Les romans du week-end : M. Embareck, R. Kushner, A. Laurain

Les romans du week-end
Les romans du week-end : Michel Embareck publie "Rock en vrac".

Les romans du week-end. Pour cette semaine, trois suggestions de lecture. On commence avec « Rock en vrac » de l’impeccable et indispensable Michel Embareck. On enchaîne avec l’une des meilleur.e.s auteur.e.s étatsunien.ne.s du moment, Rachel Kushner, pour « Le lac de la création », un texte en eaux troubles. On boucle avec « La dictée » d’Antoine Laurain qui soumet à la dictée de Mérimée les parents du petit Benjamin et leurs amis.

Les romans du week-end : « Rock en vrac » de Michel Embareck.

MICHEL EMBARECK : « Rock en vrac »

        Pour certain.e.s, la vie a pu être résumée en trois mots : sexe, drogues et rock’n’roll. Pour d’autres, toujours trois mots mais différents : polar, rugby et rock’n’roll- ce qui est le cas de Michel Embareck, longtemps « best » journaliste n’ayant son pareil pour commenter la pop-rock, le rugby et le fait divers.

On le retrouve, bonheur joyeux, avec « Rock en vrac », édité originellement en 2011, présenté ces temps-ci en une édition augmentée avec de nouveaux textes et de nouvelles photos. Aussi inspiré que l’ouvreur gallois Barry John (1945-2024) surnommé « The King » en ovalie, Embareck offre ses « rencontres avec des caïds du rock et du roman noir ».

En mots volant comme la gonfle à La Voulte ou à Christchurch, il conte quarante ans de rock, punk, blues et polar… Lui qui écrivit « Jim Morrison et le diable boiteux » et « Bob Dylan et le rôdeur de minuit », il évoque ce qu’il appelle le « rock artisanal ».

Au fil des pages, défilent les belles années du magazine Best, le rocker canadien Michel Pagliaro ou encore le génial Malcolm McLaren, tenu pour l’inventeur du punk, sans oublier Kingston, Jamaïque, le reggae, Jah, les carnets de voyage de Bernard Lavilliers… ou encore une étape à La Nouvelle Orléans, et même en bord de piscine, nuitamment, un certain Monsieur Zimmerman- oui, Bob Dylan. All that’s rock !

Les romans du week-end : « Le lac de la création » de Rachel Kushner

RACHEL KUSHNER : « Le lac de la création »

        L’intention est annoncée : « J’essaie d’évoquer avec drôlerie les périls qui nous menacent ». Et Rachel Kushner, auteure étatsunienne remarquée précédemment pour « Télex de Cuba » et « Les Lance-flammes », d’ajouter : « Je suis contrainte à l’optimisme ».

Tout auréolé d’une place de finaliste du Booker Prize et des compliments de Bret Easton Ellis, son quatrième et nouveau roman, « Le lac de la création », propose un récit en eaux troubles, en France- dans un village entouré de fermes centenaires et de grottes millénaires, un endroit qui évoque la Dordogne. Une ancienne agente du FBI, Sadie Smith, y débarque- on apprend qu’elle est envoyée là par de mystérieux et puissants employeurs dans une communauté d’éco-activistes.


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Ce qui lui est demandé : amener les militants du Moulin à commettre des actes et ainsi provoquer la réaction de l’Etat français. Problème : les employeurs vont demander à Sadie Smith encore plus alors qu’elle est subjuguée par les écrits du maître à penser nihiliste de la communauté- il y a risque que son pouvoir de séduction se retourne contre elle. Des « incorruptibles » à la petite semaine ont vu dans ce « Lac de la création » une écriture plate et prétentieuse ; d’autres évoquent un bonheur de lecture, mix parfait entre « Kill Bill » de Tarantino et un roman de John le Carré.

  • « Le lac de la création » de Rachel Kushner. Traduit par Emmanuelle et Philippe Aronson. Stock, 482 p. 23,90 €.
Les romans du week-end : « La dictée » d’Antoine Laurain

ANTOINE LAURAIN : « La dictée »

        Soit la famille Mercier. Pierre le père est chef d’entreprise, Pauline la mère est pharmacienne. Ils sont mariés depuis dix ans, le couple vivote… et ils ont un fils, Benjamin, 8 ans et demi… A l’école, celui-ci a complètement raté l’exercice du jour ; résultat, la maîtresse, Madame Pichard, lui a mis la pire note : zéro ! Pierre et Pauline décident alors, pour aider leur gamin, de s’essayer eux aussi à la dictée. Ils organisent un pique-nique pour la fête de fin d’année de l’école des Buttes-Chaumont, invitent une dizaine d’adultes… et c’est un académicien en grand habit vert qui vient leur faire passer l’épreuve : rien moins que la dictée de Mérimée, écrite en 1857 à la demande de l’impératrice Eugénie (l’épouse de Napoléon III) et surtout réputée la plus difficile de la langue française.

Auteur de bonne renommée avec une dizaine de romans sur son CV, Antoine Laurain signe là « La dictée »– un roman en apparence léger mais dans lequel, avec force humour et tendresse, il décline les souvenirs déclenchés chez les participants à la dictée- leur première rencontre à la pharmacie, la maison des parents de Pauline en Normandie vendue depuis… Et ce constat : la dictée « ressemble à la vie. Elle est plutôt amusante et ce n’est pas si grave si on y fait des fautes ».

  • « La dictée » d’Antoine Laurain. Flammarion, 162 pages, 20 €.  

Serge Bressan

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Serge Bressan