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Les trois livres de la semaine : Clara Ysé publie "Vivante", son premier recueil de poésie -Photo Smith

Sélection livres. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec « Vivante »,  le premier recueil de poésie de la chanteuse et romancière Clara Ysé, flottant entre deuil, tristesse et beauté de l’amour. On enchaîne avec « Vallée du silicium », le nouveau livre de Alain Damasio pour des chroniques de San Francisco en forme de guide du « biopunk ». On boucle avec « Krummavísur », le nouveau polar très réussi de Ian Manook qui, en compagnie de Kornelius Jakobsson, emmène le lecteur sur les terres islandaises.

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Les trois livres de la semaine : « Vivante » de Clara Ysé

CLARA YSÉ : « Vivante »

Elle chante magnifiquement- à preuve, « Oceano Nox », son deuxième album dans les bacs à l’automne dernier). Elle écrit élégamment- un premier roman, « Mise à feu », prix littéraire de la Vocation 2021, et ce printemps, « Vivante », un recueil de quatre-vingt-trois poèmes (dont l’ultime en anglais).

A 32 ans, Clara Ysé fait sensation dans le monde des arts et des lettres francophones. Fille de la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle, elle a débuté le violon à 4 ans, joué de la guitare, suivi des cours de chant lyrique… « Une voix qui soulève le sable, qui traverse le feu, transperce la nuit, franchit en souveraine des continents de sentiments et transporte avec elle la douleur autant que ses remèdes », assure sa société de production. Cette voix qui dit le deuil, la tristesse et la beauté de l’amour.

Avec Clara Ysé, on plane à des altitudes que tou.te.s autoproclamé.e.s « poètes en vers libre » du moment n’atteindront jamais. Tout, chez cette jeune femme, est choc et charme. Rompre, rêver, « Ramasse les mots perdus les mots oubliés / Les mots qu’aurait dits ta mère / Écoute-les en toi ils prennent refuge ». Musique poétique, poésie musicale pour la mélancolie vivante, pour le désir qui est la plus belle « façon d’honorer l’existence »…

  • « Vivante » de Clara Ysé. Seghers, 210 pages, 17 €.

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Les trois livres de la semaine : « Vallée du silicium » de Alain Damasio

ALAIN DAMASIO : « Vallée du silicium »

Tenu pour l’un des meilleurs auteurs de science-fiction de l’époque, il promène une rondeur bienveillante. Et manie l’art de la formule. Ainsi, présentant son nouvel et emballant livre, « Vallée du silicium », Alain Damasio a expliqué que « l’Amérique est le visage avancé de notre époque », confié qu’« on est dans un monde repensé par la Silicon Valley » et constaté qu’ « avec le monde numérique, nous sommes devenus les bureaucrates de nos propres vies ».

Tout cela, il le consigne donc dans ce livre rédigé au retour d’un séjour d’un mois en avril 2022 à la villa Albertine, à San Francisco. Après le succès de son précédent texte (« Les Furtifs », 2019), il s’est immergé dans la Silicon Valley, cette Vallée du silicium où le temps des chimères n’est pas une vaine notion, et n’a pas eu à se forcer pour observer chez l’homme son aliénation de l’homme au numérique.

Ce qui l’amène à envisager comment dépasser cette aliénation. Chez Damasio, il est question de « polytique », de création artistique ou encore d’écologie. Au fil des pages, il se plaît à lancer des néologismes, tels « numiversel » ou encore « Abracadata ». Dans « Vallée du silicium » qui a les belles allures des chroniques de San Francisco, avec pétillance et argumentation, Alain Damasio a écrit le premier guide du « biopunk » !

  • « Vallée du silicium » de Alain Damasio. Seuil, 336 pages, 20 €.
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Les trois livres de la semaine : « Krummavísur » de Ian Manook

IAN MANOOK : « Krummavísur »

Direction, le Grand Nord. L’Islande, terre des elfes et des volcans. Un chalutier est arraisonné par un hélicoptère des forces spéciales. A son bord, y est découvert le corps de la jeune Anika dont la disparition avait angoissé tout le pays. Un peu plus loin dans la lagune de Jökulsarlon, pris dans les glaces, sont découverts trois corps. Et puis, avec le réchauffement climatique qui a fait fondre la glace, apparaît une base nucléaire américaine…

Tout y est pour un polar du meilleur effet- ce qui donne l’excellent « Krummavísur », troisième polar (après « Heimaey » et « Askja ») du toujours impeccable Ian Manook qui, après quelques textes avec l’Asie pour décor, a changé de cap en installant son roman dans le Grand Nord.

La belle occasion, pour l’auteur, de remettre en piste le détective Kornelius Jakobsson, tenu pour le « pire meilleur flic » d’Islande, lui qui prend plaisir à saboter sa vie.

C’est donc à lui qu’est confiée l’enquête sur ces disparitions mais vite, il se trouve confronté à quelques politiciens pour qui « intégrité » est un mot absent de leur vocabulaire. Flamboyant autant qu’imprévisible, colosse magnétique, Jakobsson chante dans une chorale de femmes mais n’aime rien plus que fredonner, seul, la complainte triste du corbeau affamé, le Krummavísur…

  • « Krummavísur » de Ian Manook. Flammarion, 450 pages, 22,50 €.

Serge Bressan

 

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