olivier liron le livre de neige
Olivier Liron : l'écrivain était l'invité de Festi'mots, où il a présenté son roman "Le livre de neige"

Littérature/Interview. Olivier Liron était invité à Festi’mots, le festival de la lecture à haute voix de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or à proximité de Lyon. L’écrivain y a présenté « Le livre de Neige », un récit qui s’inspire du parcours de sa mère ayant quitté l’Espagne avec ses propres parents pour venir s’installer en France dans les années 60. Accompagné de musiciens, l’auteur y a lu quelques extraits de son roman, lecture très émouvante d’un texte qui met en valeur le parcours d’une femme éprise de liberté. Entretien.


Olivier Liron : « Dans ce livre je traite de la différence sociale. Celle d’être un immigré issu d’un milieu très modeste. C’est de l’isolement dans la souffrance dont je parle dans ce livre »


olivier liron le livre de neige
Olivier Liron au festival de lecture Festi’mots

En quoi vos origines ont-elles marqué votre enfance ?

Olivier Liron : Dans ce livre je traite de la différence sociale. Celle d’être un immigré issu d’un milieu très modeste. Mes grands parents sont ouvriers et ma mère a un parcours de « transfuge de classe » puisqu’elle est devenue enseignante. Ce sentiment de décalage, de honte que cela peut générer, m’a touché. C’est un grand thème dans lequel on peut tous se retrouver, celui de la différence et de la souffrance qu’elle engendre qui est quelque chose d’universel. C’est de l’isolement dans la souffrance dont je parle dans ce livre mais aussi de ce qui nous sauve et en particulier la lecture et l’écriture.

Comment avez-vous appréhendé cette question de la distinction entre l’émigré et l’immigré ?

Olivier Liron: Pendant les cours d’histoire on fait l’apprentissage des concepts d’émigration et d’immigration. Pour l’enfant que j’étais, j’avais une mère qui était à la fois une émigrée puisqu’elle avait quitté son pays et une immigrée puisqu’elle était arrivée en France avec mes grands-parents. Je percevais alors l’artificialité de cette distinction puisqu’au final c’était la même trajectoire humaine. En théorie ce sont deux choses différentes alors qu’au fond c’est la même chose. Cela conduit à une double peine : ils sont vus comme des gens qui ont déserté et rompu des liens en abandonnant leurs familles et le deuxième stigmate est celui de l’immigrant dont l’intégration peut être difficile. On souffre d’avoir perdu quelque chose et on souffre de ne pas avoir trouvé sa place.

Comment avez-vous réussi à décrire ces quartiers de Saint Denis où se retrouvaient tant d’immigrants espagnols ?

Olivier Liron : Je n’ai pas voulu faire un travail d’historien mais j’ai fait quand même un travail de documentation et recueilli le témoignage de ma mère. J’ai perçu ce vertige de débarquer dans un pays qu’on ne connaît pas en ayant aucune connaissance de la langue. On vit d’abord dans des hôtels un peu miteux, dans des chambres de bonnes partagées avec d’autres femmes de ménage espagnoles et puis on tente de s’en sortir grâce à l’école.



C’est une aventure qui force l’admiration et qui suppose une détermination et un désir farouche de liberté. C’est intéressant humainement et du point de vue romanesque. C’est une sorte d’odyssée, une épopée minuscule. Celle d’une personne qui voyage, qui déjoue des pièges. Il y a une sorte d’aventure de l’exil qui, dans mon livre, est assez peu nostalgique. Car ma mère a quitté l’Espagne, à cette époque un pays sinistre qui avait connu 30 ans de dictature. Un pays de misère économique où les femmes ont un rôle d’esclave domestique. C’est un pays que ma mère ne regrette à aucun moment. C’est ce  qui fait le caractère assez joyeux de l’histoire car c’est un chemin vers la liberté. Ce n’est pas seulement un déracinement, c’est aussi une conquête.

Entretien réalisé par Yves Le Pape

  • A lire : Olivier Liron, « Le livre de Neige », Gallimard, Collection Blanche, 240 pages.

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