en fanfare
"En Fanfare" : Jimmy (Pierre Lottin, à gauche) et Thibault (Benjamin Lavernhe) ignoraient qu'ils étaient frères mais partagent la même passion pour la musique - Agat Films/France-2 Cinéma).

Sortie cinéma. Voici sans doute le meilleur moyen de finir l’année au cinéma: « EN FANFARE », ce mercredi 27 novembre sur les écrans, est un film épatant qui, par son mélange d’émotion et de drôlerie, fait du bien au cœur et au cerveau.


« En Fanfare » : à la fois une comédie, une comédie sociale et un film qui alterne subtilement l’humour et la gravité


C’est l’histoire de deux trentenaires qui ne savaient pas qu’ils étaient frères et qui le découvrent un jour. Chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde, Thibaut (Benjamin Lavernhe) apprend qu’il a une leucémie et a besoin, pour en guérir, d’une greffe de moelle osseuse.

Frère inconnu

Sa sœur n’est pas compatible, et pour cause: à 37 ans, sa mère apprend à Thibault qu’il a été adopté. Et qu’il a un frère, adopté lui aussi, dans une autre famille, plus modeste: Jimmy (Pierre Lottin), employé de cantine scolaire dans le nord de la France. Leur mère est morte quand ils étaient enfants et ils ne se sont pas connus.

Thibault retrouve ce frère inconnu et lui explique la situation. Jimmy est d’abord stupéfait, puis accepte la greffe de moelle.

L’amour de la musique

Tous deux sympathisent, Thibault découvre que Jimmy adore le jazz et joue du trombone dans une fanfare locale« Ici, c’est fanfare ou foot », lui explique celui-ci.



Les deux frères se trouvent ainsi un point commun: l’amour de la musique. Et Thibault, pour remercier Jimmy, entreprend de l’aider à devenir chef de la fanfare –et de réparer l’injustice du destin qui les a conduits dans deux milieux sociaux très différents…

Troisième film

« J’aborde des thèmes qui me sont chers et que j’ai déjà traités dans mes films précédents comme les liens fraternels, le hasard, le choc des cultures, le déterminisme social, et qui se rassemblent ici dans une même histoire », explique le réalisateur, Emmanuel Courcol, dont c’est le troisième film.

Les deux premiers étaient des films à caractère social: CESSEZ-LE-FEU en 2016 et UN TRIOMPHE, retenu en sélection officielle du Festival de Cannes 2020 annulé en raison du Covid. EN FANFARE a lui aussi fait partie de la sélection officielle du dernier Festival, hors-compétition (dans la section « Cannes Première »), et c’est peu de dire qu’il a été très apprécié par les festivaliers.

Humour et gravité

Car c’est un film qui est à la fois une comédie, une comédie sociale, une comédie dramatique, un film qui alterne subtilement l’humour et la gravité. « Ce que j’aime avant tout c’est concilier les contraires et trouver une forme de compromis ou d’équilibre », dit Emmanuel Courcol. « C’est valable dans ma vie comme au cinéma: drame ou comédie? Film d’auteur ou film populaire? Musique classique ou chansons populaires? Pourquoi choisir? C’est un chemin exigeant sur une ligne de crête, pas toujours facile, mais c’est ce que j’aime ».

On rit et l’instant d’après on a la larme à l’œil, mais à chaque fois sans que cela ne dure très longtemps, sans tomber dans la lourdeur. C’était l’objectif du réalisateur: « On joue avec des choses très délicates et il faut savoir déjouer le pathos dès qu’il pointe son nez. Être émouvant tout en évitant toute complaisance, savoir prendre la tangente au bon moment, trouver la petite chose qui désamorce et fait naître l’émotion par surprise. (…) A contrario, je me méfie du fameux «feel good movie», trop guimauve ».

Toile de fond

Il est question de la maladie, d’ouvriers en grève contre la fermeture de leur usine, mais tout cela n’est qu’une discrète toile de fond « car ici, le sujet est avant tout la rencontre musicale et fraternelle de deux mondes », ajoute Emmanuel Courcol. Une toile de fond qui, on le verra, donne quand même l’occasion d’une scène finale particulièrement touchante.

Outre sa réalisation délicate et équilibrée, l’autre qualité du film est l’empathie qu’a le réalisateur pour ses personnages, y compris les personnages secondaires comme Sabrina, l’amie de Jimmy, joliment interprétée par Sarah Suco. Et bien sûr les deux acteurs principaux donnent une force à la fois comique et affective au film.

Aux côtés de Benjamin Lavernhe, qu’on a vu dans des premiers rôles ces dernières années dans LE DISCOURS ou plus récemment de L’ABBÉ PIERRE: UNE VIE DE COMBATS, Pierre Lottin crève l’écran et s’impose comme l’un des jeunes acteurs qui montent.

Les Tuche

Depuis 2011, le grand public le connaît surtout comme fils de Jean-Paul Rouve dans LES TUCHE. Mais on l’a apprécié depuis un an dans TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKEVIVANTS ou QUAND VIENT L’AUTOMNE. Et ici sa combinaison de gouaille et de générosité fait merveille, avec des dialogues souvent très drôles –comme on peut le voir dans le début de la bande-annonce ci-dessous.

Tourné à Lallaing, près de Douai, EN FANFARE est l’un des meilleurs films français de cette fin d’année (voire de tout 2024?), qui rappelle parfois des atmosphères ressenties dans des films tels que BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS, LA FAMILLE BÉLIER, LE BRIO ou UN P’TIT TRUC EN PLUS.

Un film qui fait du bien

Un film populaire qui fait rire –comme à Cannes, la tournée d’avant-premières en province a été un triomphe– n’empêche pas de se poser des questions et de s’émouvoir. Et même s’il réfute le terme de « feel good movie », Emmanuel Courcol a réalisé un film qui fait du bien.

Dans une interview à Cannes au site de cinéma Cineuropa, il l’avait bien compris: « Mon souci principal était de m’assurer que le public ne quitte pas la salle désespéré. Il y a tellement de films tristes, ces temps-ci, que ça rend pessimiste sur toute la condition humaine. Si on ajoute ça à ce qui se passe déjà dans le monde et tout ce qu’on voit à la télévision, ça fait beaucoup. Je préfère faire en sorte que mes prochains se sentent un petit peu mieux quand les lumières se rallument ». Mission accomplie.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Ça tue, le mensonge » (Benjamin Lavernhe)


  • A voir : « En fanfare » (France, 1h43). Réalisation: Emmanuel Courcol. Avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco (Sortie 27 novembre 2024)

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