-M-revient avec l'album lettre infinie
-M- en blond et or

Après sa tournée familiale avec son père, Louis, sa sœur Anna et son frère Joseph et le projet collectif « Lamomali » dédié au Mali, Matthieu Chedid revient avec « Lettre Infinie« . Un album aux ambiances funk-rock mêlé de très belles ballades, où il laisse parler son cœur comme rarement et renoue avec son alter ego scénique, le personnage -M- devenu blond et or, qu’il dévoilera lors d’une grande tournée en solo.

Rencontre avec -M, un artiste dont les expériences et les associations d’univers improbables entre chanson, funk et musique du monde, témoignent d’une inventivité sans cesse renouvelée

A 47 ans, l’auteur de « Je dis aime » ou de « Qui de nous deux », rêvait de chansons au caractère personnel et intime que l’on retrouve dans son 6ème album « Lettre infinie« . Exit le côté tout feu tout flamme des débuts et les riffs de guitares à la Jimi Hendrix, auxquels Matthieu Chedid alias -M- nous avait habitués. Si « Lettre infinie«  privilégie les ambiances funk à la Prince qui ne manqueront pas de faire danser les foules, on y trouve de très belles ballades où le chanteur laisse parler son cœur comme rarement. -M- l’alchimiste des sons, est aujourd’hui plus émouvant, n’ayant pas peur de faire de l’amour le fil conducteur de ces 13 lettres adressées au public et à ses proches. On y remarque notamment un duo avec sa fille de 16 ans, « Billie », « L.O.I.C.A », dont les mots tendres font écho à sa compagne, future maman « d’un garçon qui arrive à la fin du mois » confie-t-il et « L’Autre paradis », hommage à  France Gall et Michel Berger, dédié à leur fils Raphaël Hamburger.

Un opus porté par le dansant « Superchérie » réalisé avec la complicité de Thomas Bangalter, moitié du duo Daft Punk, qu’il va dévoiler lors d’une grande tournée à partir du 8 février, qui passera par le Cirque d’Hiver Bouglione, La Seine musicale, les Zénith et l’AccorHotels Arena. Une tournée où -M- sera seul sur scène, entouré de machines, de claviers, de guitares et de deux batteries automates, qui promet des concerts spectaculaires. Rencontre avec un artiste dont les expériences et les associations d’univers improbables entre chansons, funk et musique du monde, témoignent d’une inventivité sans cesse renouvelée.

M costume aux rayures noires et blanches et coiffe doré

A qui s’adresse « Lettre infinie », dont les chansons ont toutes un caractère très personnel…

-M- : Cela part toujours de l’intime, de l’intérieur, de quelque chose de personnel et c’est vrai que chaque chanson est destinée à quelqu’un en particulier. Mais quand on fait un album, c’est pour l’offrir au public, aux gens qui reçoivent les chansons, chacun avec son vécu. J’aime cette idée de lettre infinie, de démultiplier quelque chose, l’idée de  pop culture. C’est drôle d’écrire des petites chansons, de les graver et d’en faire un album qui se démultiplie à l’infini, même s’il n’y aura bientôt plus de disques ! (rires)

-M-: « L’or et son côté solaire est une symbolique pour moi. Ce n’est pas ce qui brille qui m’intéresse, c’est ce qui est éclaire »

Avec ce disque, vous revenez à votre alter ego scénique -M, devenu blond et or. Un personnage que vous aviez un temps abandonné et qui continue de vous habiter…

-M- : D’une certaine manière, je joue avec ce personnage, que je n’ai jamais pris très au sérieux. Je m’amuse avec -M, avec ce masque. J’aime surprendre et au moment où on n’attend pas à ce que je revienne avec, c’est là que je le fais réapparaître. Quand c’est convenu, toujours la même chose, cela me fatigue. C’est la surprise qui m’amuse. J’essaie toujours de le réinventer, de ne pas revenir exactement avec le -M- de l’époque. Ce qui m’amuse, c’est de le transcender, de le transmuter, de le transformer. Là, c’est un -M- doré. L’or et son côté solaire est une symbolique pour moi. Ce n’est pas ce qui brille qui m’intéresse, c’est ce qui est éclaire. Je suis un peu à l’âge d’or de ma vie, en ce moment ! (rires).

C’est aussi une façon pour vous de revenir à l’énergie des débuts ?

-M- : C’est une manière inconsciemment, de célébrer les 20 ans de M,  de revenir à la source et à l’idée d’origine. Une façon de se poser la question : « pourquoi je fais de la musique ? C’est quoi l’intérêt ? C’est quoi la mission ? » Une manière de se rappeler qu’il ne faut jamais se prendre au sérieux. Dans les moments où on se professionnalise un peu trop, c’est se dire que tout cela c’est quand même un jeu.

Que signifie être artiste pour vous ?

-M- : Je peux répondre à l’heure actuelle. Quand je vois ces moments de célébration commune avec le public, d’amour partagé et de bonnes vibrations, dans une époque comme aujourd’hui, je comprends pourquoi je fais de la musique. J’ai la chance de recevoir cet amour-là et de pouvoir le rendre. Je trouve que cela a du sens de le faire dans la société actuelle.

« Superchérie », c’est une chanson sur l’inspiration d’une certaine manière, une chanson pop, un peu bonbon »

On a l’impression que vous n’avez jamais laissé autant parlé votre cœur que dans cet album….

-M- : Il est sûrement plus explicite que d’autres où parfois je maquille beaucoup plus les choses. Là, j’avais envie d’être plus clair. L’idée de la lettre et de revenir à des choses plus intimes, c’était le besoin d’être à fleur de peau. En tant que public, les chansons que j’aime chez les artistes, c’est aussi celles-là. Quand on se livre, on donne de soi et en même temps on est universel.

« Superchérie », c’est l’attirance du monde féminin ? De quoi parle cette chanson ?

-M- : Elle parle du désir, du monde d’images dans lequel on vit où on ne sait plus vraiment ce qui est réel ou non. On peut tellement trafiquer son image qu’on ne sait plus où est la frontière entre super chérie et supercherie ? C’est une chanson de notre époque où on est beaucoup dans le superlatif. Le fond de tout ça, c’est les muses, le désir, la femme, ce qui m’a toujours inspiré dans la vie. Les femmes m’inspirent plus que les hommes. C’est une chanson sur l’inspiration d’une certaine manière, une chanson pop, un peu bonbon, une ambiance qui créé un climat autour de ce double sens.

Votre manière colorée de voir la vie, c’est aussi une façon de vous protéger de la noirceur des choses ?

-M- : C’est une façon de poétiser la vie. On est dans un monde où on zoome beaucoup sur la noirceur, mais la beauté est partout. C’est un bonheur de savoir prendre le temps de s’arrêter devant un arbre, une feuille, de regarder la nature. C’est bien de célébrer la beauté. Quand on est trop solaire, c’est souvent suspect. Mais la légèreté, ce n’est pas forcément de la mièvrerie.

-M-: « Le plus dur dans la création, c’est de parvenir à garder la fraîcheur dans sa plus pure expression »

Vous avez 47 ans. Est-ce évident de rester ludique et fantasque quand on devient adulte ?

-M- : Sincèrement, c’est naturel en moi. C’est ma nature, donc je ne fais aucun effort ! (rires). Mais il y a des moments où on est rattrapé par des instants  plus sombres. Je viens d’assister à l’avant-première de « Yao », un film de Philippe Godeau qui se passe au Sénégal, dont j’ai fait la musique. Il célèbre, un peu comme Lamomali, cette fusion des cultures. L’Afrique est un bon exemple, elle est une leçon de joie de vivre, d’énergie solaire, malgré les difficultés que peuvent avoir les gens. Je dirais que je suis plus de cette famille-là.

 L’Afrique, où vous voyagez souvent, elle vous recharge ?

-M- : Quand je suis là-bas, ça remet les pendules à l’heure. On y ressent le contraste avec la culture dans laquelle on est, qui est plus sombre, pessimiste et « métallique». J’ai l’impression que les Africains sont plus philosophes que nous. Je suis toujours méfiant du côté intellectuel qui donne toujours de l’importance au mental, à la réflexion. Cela nous éloigne de l’émotion. Je suis plus un artiste du cœur, que de la tête. Faire un album, écrire de chansons, composer, travailler le  visuel de l’album, cela demande beaucoup de réflexion évidemment. Mais ce qui primera toujours c’est l’instinct. D’ailleurs, le plus dur dans la création, c’est de parvenir à garder la fraîcheur dans sa plus pure expression.

-M-:  » Jamais je n’aurais imaginé être encore là vingt ans après »

Vous chantez en duo avec votre fille de 16 ans Billie. Une manière de transmission de votre part ?

-M- : Effectivement. « Lettre Infinie », quelque part, cela raconte la transmission et rime avec «l’être infini ». Quand on créé un autre être, c’est une façon de transmettre la lignée. Ce titre parle de ça. Le plus troublant, c’est que je ne savais pas que j’allais être de nouveau père quand j’ai fait tout ça ! (rires). La transmission, c’est aussi ma grand-mère paternelle (l’écrivaine Andrée Chedid NDLR), qui est toujours très présente en moi. J’ai écrit la chanson «Si près si » en pensant à elle. Elle est morte de la maladie d’Alzheimer il y a quelques années, alors que c’est la femme la plus brillante que j’ai connue. Au moment de son départ, j’ai senti qu’elle me transmettait beaucoup de choses. C’est un morceau poétique et solaire sur ce moment-là de ma vie.

Vous avez baigné dans une famille d’artistes. A quel âge avez-vous pris conscience de vos envies de musique ?

-M- : J’ai commencé la guitare vers l’âge de 13-14 ans, ce qui n’est pas très tôt. J’ai eu envie d’être musicien assez vite et vers 17 ans j’ai eu la chance de commencer à gagner ma vie en faisant de la musique, sans jamais demander de l’argent à mes parents. L’idée d’être artiste, est venue beaucoup plus tard, un peu comme une blague au début quand j’ai commencé à écrire mes chansons et à créer justement ce personnage. Je le faisais comme un amusement. Jamais je n’aurais imaginé être encore là vingt ans après. Cela n’est jamais un acquis, heureusement. C’est cela qui est beau, même si ça crée une fragilité, une angoisse de toujours penser « est-ce que les gens m’aiment encore ? « . Mais, il ne faut pas être dépendant de ce regard extérieur, sinon on est mort. Il faut être dans l’acceptation et se dire : « c’est déjà extraordinaire de vivre ce que je vis et si ça s’arrête demain, j’aurai vécu tout cela ».

-M-: « Les batteries automates qui seront sur scène n’ont jamais existé, on les a conçues spécialement pour ce spectacle »

Parlez-nous de votre tournée où vous serez seul sur scène !

-M- : Seul, d’une manière un peu improbable. C’est une expérience nouvelle. J’avais envie de faire quelque chose de spectaculaire après « Lamomali » qui a été un projet très puissant et la tournée familiale, qui, a été super émouvante. Je me suis demandé comment être pertinent et encore inventer. Je serai seul sur scène, de façon non classique dans la mesure où ce ne sera pas un concert guitare-voix pendant deux heures. C’est un mélange de plusieurs procédés avec quelques automates sur scène, des instruments acoustiques qui jouent en automatiques. Il faut imaginer une batterie avec des bras mécaniques qui jouent dessus. C’est assez neuf comme façon de faire.

Une première ?

-M- : En tout cas, la façon dont je le fais-là, c’est unique au monde. Je serai entouré de machines, de claviers, de guitares et de deux batteries automates verticales. Je vais pouvoir jouer de tous les instruments et les enregistrer en direct. C’est trois ans de réflexion, de travail. Ces batteries automates n’ont jamais existé, on les a conçues spécialement pour ce spectacle. Derrière la scène, il y a une sorte de NASA et des techniciens aux ordinateurs pour que tout cela soit super synchronisé. Jouer tout seul de manière spectaculaire, c’était mon obsession ! (rires).

Entretien réalisé par Victor Hache

Album « Lettre Infinie« , 3ème Bureau/Wagram music. Tournée du 8 février au 17 décembre 2019. Infos: https://www.facebook.com/MatthieuChedid/

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