Musique. La chanteuse Suzane a dévoilé vendredi « Clit is Good », un nouveau titre qui parle d’un sujet tabou : le plaisir féminin solitaire. Un morceau, dont le clip élégant aux ambiances suggestives a été censuré sur YouTube, qui a décidé depuis lundi de l’interdire aux moins de 18 ans, ce qui a aussitôt fait réagir l’artiste qui a tenu à prendre la parole sur ses réseaux sociaux.
Suzane sort « Clit is Good » : une ode au plaisir féminin interdite par YouTube
Comment faire bouger les lignes en parlant d’un sujet tabou : le plaisir féminin solitaire ? Longtemps, Suzane s’est demandée comment elle pouvait aborder ce thème qui lui tenait à cœur, dans une chanson : « La première fois que j’ai fredonné ce refrain, c’était dans ma tête. Alors que la mélodie et les mots montaient crescendo dans mon esprit, je les gardais inconsciemment, comme un secret. Je me disais que ce serait délicat de le chanter à haute voix » écrit la chanteuse sur ses réseaux sociaux, qui « à tenu à prendre la parole à la suite de cette censure » du clip « Clit is Good », interdit aux moins de 18 ans.
Un titre plutôt sage en vérité, dont le clip mis en ligne vendredi, n’a rien de vulgaire. Au contraire, il évoque dans des ambiances artistiques élégantes et sensuelles, le sujet de la masturbation féminine : «Clit is good / J’me fais des films érotiques, dans ma tête, j’me fais un trip / I feel good, la main dans mon jean, je touche au monde magique » dit par exemple le refrain. « J’ai touché du bout des doigts / Un rêve classé X, non censuré / (…) Je me dessine sans contourner toutes les zones d’ombre, je trace l’origine du monde » chante Suzane.
Avant de sortir ce nouveau titre, la chanteuse qui a séduit le public avec son premier album « Toï Toï », se demandait pourquoi elle ressentait « une gêne » à l’idée d’écrire sur ce sujet : « Qu’est ce qui me retenait vraiment de poser des mots, CES mots, sur des notes et à voix haute ? » s’interroge celle qui avait la sensation de se « censurer » en n’abordant pas la question du plaisir féminin, qui reste « un vrai tabou ».
Le clip « Clit is good » (dont le titre joue avec clitoris et Clint Eastwood) a été réalisé par Charlotte Abramov, auteure du clip « Balance ton quoi » d’Angèle. Il met en scène trois femmes non dénudées d’âges différents, l’actrice Déborah Lukumuena, qui a reçu un César pour un second rôle pour son premier film « Divines », Kit Picamoles et la comédienne espagnole Victoria Abril, dont les gestes évocateurs suggèrent la jouissance en solo, tandis que Suzane apparaît le corps recouvert d’une peinture dorée pailletée, sur le mode body painting. Pas de quoi s’offusquer au regard de l’environnement pornographique qu’on peut voir quotidiennement sur le Net.
Des images qui n’ont pas été du goût de YouTube, considérant que la vidéo pouvait être « inappropriée pour certains utilisateurs». De quoi choquer les fans de la chanteuse qui ont aussitôt lancé une pétition sur la plateforme Leslignesbougent.org pour que le clip « ne soit plus censuré pour les mois de 18 ans »
« On ne m’a jamais parlé du plaisir féminin à vrai dire » explique Suzane « À l’adolescence, cet âge où les langues se délient pour les garçons qui comprennent que leur désir est naturel, qu’il doit et peut être assouvi, aux questions que pourraient se poser les filles la réponse est un long silence … Comme si l’on éduquait les filles en leur disant qu’il ne faut pas parler de ces choses-là, que ça serait plus déplacé pour elles que pour les garçons ».
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« Quand on y réfléchi, c’est plutôt étonnant de renier et de culpabiliser le plaisir des femmes dans une société où leur corps est constamment utilisé pour éveiller le désir des autres ! » Et de poser la question : «Est-ce que la non-représentation du sexe féminin, par extension l’oppression du désir des femmes, peut entrer dans la liste des inégalités de genre ? : avec cette chanson, j’ai eu à cœur de mettre le projecteur sur une zone d’ombre du corps féminin, je lève le voile et je retrace l’origine du monde trait pour trait, avec l’espoir de faire bouger un peu les lignes » souligne-t-elle.
Victor Hache