[Sortie cinéma] Sandrine Kiberlain et Vincent Lacoste forment un couple inédit lancé à la poursuite d’une mystérieuse organisation européenne d’extrême-droite dans « Le parfum Vert » (ce mercredi 21 décembre sur les écrans), une comédie policière qui mélange avec habileté l’humour et le suspense.
C’est le troisième film du réalisateur français Nicolas Pariser, 48 ans, qui a su créer une ambiance entre les albums de Tintin et les films d’Hitchcock, double influence dont il ne se cache pas: « Cela a commencé lorsque je me suis replongé dans la lecture des albums de Tintin, que j’avais déjà lus à plusieurs périodes importantes de ma vie ».
Les Tintin des années 30
Et, ajoute-t-il, « j’ai réalisé que ceux qui me touchaient le plus étaient les Tintin des années 30. Ils ont pour particularité d’avoir une veine comique avec un fond politique, voire géopolitique, qui se nourrit de l’actualité de ces années-là. Surtout, en relisant « Le Sceptre d’Ottokar » (1939), j’ai beaucoup pensé à « Une Femme disparaît » (1938, Alfred Hitchcock). Ce sont deux œuvres qui révèlent une véritable inquiétude quant à la marche du monde, une angoisse liée aux événements européens ».
« Le Parfum Vert » commence donc comme un film d’Hitchcock: une blonde, une rue, un hôtel, une perruque. Puis, lors d’une pièce jouée par une troupe de la Comédie-Française, un comédien s’écroule sur scène et murmure, avant de mourir: « On m’assassine. Le Parfum vert… ».
Suspect numéro-1
Il a pu glisser ces mots, dans un dernier souffle, à un autre comédien de la troupe, Martin (Vincent Lacoste). Mais celui-ci est bientôt enlevé par trois hommes qui l’emmènent dans un manoir en région parisienne. Le temps de le garder quelques heures, avant de le réexpédier en taxi à Paris.
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Du fait de son absence, Martin est désormais considéré par les enquêteurs comme le suspect numéro-1 du meurtre. Il est recherché par la police, traqué par les télévisions, cité sur les réseaux sociaux.
Enquête
Au lieu de se rendre, car de peur de ne pas être cru, il décide d’enquêter lui-même pour retrouver la trace de ses ravisseurs. Il se met à la recherche d’un collectionneur de BD, après avoir vu sur les murs du manoir, pendant son enlèvement, des dessins rares. Il commence par une librairie spécialisée, dans laquelle il fait la connaissance de Claire (Sandrine Kiberlain).
Celle-ci, dessinatrice de BD dont la carrière piétine, décide de l’aider dans ses recherches, ravie de trouver là un tremplin vers de nouvelles aventures, l’occasion de rentrer dans une BD qu’elle aurait pu dessiner. Et voici le couple, recherché par la police et par des tueurs, lancé à travers l’Europe (Bruxelles, Budapest) sur la piste d’une mystérieuse organisation –le « Parfum vert », du nom d’un tableau de Kandinsky– qui prépare un mauvais coup…
Rythme trépidant
Le rythme du film est trépidant et les rebondissements sont multiples mais, tout en entretenant un suspense constant, le réalisateur essaye de ne pas trop se prendre au sérieux. L’intrigue est assez simple et, pour lier la sauce et faire passer les invraisemblances, le ton est léger et les dialogues souvent drôles: c’est du mystère baignant dans une atmosphère loufoque, un film d’espionnage aux accents de comédie, un spectacle agréable et sans prétention.
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Comme lors de ses deux premiers films « Le Grand Jeu » (2015) et « Alce et le Maire » (2019), Nicolas Pariser a cependant instillé dans l’histoire des éléments politiques: la mystérieuse organisation de malfaiteurs a des visées extrémistes, et les deux personnages principaux sont des juifs ashkénazes, inquiets de voir l’antisémitisme regagner du terrain dans plusieurs pays d’Europe.
Film européen
« Au bout d’un moment je me suis fait la réflexion qu’il y avait quelque chose de caractéristique chez Hitchcock et Hergé: dans les années 30 leurs œuvres parlent de la montée du fascisme et du nationalisme mais sans jamais évoquer la question de l’antisémitisme. Ce sont deux artistes catholiques qui pressentent la déflagration future en ne voyant simplement pas ce problème », explique le réalisateur.
Le rythme du film et l’intérêt de l’histoire prennent une pause quand Martin et Claire se racontent leur vie et se confient leurs angoisses sur ce sujet, moment obligé pour le réalisateur qui a voulu faire un film « européen »: « Je pense qu’à partir du moment où on parle de la résurgence des nationalismes, de l’antisémitisme et des tendances autoritaires de certains pays, l’échelle européenne devient la bonne. Les sujets charriés par LE PARFUM VERT se traitent sur une échelle européenne ».
Ton jovial permanent
Passé ce moment de réflexion et ce ton grave, le film reprend sa course vers une fin à suspense et un ton jovial permanent, grâce à ses deux personnages plaisants et qui s’entendent bien: une Claire un peu surexcitée, interprétée par une Sandrine Kiberlain qu’on voit beaucoup sur les écrans ces derniers mois (« Chronique d’une liaison passagère », « Novembre »); et un Martin plus calme, joué par un Vincent Lacoste à l’affiche actuellement de « Fumer fait tousser » et vu récemment dans « De Nos Frères blssés ».
Jean-Michel Comte
LA PHRASE :« Quand on est pessimiste, on est toujours agréablement surpris » (Sandrine Kiberlain).
- A voir : « Le Parfum Vert » (France, 1h41). Réalisation: Nicolas Pariser. Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Lacoste, Rüdiger Vogler (Sortie 21 décembre 2022)
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