nick hornby un mariage en dix actes
Nick Hornby. Photo Parisa Tagizadeh

Livre. Prince de la littérature pop et grand fan de football, le Britannique Nick Hornby est de retour. Avec un roman aussi pétillant qu’étourdissant où le dialogue tient l’essentiel de la place, avec un couple à la dérive.

« Un mariage en dix actes » est l’étincelant roman de la haute infidélité ! Hornby, c’est l’efficacité chirurgical du buteur style Robert Lewandowski, le Polonais du Bayern Munich, ou Karim Benzema, le Français du Real Madrid… En quelques mots, tout est dit. Et c’est pétillant, enthousiasmant, étourdissant, émouvant

un mariage en dix actesDans un pub londonien, il a déjà bu la moitié d’une pinte de bière et complète la grille de mots croisés du « Guardian ». Cette semaine, c’est la première fois qu’il vient dans ce pub. Tom, la quarantaine, y a rendez-vous avec sa femme Louise– ils vont s’y retrouver une fois par semaine pendant dix semaines, pendant une dizaine de minutes avant d’aller chez la conseillère conjugale dont le cabinet est en face du pub… Ils sont mariés depuis quinze ans et ont un fils, Dylan- dyslexique ; ils sont séparés depuis que Louise a couché avec un autre homme- ce qu’elle définit comme « un dérapage, répété par trois fois. Le premier étant le péché originel, si tu veux. Et les autres, des doublons ».

Bière anglaise pour lui, vin blanc français pour elle, Tom et Louise étaient convaincus de la stabilité de leur couple, ils étaient persuadés du calme de leur vie conjugale. Un accroc au pacte du mariage les a menés au bord du précipice. Et chaque semaine, autour d’un verre (parfois deux), ils revisitent leurs jours et leurs nuits communs. C’est un couple au bord de la crise de nerfs… et du divorce. C’est « Un mariage en dix actes », le nouveau « roman » du romancier, essayiste, journaliste, parolier et scénariste britannique Nick Hornby, 63 ans. Dans le passé, prince de la littérature pop et grand supporter d’Arsenal- le club de foot londonien, il nous a fait don de textes définitifs, tels « Carton jaune » (1998),  » Haute Fidélité » (2000), « La Beauté, mode d’emploi » (2001) ou encore « Juliet, Naked » (2010)…

Louise bosse auprès de personnes âgées avec des infirmières polonaises. Tom est critique musical, spécialiste pop-rock, et il vit dans un squat depuis qu’il a quitté le domicile conjugal. Sur la couverture d’« Un mariage en dix actes », il est indiqué « roman »- c’est tout le talent de Nick Hornby de bousculer les règles du jeu (littéraire) puisque son nouveau texte est découpé en dix chapitres, en dix actes (comme indiqué dans le titre) avec quelques remarques, précisions et détails pour informations et surtout le dialogue entre Tom et Louise. Certains avaient lancé le  » romanquête », d’autres le « rompol » (pour roman policier), avec Hornby c’est le  » romanthéâtre »… et c’est pétillant, enthousiasmant, étourdissant, émouvant, tel cet extrait :

« –Certains coups étaient en dessous de la ceinture.

N’est-ce pas inévitable ? Ce n’est pas ton visage que j’ai envie de cogner.

J’aurais cru que tu aurais à cœur d’encourager tout élément d’anatomie situé en dessous de la ceinture, pas de les rendre inutilisables.

Oui, je suis désolée. Mais on parle ici par métaphore. Dans la réalité, je n’ai rien attenté contre ton intégrité physique.

Les métaphores dans les couilles, ça peut faire aussi mal qu’un coup de pied ».

Ainsi, dans toutes les pages, l’auteur va toujours à l’essentiel : les fioritures, ce n’est pas pour lui. Hornby, c’est l’efficacité chirurgical du buteur style Robert Lewandowski, le Polonais du Bayern Munich, ou Karim Benzema, le Français du Real Madrid… En quelques mots, tout est dit. Ainsi, quand Louise glisse à Tom qu’elle s’ennuyait avec lui. Ou encore qu’elle ne peut pas passer ses jours et ses nuits avec un homme qui a voté pour le Brexit alors qu’elle a voté contre

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Nick Hornby. Photo Parisa Tagizadeh

Hornby, c’est aussi une bonne dose d’humour- et aussi de philosophie définitive, à l’exemple de Tom lorsque, ne pouvant qu’accepter de constater que son couple est à la dérive, lance : « Un mariage, c’est comme un ordinateur. Voilà le problème. On peut toujours le démonter pour explorer l’intérieur, mais quand on se retrouve avec des milliers de pièces détachées, on n’est pas plus avancé »… Et c’est ainsi qu’« Un mariage en dix actes » est l’étincelant roman de la haute infidélité !

Texte Serge Bressan

  • A lire : « Un mariage en dix actes » de Nick Hornby. Traduit par Christine Barbaste. Stock, 184 pages, 16 €.

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