Musique. Trois ans après « Cure », Eddy de Pretto revient avec « À tous les bâtards ». Un album où il met son cœur à nu, dédié aux « gens d’à côté et aux bizarres », dans lequel celui qui se définit comme un artiste « non-genre » continue de casser les codes et les stéréotypes, entre chanson et hip-hop.
Eddy de Pretto: « Souvent on m’a fait sentir différent de la norme dans laquelle j’évoluais, et j’ai porté ça comme un véritable fardeau. Aujourd’hui ce titre d’album est une manière pour moi d’inverser la tendance et d’en être fier. »
Entre chanson française et hip-hop, Eddy de Pretto trace sa route à coups de rimes affutées et de mots sensibles témoins de ses tourments et de son envie de changer les mentalités. Dans « Cure », son premier opus qui lui valut d’être nommé trois fois aux Victoires de la musique, il évoquait sa quête identitaire à travers le thème de la virilité imposée par les diktats ambiants. Avec son nouvel album « À tous les bâtards », il continue de bousculer les codes et les stéréotypes et de parler de tous ceux, qui comme lui, se sont souvent sentis à part d’un monde trop normé : « on est tous le bizarre de quelqu’un » confie-t-il. Une manière pour le Kid qui se définit comme un « artiste non-genre » d’interpeler et de questionner les différences en rêvant d’une société plus inclusive : « C’est une ode aux gens d’à côté́, aux bizarres, aux freaks, aux étranges » raconte de Pretto : « Un cri de rassemblement, une réappropriation d’un terme jugé négatif, pour interpeller et en faire une force. Souvent on m’a fait sentir différent de la norme dans laquelle j’évoluais, et j’ai porté ça comme un véritable fardeau. Aujourd’hui ce titre d’album est une manière pour moi d’inverser la tendance et d’en être fier. »
Si ses première chansons avaient quelque chose de sombre et de mélancolique, celles-ci sont plus lumineuses, chantées. Après deux ans d’une tournée en solo, simplement accompagné des musiques déclenchées sur son smartphone, il revient avec un disque organique où se mêlent cordes et instruments aux sonorités enveloppantes, favorisant des ambiances plus amples. L’occasion pour le chanteur de « Fête de trop » ou de « Normal » – chanson sur la tolérance et contre l’homophobie- de revenir sur le parcours de celui qui s’est longtemps rêvé en haut de l’affiche. Il se souvient ainsi de ses premiers concerts sur les Bateaux-Mouches de la Seine, où il a appris son métier, interprétant Edith Piaf, Charles Aznavour ou Nina Simone : « Quand j’avais personne/Qu’une soif qui déborde : Je rêvais des tonnes/Je me voyais déjà en haut/Et c’était beau ». Eddy de Pretto chante « Les monstres qui dérangent », les parias, les exclus (« Freaks »), parle des violences policières (« Val de Larmes »), de la banlieue où il a grandi, vue de sa chambre d’ado (« Créteil-Soleil »), de son désir d’enterrer le vieux monde (« La Fronde ») ou encore de sa volonté de dire adieu aux addictions dans un titre à double-sens (« Désolé Caroline »).
Il se dévoile au travers de quinze chansons où il met son cœur à nu. A l’image de l’introspective « Tout vivre », où il raconte son spleen et ses doutes, voulant prendre son temps pour être au plus près de ses émotions, quand d’aucuns le pressent de dire ce qu’il a dans les tripes : « Et maintenant me revoilà/Je remets mon cœur en vente/Je vous demande d’en prendre soin/Au rayon des mots d’urgences/Avec le 2ème dans les bras/Faites bien des écoutes d’avance/Le 3ème j’y arriverai peut-être pas ».
Un album qu’il s’apprête maintenant à dévoiler à l’occasion d’une tournée des Zénith à partir d’octobre 2021 : « Mes amours, nous repartons pour une seconde histoire ! Celle-ci sera vaccinée et nous pourrons à nouveau nous choper à dix milles aux Zénith ! Je vous le jure » lance-t-il : « C’est une annonce que j’attends de vivre avec vous depuis grave longtemps et enfin on va se revoir. Chanter, danser, crier nous a tellement été́ volé que je suis prêt à le refaire x1000 dès l’automne 2021. »
Victor Hache
- Album « À tous les bâtards » de Eddy de Pretto label Romance Musique/Universal