dominique barberis
La romancière Dominique Barbéris figure parmi les six finalistes du Prix Fémina 2019 (c) Anne Bourguignon

LIVRE. Derrière les murs des pavillons de la paisible et chic Ville-d’Avray se cachent des secrets et des rêves. Dans le dernier roman de Dominique Barbéris, l’héroïne Claire Marie dévoile à sa sœur une brève rencontre avec un homme de hasard. Plus rien ne sera comme avant.

Dans « Un dimanche à Ville-d’Avray », la romancière Dominique Barbéris décrit par touches impressionnistes la dilatation des heures et nous fait pénétrer dans ces pavillons trop propres, trop tranquilles, aux rideaux tirés, aux dialogues murmurés où les années se suivent invariables

Un dimanche d’été comme un autre, sauf qu’il n’aura rien d’ordinaire et après ce moment partagé plus rien n’aura la même saveur pour deux sœurs. De leur enfance passée en Belgique, à rejouer dans leur chambre Jane Eyre et l’arrivée intempestive de Rochester, l’aînée Claire Marie métamorphose ces moments imaginaires en scènes sublimées de l’ennui. Une enfance envahissante, encombrante dont elle ne peut se séparer. De ces dimanches enfant, elle garde le goût du silence et de la lande ravagée par le vent. Cette femme qui « a toujours l’air d’être ailleurs « , « fait penser à ses canards qui ont l’air de glisser sur l’eau (un glissement d’objets immobiles) mais leurs pattes remuent sous la surface à toute allure », un trompe-l’œil aux secrets enfouis.

Quand elle reçoit la visite de sa sœur à Ville-d’Avray, elle va lui livrer une histoire arrivée quinze ans plus tôt. Un espace d’intimité se transforme en confidences. Est-ce l’univers ouaté, le temps suspendu, l’immobilité de cette ville de banlieue qui encouragent un déferlement de paroles ? Claire Marie fait, par hasard, la connaissance d’un homme d’origine hongroise. Elle se lance presque avec insouciance dans une aventure avec un être énigmatique, elle sait seulement qu’il a fui le régime communiste de son pays, il semble lui mentir et laisse des zones sombres sur sa vie. Cette infraction dans le réel la transporte et lui fait peur en même temps.

Dans son dernier roman « Un dimanche à Ville-d’Avray », Dominique Barbéris décrit par touches impressionnistes la dilatation des heures, un quotidien chronométré, inchangé, le passage des saisons sans aucun événement notable sinon le cambriolage d’une maison ou la présence insolite d’un vagabond. Au cours de la journée, la cadette se souvient d’une phrase d’un de ses professeurs : « Toutes blessent (les heures), la dernière tue. » Claire Marie ne rejoindra pas son inconnu ou préfère-t-elle laisser le doute planer dans l’esprit de sa sœur ?
dominique barbéris un dimanche a vllle d'avrayLa romancière nous fait pénétrer dans ces pavillons trop propres, trop tranquilles, aux rideaux tirés, aux dialogues murmurés où les années se suivent invariables. Claire Marie en étant élue par cet homme de passage rêvait sa vie, celle qui venait de très loin, de ces dialogues avec Rochester. Elle se vivra en héroïne mélancolique même si elle a touché du doigt le songe d’une illusion.

  • « Un dimanche à Ville-d’Avray »
    Dominique Barbéris
    Arléa, 125 pages, 17 euros

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