Télé. « 1917 » est une vision de l’enfer. L’enfer des tranchées de la Grande guerre et l’histoire réaliste de deux jeunes héros malgré eux, vivant une course contre la montre et la mort. NOTRE AVIS (****) : un grand film réaliste sur le courage et l’abnégation. Le réalisateur britannique Sam Mendes n’a pas cherché à montrer la guerre de manière spectaculaire, elle est vue de l’intérieur en de longs plans-séquence, au cœur de la souffrance des hommes au front. A voir dimanche 13 novembre sur France 2 – 21:10.
« 1917 »: la vaillance et l’abnégation nées du feu de l’action
En Avril 1917 sur le front Est de la France, deux jeunes soldats anglais, Blake et Schofield, sont mandatés par leur Etat-major pour porter un message de repli à un officier dont les 1600 hommes sont prêts pour l’assaut. Ils quittent leur tranchée et partent à pied avec leur barda, leur mission étant de passer les lignes ennemies désertées à dessein par les Allemands pour parvenir jusqu’à l’ultime ligne anglaise.
Ils ont 18 ou 20 ans, ne sont pas très conscients du drame humain qui se joue dans les tranchées, détachés des préoccupations des autres soldats. Blake accepte la mission car son frère lieutenant est dans cette unité à sauver, Schofield, lui, n’est pas très chaud pour y aller et pense sans doute à déserter. Il vivra cette journée d’horreur en héros malgré lui après avoir vu mourir son ami dans ses bras. Il prendra le relais de la mission et tentera tout pour empêcher les soldats de se faire massacrer.
Commence alors une course frénétique entre barbelés et terre boueuse, dans la campagne dévastée. On suit Schofield à travers une ville fantôme, offrant de tragiques images oniriques de feu et de ruines. N’écoutant que son courage, il se lance dans cette terrible aventure au péril de sa vie.
Tout autour de lui n’est que désolation, rencontres hagardes, rats courant sur les morts à demi enterrés dans les trous d’obus, cadavres de chevaux, vaches que les ennemis ont pris la peine de tuer, avion de l’armée adverse qui s’écrase sur une grange toute proche. A bout de force, il sera la cible d’un sniper et trouvera un bref moment de répit auprès d’une jeune femme apeurée vivant dans les décombres…
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Sam Mendes a filmé sans concession quelques soldats allemands (un pilote de chasse, des déserteurs) comme on ne les voit plus au cinéma, à partir d’une histoire véridique, d’après les souvenirs du grand-père Alfred H. Mendes racontés à son petit-fils Sam.
Le réalisateur britannique n’a pas cherché à montrer la guerre de manière spectaculaire, elle est vue de l’intérieur en de longs plans-séquence, au cœur de la souffrance des hommes au front. Si « 1917 » est sobre dans la forme, le film montre l’horreur qu’a été cette guerre. A l’image du dernier quart d’heure où l’on découvre un hôpital de campagne avec ses blessés à amputer, ses médecins débordés. Nous ne sommes pas dans la bravoure et le pathos d’une équipe (« Il faut sauver le soldat Ryan ») mais dans la tête d’une jeunesse qui n’était pas concernée par les stratèges géopolitiques d’une poignée de dirigeants français, allemands et anglais. Malgré cela, les jeunes gens enrôlés ont été vaillants et héroïques.
25 ans après, lors de la seconde guerre mondiale, Winston Churchill, Premier ministre anglais, leur a promis du sang et des larmes. L’histoire se répétait tragiquement. On peut se demander aujourd’hui si les petits-enfants des jeunes héros savent comment leurs grands-pères sont morts, après qu’ils aient vécu le froid, la maladie, la peur d’être aveugles ou estropiés dans ces tranchées de l’enfer. Un grand film réaliste sur le courage et l’abnégation.
Jane Hoffmann
- A voir : « 1917 » de Sam Mendes, 1 h 45 avec George MacKay, Dean-Ch. Chapman, Richard Madden, Andrew Scott, Benedict Cumberbach. A voir dimanche 13 novembre sur France 2 – 21:10.
- Filmographie sélective de Sam Mendes : « American Beauty »(1999),« Les sentiers de la perdition »(2002),« Skyfall »(2012),« Spectre »(2015)