Livres. Pour « Contre nature » – son troisième roman, Cathy Galliègue met en scène et en prison trois femmes. Des femmes aux destins brisés. Un roman tout en élégance.
Dans son nouveau roman, texte choc et émouvant avec la prison pour décor, Cathy Galliègue met en scène trois femmes aux destins brisés. Trois femmes qui ne veulent pas aller contre nature. Peut-être parce que la réalité n’a pas besoin d’elles…
En ouverture, on lit des mots de l’écrivain portugais Fernando Pessoa (1888- 1935) : « La réalité n’a pas besoin de moi ». Belle entrée pour « Contre nature », le troisième et nouveau roman de Cathy Galliègue, après les remarqués « La nuit, je mens » (2017) et « Et boire ma vie jusqu’à l’oubli » (2018).
L’auteure a vécu de longues années en Guyane française où elle a dirigé le Labo des histoires. Dans son nouveau roman, texte choc et émouvant avec la prison pour décor, elle met en scène trois femmes. Des femmes aux destins brisés, à l’histoire de vie différente. Toutes trois n’ont rien en commun et ne sont pas en quête d’amitié, pourtant dans cet univers pénitentiaire, elles vont se rencontrer, se rapprocher. L’une d’elles : « A partir de ce moment-là, on m’a appelée « détenue ». Je suis entrée dans un monde qui n’existe pas, dans lequel les codes et la liberté de la société du dehors n’existent plus, où chaque chose anodine du quotidien est soumise à autorisation et où même le nom est remplacé par un numéro. Mais ça n’est rien. Ça n’est rien à côté de l’odeur « …
Il y a Vanessa surnommée Paradis- elle a vendu son corps avant de vendre celui d’autres jeunes filles ; et aussi Pascale qu’on appelle Culbuto- elle a été condamnée parce qu’elle a tué ses bébés ; et enfin Leïla, alias le Rat parce qu’elle est auxiliaire à la bibliothèque de la prison- elle rêvait d’une vie hors des sentiers battus, s’est mariée à un homme pervers qu’elle a tué.
Deux ans après ”Et boire ma vie jusqu’à l’oubli”, Cathy Galliègue publie « Contre nature », son troisième romanC’est justement à la bibliothèque que les trois femmes vont se croiser, se rencontrer. Au fil des pages, chacune se raconte- le dernier chapitre sera déroulé à trois voix. En magnifique redresseuse de torts, Leïla s’est mise en tête d’initier à la lecture et l’écriture Pascale et Vanessa, de faire tomber leurs réticences. Avec élégance dans ce récit aussi brut que brutal, Cathy Galliègue montre que ces trois femmes, qu’on aimerait qualifier de « puissantes », n’ont rien en commun, qu’aucune d’entre elles ne recherche la moindre once d’amitié. Trois femmes qui ne veulent pas aller contre nature. Peut-être parce que la réalité n’a pas besoin d’elles…
Serge Bressan
- Lire : « Contre nature » de Cathy Galliègue. Seuil, 272 pages, 18 €.
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