Livre. Dans « Les beaux jours », Lise vit avec le secret de ses parents dont elle ne sait rien. Elle apprend à l’âge adulte, le drame qui s’est noué avant qu’elle naisse. Un premier roman abouti de la journaliste de télé Emilie Besse, à l’écriture aussi sensible qu’incisive, « sur les drames dont on hérite sans la savoir et les secrets qu’il faut percer pour grandir et aimer. »
« Les beaux jours » d’Emilie Besse est un livre sur le secret qui leste une existence, porte en ses lignes une énergie, celle qu’il faut à Lise pour contenir le risque de ne pouvoir transmettre. Un premier roman abouti, tendre et cruel, une leçon de courage et d’espoir
Le calendrier s’est arrêté un 19 novembre 1979, à une heure approximative sur
une plage des Landes. Depuis chaque 19 novembre creuse un peu plus la peine, comme un puits sans fond, qui menace de l’ensevelir. Lise grandit dans une famille muette d’avoir trop crié. Aucune place pour l’insouciance, au contraire, une injonction de perfection dont elle ne connait pas le mobile mais qui la condamne à être plus qu’elle. Qui doit elle remplacer? Quelle plaie son existence doit-elle cautériser ?
Elle porte une culpabilité dont elle ne comprend pas la raison mais qui la tenaille alors elle cherche des indices. Un petit manteau rouge à capuche, comme une relique enfouie dans le placard de la chambre parentale qu’elle découvre par hasard, lui fait remonter la piste. Lise tente la normalité, celle d’une vie de couple qu’elle ne cherchait pas. Elle prend les traits aimants de Stéphane, un homme boussole dans son existence sans points cardinaux : « Lise se rejoignait. Elle arrêtait de ne pas vivre, de ne pas lâcher ce qu’elle avait sur le cœur. »
C’est au jour d’être mère à son tour que les non-dits de son enfance entament le peu de sérénité acquise. L’auteure écorche l’écorce de cette vie et nous en livre les lambeaux: « Hors du ciel et de la terre, dans le grondement sourd des vagues, les pleurs toujours, l’accompagnaient en même temps que les bruits familiers de son enfance. »
Dans « Les beaux jours », l’écriture est sensible, fine, mais aussi incisive pour conjuguer avec délicatesse mais sans artifice ce qui n’a pu se dire. C’est un roman sur le secret qui leste une existence, porte en ses lignes une énergie, celle qu’il faut à Lise pour contenir le risque de ne pouvoir transmettre. Un premier roman abouti, tendre et cruel, une leçon de courage et d’espoir. Les jours lumineux reviendront après que ce soient asséchées les tempêtes de larmes. Resteront les souvenirs amers d’une vague qui aura rompu le fragile ressac de la vie.
Véronique Sousset
- A lire: « Les beaux jours » d’Emilie Besse. JC Lattès, 200 pages, 19,00 €