Jean-Michel Boris, ancien directeur artistique de l’Olympia, se souvient des concerts de Johnny, arrivé avec la vague yé-yé, et qui a tout balayé sur son passage.
«Il est arrivé avec les yé-yé, et il a balayé vraiment tout ce qu’il y avait auparavant, à part quelques rares exceptions comme Piaf, Bécaud ou Aznavour. On s’est bien rendu compte avec Bruno Coquatrix qu’il y avait une vague de fond musicale qui était en train de déferler sur la France sans vraiment avoir conscience de son énormité qui a engendré un renouvellement complet de toutes les stars du music-hall. À partir de 1961, Claude François, Johnny Hallyday, Richard Anthony, Sylvie Vartan… C’est une vague de fond importante qu’il fallait appréhender et jouer sur scène. Johnny, c’est l’image retranscrite en France d’Elvis Presley aux États-Unis avec toutes les petites outrances que l’on peut connaître au départ. Quand il se produit en 1960 à l’Alhambra en première partie de Raymond Devos, dans la salle il y a du remue-ménage, avec certains qui applaudissent et d’autres qui hurlent.
Soixante ans de carrière et des millions de disques vendus
C’est tout un truc nouveau, et voir Johnny qui se roule par-terre à la troisième chanson, les gens ne comprennent pas très bien. Mais c’est vrai qu’après il y a toute la jeunesse qui fond derrière. Soixante ans de carrière et des millions de disques vendus, Johnny, c’était un personnage hors du commun. Dès qu’il entrait en scène, c’était des hurlements, des cris, des pleurs, des envois de fleurs. C’était vraiment l’idole des jeunes. Indiscutablement, Johnny, c’est un événement comme a pu l’être Piaf. À mon avis sa cérémonie d’enterrement va être un événement national. S’il est enterré au Père-Lachaise et que le corbillard traverse Paris, je suis sûr que de chaque côté des boulevards il y a aura énormément de monde. Il y a des gens pour qui il ne représente pas grand-chose, mais je suis sûr qu’avec sa disparition, tout d’un coup, ils changeront d’avis, ils iront à sa rencontre. Mort, il aura beaucoup plus d’impact encore. Johnny, c’est tout un pan de l’histoire. Il a apporté beaucoup à la musique. Il a eu des moments de désert dans sa carrière où sa popularité flanchait, mais il est toujours revenu. On le voyait parfois fatigué, mais, dès qu’il était sur scène, il était absolument magnifique. »
Jean-Michel Boris,
Ancien directeur artistique de l’Olympia