre heureux leurs contemporains et de réenchanter le monde est apparu très vraisemblablement vers 450 000 avant J.-C.
C’est, semble-t-il, dans ces années-là qu’eut lieu la première glissade- reste à savoir la cause en fut le hasard ou la vanité. Au fil des époques, le clown fut salué et façonné par William Shakespeare, Molière, Alfred Jarry, Federico Fellini ou encore Stephen King. Les frontières, il ne connaît pas, lui dont les ancêtres étaient bouffons, fous et farceurs. Et aujourd’hui, au XXIème siècle, il est partout- sur la piste, dans la rue, à l’hôpital… et parfois même en politique !
« Clowns ! » de Pascal Jacob. Seuil / BNF, 180 pages, 45 €.
« Les Dessins » de Franz Kafka
Pour un grand nombre, Franz Kafka (1883- 1924) est l’auteur éternel de « La Métamorphose » (1915), « La Colonie pénitentiaire » (1919) et « Le Château » (1926). Ça se sait moins mais il était également dessinateur- une activité qu’il a pratiquée entre 1901 et 1907 avec passion. Des œuvres qu’on retrouve aujourd’hui dans un volume essentiel simplement titré « Les Dessins ».
Après sa mort, ses dessins furent posés dans un coffre dans une banque à Zurich. En 2016, ils étaient mis au grand jour. Pour la première fois, pour la plupart inédits, ils sont rassemblés dans ce livre. En noir et blanc, des êtres fragiles, instables, ordinaires, fascinants… Un livre essentiel parce qu’on ne le dira jamais assez, Kafka fut un écrivain d’art et dessins…
« Les Dessins » de Franz Kafka. Les Cahiers Dessinés, 336 pages, 35 €.
« Méchant ! » de Renaud Lefebvre et Fabienne Waks
L’éditeur a prévenu, voici « enfin un livre qui ose être très méchant ». Et d’ajouter : « Et vous aimerez cela ! » Oui, avec « Méchant ! » publié sous la direction de Renaud Lefebvre et Fabienne Waks, c’est un hymne à la méchanceté. Attention, on précise, un hymne à la méchanceté éclairée. Elle serait le remède parfait pour lutter contre l’ambiance grisouille et conformiste de l’époque.
Alors, dans les pages de cet album, défilent les sales gueules du ciné, quelques bourre-pifs évidemment sournois, des méchants qui remisent aux vestiaires les héros… En 208 pages, ça décape méchamment- et ça fait un bien fou. Il y eut « Incorrect », maintenant place à « Méchant ! » A signaler l’impeccable préface du toujours excellent avocat Richard Malka.
« Méchant ! » de Renaud Lefebvre et Fabienne Waks. Le Cherche-Midi, 208 pages, 35 €.
« Le Corbeau » de Michel Pastoureau
Connu pour écrire sur les couleurs, Michel Pastoureau a lancé une collection consacrée à l’histoire culturelle des animaux. Après avoir raconté le loup puis le taureau, il s’est intéressé cette fois à un volatile. C’est « Le Corbeau », oiseau noir célébré dans les mythologies antiques.
De brillantes illustrations accompagnent et ponctuent un texte de haute volée pour raconter, vanter ce corbeau célébré par les peuples du Nord pour son intelligence, sa mémoire et ses dons de prophétie. Longtemps, les hommes d’Eglise lui ont conféré une place de premier choix dans le bestiaire du Diable. Aujourd’hui, signale Pastoureau, des études scientifiques montrent que, question capacités cognitives, le corbeau rivalise avec les grands singes…
« Le Corbeau » de Michel Pastoureau. Seuil, 160 pages, 19,90 €.
« Châteaux & Dépendances » de Catherine Scotto et Marie-Pierre Morel
Rien moins que la vie de château en près de 250 pages- une douce promesse tenue par Catherine Scotto et Marie-Pierre Morel, la première aux textes, la seconde aux photos pour « Châteaux & Dépendances ». Entre les mains, un bel objet, des mots délicats, des images élégantes, pour un certain art de vivre, du moins à en croire ces châtelains d’un nouveau genre, ni riches ni héritiers, qu’ont rencontrés les deux auteures.
Ils leur ont montré leurs demeures, loin des circuits touristiques, pour la plupart jamais ouvertes au public. Les occupants sont décorateurs, antiquaires, galeristes, artistes ou encore collectionneurs- et tous, ont un point commun : ils ont contracté le virus de la dépendance aux châteaux et aux dépendances. Ils en font fait un art de vivre…
« Châteaux & Dépendances » de Catherine Scotto et Marie-Pierre Morel. Editions de la Martinière, 240 pages, 39 €.
« Les Mondes d’Orsay » de Pierre Singaravélou
En long de rive gauche de la Seine, ce fut un palais qui accueillit le Conseil d’Etat à partir de 1810. Un incendie le détruisit, on y construisit une gare pour l’Expo universelle de 1900. En 1986, le bâtiment est devenu l’un des plus intéressants lieux culturels de Paris. Rédigé par Pierre Singaravélou, « Les Mondes d’Orsay » nous emmène à la découverte de ce musée.
Avec un guide aussi précieux et érudit que Singaravélou- professeur d’histoire au King’s College de Londres et à la Sorbonne à Paris, le musée révèle ses trésors de l’art occidental de 1848 à 1914, dans toute sa diversité : peinture, sculpture, arts décoratifs, photographie, architecture… Avec une exposition permanente de plus de 3 650 toiles dont 1 100 impressionnistes et post-impressionnistes.
« Les Mondes d’Orsay » de Pierre Singaravélou. Seuil, 192 pages, 18,50 €.
« La Panthère des neiges » de Sylvain Tesson et Vincent Munier
En 2019, ce fut un grand succès de librairie, complété par une estimable récompense : le prix Renaudot. « La Panthère des neiges » de Sylvain Tesson est de retour en librairies. Cette fois, en format beau livre, le texte intégral est accompagné, au nombre de cent, des photos magnifiques et inédites de Vincent Munier, photographe animalier de grande réputation et initiateur du projet.
Pendant des semaines, depuis les hauts plateaux du Tibet, ils ont poursuivi cette panthère des neiges, animal en sursis. Elèves de l’école de la patience, les deux- l’écrivain voyageur et le photographe, ont suivi la ligne maîtresse de leur quête. La découverte et le partage d’une beauté sauvage, d’une nature unique. Et soudain, est apparue la panthère des neiges.
« La Panthère des neiges » de Sylvain Tesson et Vincent Munier. Gallimard, 240 pages, 29,90 €.
Serge Bressan
