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Rosalie (Nadia Tereszkiewicz) n'est pas une femme comme les autres: c'est une "femme à barbe" (©Gaumont).

Sortie cinéma. Hirsutisme. C’est le nom scientifique d’une affection qui provoque une pilosité excessive chez les femmes et dont souffraient celles qu’on appelait, il y a un siècle, les « femmes à barbe ». C’est l’une de ces femmes pas comme les autres qui est le personnage principal de « ROSALIE », un film original et délicat qui sort ce mercredi 10 avril sur les écrans.

Rosalie (Nadia Tereszkiewicz) est une jeune femme dans la France de 1870 qui cache un secret: depuis sa naissance, son visage et son corps sont recouverts de poils. Régulièrement, de peur d’être rejetée, elle se rase et se maquille pour cacher cela.

Avec l’aide de son père, elle rencontre Abel (Benoît Magimel), un tenancier de café criblé de dettes, qui l’épouse pour sa dot sans savoir son secret. Mais au moment d’entamer la nuit de noces, c’est la grosse (et mauvaise) surprise.

Ne plus se cacher

Abel a, bien sûr, du mal à accepter cette anomalie. Mais Rosalie, malgré sa différence, veut être regardée comme une femme, à la fois par son mari et par le reste du village. Et elle décide de ne plus se cacher, de ne plus se raser, et d’aider son mari comme serveuse du café.

Du coup, elle gagne son pari: elle est la « femme à barbe », elle est acceptée par tous, les clients affluent à nouveau au café d’Abel, les affaires marchent. Reste, pour Rosalie, une dernière étape: gagner l’amour de son mari…

Une histoire d’amour sans condition

« Avec ROSALIE, j’ai inventé le destin d’une jeune femme qui se libère en assumant sa barbe mais surtout je voulais explorer les sentiments, décortiquer le désir. J’ai voulu écrire une histoire d’amour sans condition », explique la réalisatrice, Stéphanie Di Giusto.


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Elle ajoute qu’« il y a une émotion à la fois pudique et violente dans le destin amoureux d’un être aussi singulier (…), la banale romance n’est pas pour elle. Elle n’en a pas envie, elle n’en a pas le droit. Quand on est un être «à part» comme elle, l’amour devient beaucoup plus que l’amour… ROSALIE questionne l’humanité ».

Un Certain Regard

La réalisatrice s’est librement inspirée de la vie d’une célèbre « femme à barbe » de la fin du XIXe siècle, Clémentine Delait. Présenté dans la sélection parallèle officielle Un Certain Regard du Festival de Cannes 2023, ROSALIE est son deuxième film après LA DANSEUSE (2016), qui racontait la vie d’une autre femme d’exception, l’Américaine Loïe Fuller, une des pionnières de la danse moderne à la fin du XIXe siècle.

ROSALIE, ode à l’acceptation de la différence, est un film pudique et intéressant mais dont la construction ressemble à une dissertation de Sciences Po: thèse, antithèse, synthèse. Après une belle première partie, cela devient un peu longuet –un peu barbant– dans la seconde moitié, avant une fin à double interprétation. Car un retournement de situation s’opère à mi-film: les habitants du village, sympathiques avec Rosalie dans un premier temps, se détournent d’elle subitement. Et le méchant du film (interprété par Benjamin Biolay), patron omnipuissant de la blanchisserie locale et créancier impitoyable d’Abel, est un peu caricatural.

Belle interprétation

Reste la belle interprétation de Benoît Magimel, comme toujours magistral, et de Nadia Tereszkiewicz, César 2023 du meilleur espoir féminin pour LES AMANDIERS, dont la performance dépasse l’éventuel César du meilleur maquillage –qui, d’ailleurs, n’existe pas.

La préparation du rôle, raconte-t-elle, nécessitait chaque jour « environ quatre heures –deux pour la pose des poils, une pour la coiffure, une autre pour le maquillage; plus 40 minutes, rien que pour enfiler le corset. C’était comme une sorte de rituel, long et fastidieux, mais j’avais besoin de ce temps-là pour rentrer dans le personnage: Rosalie ne pouvait pas exister avant que je sois complètement prête ».

La réalisatrice Stéphanie Di Giusto confirme qu’elle a voulu soigner ces détails pour son personnage principal: « Pendant le tournage, tous les matins, chaque poil a été collé un par un sur le corps de Nadia. Je ne voulais pas tricher et poser un simple «postiche» à l’actrice. L’idée était de créer une «seconde peau» que l’actrice enfilait tous les jours. Il fallait y croire. J’ai travaillé le corps de Rosalie comme une sculpture à la fois étrange et désirable ».

Jean-Michel Comte 

LA PHRASE : « Ce n’est jamais simple d’être une femme » (Rosalie).


  • A voir : « ROSALIE » (France, 1h51). Réalisation: Stéphanie Di Giusto. Avec Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay (Sortie 10 avril 2024)

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