Musique. Sept ans après son premier disque et après l’aventure de son roman à succès « Petit pays », le rappeur-écrivain Gaël Faye sort « Lundi Méchant ». Un album coloré, poétique, chantant et conscient du malaise du monde contemporain, dans lequel il revient à la musique, la source à laquelle il aime s’abreuver.
Après l’aventure de « Petit Pays » et le succès de son roman écoulé à un million d’exemplaires en France, traduit en 40 langues et adapté au cinéma par Éric Barbier, Gaël Faye a voulu revenir à la musique, la source à laquelle il aime s’abreuver.
Auteur-compositeur, rappeur et écrivain, il revient avec « Lundi Méchant », un album aux textes moins introspectifs que dans son précédent opus « Pili-Pili sur un croissant au beurre » (2013).
Un disque sensible, où le chanteur né d’un père français et d’une mère rwandaise, faisait écho à son sentiment de « double appartenance » culturelle. Suite à la guerre civile au Burundi (1993) et au génocide des Tutsis au Rwanda (1994), contraint de quitter son pays natal pour la France en 1995, il y racontait la douleur de l’exil. Il a 13 ans et vit son départ comme un « déchirement et une perte de repères » et se reconstruit grâce à la musique dans laquelle il a toujours baigné, entre jazz, rumba congolaise, samba et hip-hop.
Des influences solaires et colorées que l’on retrouve dans « Lundi Méchant », qui aborde des thématiques plus universelles : « Je voulais que ce soit suffisamment large pour ne pas systématiquement renvoyer à moi. D’une certaine manière, il y avait la volonté de faire disparaitre le « Je » « confie-t-il.
L’album est traversé d’ambiances acoustiques et digitales, de boucles rap et de chansons aux contours poétiques laissant place à un certain dépouillement : « Ce n’est pas évident pour moi, car j’aime la transe des mots, bombarder les oreilles et le cerveau de l’auditeur avec des images, des idées » sourit-il : « On a beaucoup épuré en cours de route. Partout, j’ai recherché plus de musicalité, que mes titres soient plus facile à chanter pour le public. »
Un album chantant qui invite à « Chalouper » sur un air de calypso, tout en étant conscient du monde qui va mal et nous étouffe. A l’image de la chanson « Respire » qui témoigne de la « course folle dans laquelle nous autres, citoyens post modernes, sommes lancés ».
Un registre teinté d’espérance, de rêve de bienveillance et de désir de fraternité marqué par plusieurs rencontres : la canado-haïtienne Melissa Laveaux, le chanteur-acteur américain, militant des droits civiques Harry Belafonte – « l’un de mes héros absolus » dit Gaël Faye – le chanteur et compositeur anglais Jacob Banks ou encore l’ex-Garde des Sceaux Christiane Taubira, qui a écrit le texte « Seuls et vaincus », chanson qui raconte son combat contre « l’intolérance et le racisme ».
Victor Hache