Quatre ans après « Human Incognito« , Arno est de retour et bouscule magnifiquement l’air ambiant avec un nouvel album, le 13ème de sa carrière produit par le Britannique John Parish. « Santeboutique » est un joyeux bordel, un bazar musical comme seul sait les inventer le plus rock des chanteurs belges.
Dans « Santeboutique« , Arno nous entraîne du côté de la mer du Nord et chante Ostende qui l’a vu naître en 1949, ville du littoral flamand qui inspira Léo Ferré ou des peintres comme James Ensor et Léon Spilliaert
Qu’on se le dise Arno , 70 ans, est plus que jamais vivant et livre « Santeboutique », un album aux antipodes des productions lisses d’aujourd’hui, où chacun puisera ce qu’il voudra. Rocker et poète tourmenté, voix rauque à la Tom Waits, il nous entraîne du côté de la mer du Nord « salée et toujours mouillée » et chante Ostende qui l’a vu naître en 1949, ville du littoral flamand qui inspira Léo Ferré ou des peintres comme James Ensor et Léon Spilliaert. Le titre « Oostende bonsoir« résonne déjà comme un classique du répertoire du chanteur qui compte de nombreux succès : « Putain, Putain », « Les yeux de ma mère », « Oh la la la », « Chic & pas cher »… L’interprète des « Filles du bord de mer » (reprise d’Adamo) traîne son ennui sur la grande plage de la station balnéaire belge et shoote dans le sable d’où jaillit sa nouvelle étincelle mêlée d’adrénaline et de nostalgie : « Le vent et les mouettes, surtout à dix heures du matin ou quand le soleil se couche. Là, tu vois cinq peintures de Spilliaert. Cela me rend nostalgique, mélancolique, alors que je ne suis ni l’un ni l’autre. Parce que c’est de l’art. Des trips, tout ça sans joints . »
Arno regarde le temps qui passe et le monde qui ne tourne pas rond, avec ses relents de populisme à travers la chanson « They are coming », qui ouvre le disque: « on est comme dans les années 1930 ? Non ? « dit-il « La révolte a passé de mode. Et le conservatisme a une érection comme la Tour Eiffel « . Un monde où il se sent à l’étroit, « comme une mouche enfermée dans une bouteille vide » chante celui qui hier était « un beau jeune gauchiste », qui se voit aujourd’hui comme « un vieux pessimiste ».
Entre rêveries mélancoliques et guitares sous tension, il laisse parler son cœur, célébrant l’existence où « Lady Alcohol » n’est jamais loin. Alors, on se raccroche à ses mots pour mieux saisir celui qui a toujours su s’échapper vers la liberté: « Il y a un court-circuit dans mon esprit/ save me » ou « j’ai perdu ma jeunesse, mais j’aime toujours Elvis » lance-t-il. Arno, que la musique a toujours sauvé de tout, nous gratifie en clôture d’un brûlant « Flashback blues » : « Je fais des disques pour faire des concerts. C’est le but ultime » souligne l’artiste qui sera en tournée à partir du 11 octobre et au Trianon à Paris le 11 février.
Album « Santeboutique » – sortie le 13 septembre. Believe/Naïve.
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