putain arno est mort
Arno est décédé des suites d'un cancer du pancréas à l'âge de 72 ans

Disparition. Icône de la scène rock belge, le chanteur Arno connu pour sa voix rocailleuse teintée d’un accent flamand, sa chevelure en bataille et ses excès, est décédé des suites d’un cancer à l’âge de 72 ans. 


« Putain, putain », Arno s’est fait la belle et nous laisse sans voix


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« Putain », Arno s’est fait la belle et nous laisse sans voix

Il aura tout donné à la musique, qui l’aidait à tenir et à lutter contre la maladie et le cancer du pancréas dont il souffrait depuis quelques années. Arno est mort, putain, ça fait quelque chose, comme un copain qui s’en va et nous laisse orphelins. Le chanteur, tout aussi poète que punk, toujours un peu déchiré et affectueux, aimait la vie, tellement qu’il avait tenu à baptiser son dernier opus « Vivre ».

C’était en 2021, un an après qu’il ait annoncé que le crabe s’était incrusté, l’épuisant tous les jours un peu plus. Il avait trouvé la force et l’énergie nécessaires pour enregistrer cet album sorti le 21 mai, le jour de son anniversaire. Le chanteur ostendais y revisitait d’une voix rocailleuse ses propres chansons, sur des arrangements dépouillés, aux côtés du pianiste Sofiane Pamart. Un disque piano-voix intense, tout en émotion, où Arno mettait son cœur à nu pour un registre à fleur de peau. Comme s’il avait conscience que ces notes et ces mélodies seraient peut-être les dernières.



Souvent comparé à Tom Waits à cause de son timbre rauque et sa présence scénique quelque peu déglinguée, Arno s’était révélé au début des années 1980 au sein du groupe TC Matic. Les études, ce n’était pas son truc. Il avait quitté le lycée vers l’âge de 18 ans pour prendre le large en Europe, en Inde, à Katmandou, chantant ici ou là, s’accompagnant de sa guitare. Puis, il était revenu vers sa Belgique natale pour jouer dans des formations de la génération new wave, avec déjà cette voix unique à l’accent flamant.

Figure belge du rock, il met fin à l’aventure collective pour se lancer dans une carrière solo. Il ne rêve que d’une chose, s’affranchir des codes traditionnels du rock pour des expériences beaucoup plus déstructurées, s’essayant à trous les styles, country, folk ou blues. Avec déjà ce goût pour le répertoire francophone. Il n’hésite pas à reprendre « Le Bon Dieu » de Brel et plus tard «Les filles du bord de mer » d’Adamo, qui faisait chalouper son public lors de ses concerts, « Comme à Ostende » de Ferré.

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Arno & Sofiane Pamart lors de l’enregistrement de l’album « Vivre » ©Danny Willems

Il y aura également l’émouvant « Les yeux de ma mère », « Je ne veux pas grandir », « Oh la la la », « Chic & pas cher » et bien sûr « Putain, putain ». Il suffisait qu’il chante : « c’est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens » (récemment interprété sur scène en duo avec Stromae) pour qu’on ait envie de la suivre vers un monde fait d’espoirs et de désir de donner un grand coup de pied à ce système dans lequel il se reconnaissait de moins en moins. Un monde où il se sentait à l’étroit, « comme une mouche enfermée dans une bouteille vide ».

Arno s’est fait la belle

Arno était magistral dans tous ses délires poétiques, incontrôlables souvent, mais tellement créatifs. A l’image de son avant-dernier album « Santeboutique » et son joyeux bordel, un bazar musical comme seul il savait les inventer. Trainant son ennui sur le sable d’Ostende, au réel, il préférait « Lady Alcohol », la rêverie et la mélancolie mêlées aux guitares sous-tension. Le ciel, regarder la haut pour mieux se shooter à l’adrénaline du vent et des mouettes : «surtout à dix heures du matin ou quand le soleil se couche » souriait-il : » Là, tu vois cinq peintures de Spilliaert. Cela me rend nostalgique, mélancolique, alors que je ne suis ni l’un ni l’autre. Parce que c’est de l’art. Des trips, tout ça sans joints

Icône musicale, il s’est fait la belle en ce week-end de printemps, alors que pointaient les premiers rayons de soleil. Il nous manque déjà, mais putain, putain, on ne l’oubliera pas.

Victor Hache

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