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Les livre du Week-end : James Baldwin, Sophie Fontanel et Meir Shalev

Les livres du week-end. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions réjouissantes. On commence avec « Little Man, Little Man » de James Baldwin, sommité des lettres étatsuniennes dont on fête le centenaire de la naissance, et savoure son seul « livre d’enfant pour les adultes ». On enchaîne avec « Couver un astre » de Sophie Fontanel, journaliste mode et écrivaine qui s’est émerveillée pendant l’été pour un astre olympique. On boucle avec « Ne le dis pas à ton frère » de Meir Shalev, le grand auteur israélien qui, avant de mourir, a signé un grand roman de dialogue et confidences entre deux frères.


Les livres du week-end : James Baldwin, Sophie Fontanel et Meir Shalev


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JAMES BALDWIN : « Little Man, Little Man »

Dans les années 1970, un gamin de 4 ans joue au ballon dans les rues de Harlem avec ses copains- il se prénomme TJ, et ses potes, WT et Blinky-la-clignoteuse. Il est convaincu qu’« il sera une plus grosse vedette que Hank Aaron, un de ces jours ». Début de « Little Man, Little Man », un roman signé James Baldwin (1924-1987), paru outre-Atlantique en 1976 et jusqu’alors inédit en VF.

Sommité des lettres étatsuniennes, Baldwin a écrit « une histoire d’enfance » (comme l’indique le sous-titre) à la demande de son neveu Tejan, et une fois publié, évoquait « mon livre d’enfant pour les adultes ».

Au fil des pages, délicieusement illustrées par le peintre français Yoran Cazac, le « Little Man » qu’est TJ fait son apprentissage dans les rues de Harlem, rend quelques services aux voisin.e.s dont Miss Beanpole (« Qui est-ce qu’elle attend ? Elle qui est vieille comme le temps ») et est confronté aux réalités (dures, parfois violentes) du monde des adultes. L’auteur utilise la voix et les mots de TJ pour mettre au jour la vie urbaine noire des années 1970.

Il y a la pauvreté, la violence, la ségrégation… des fléaux contre lesquels James Baldwin s’est battu toute sa vie. Sans oublier, à une époque où le sujet n’était pas à l’ordre du jour, la défense des droits des enfants.

« Little Man, Little Man » de James Baldwin. Traduit par Lili Sztajn et Jean-Luc Fromental. Denoël, 120 pages, 22 €.

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Les livres du week-end : « Couver un astre » de Sophie Fontanel

SOPHIE FONTANEL : « Couver un astre »

Facilement, en manque d’inspiration, des plumitifs ont évoqué une « parenthèse enchantée »… Et puis, dans « Couver un astre », Sophie Fontanel, une auteure de belles réputation et écriture, raconte un été 2024.A Paris, avec les Jeux olympiques et les Paralympiques. Et aussi, cette flamme- « que les merveilles, d’une manière ou d’une autre, soient à nous tous, c’est cela qui n’a pas de prix ».



Comme tant et tant de Parisien.ne.s, l’auteure avait quitté la capitale, se fiant à la rumeur d’une catastrophe inévitable. Elle a donc filé sur une île grecque, regardé à la télé la cérémonie d’ouverture des JO- ce fut le choc, découvrant cette grande Boule, cette vasque abritant la flamme olympique.

Alors, décision immédiate, retour à Paris. Voir chaque soir de la fenêtre de son appartement l’astre s’élever du jardin des Tuileries. Aller le / la contempler chaque jour, s’en approcher au plus près, au tout près. Cet astre, cette boule imaginés par Mathieu Lehanneur, cette merveille qui soudain est devenu le symbole de l’élévation. De la soif d’absolu… et cette vision, renouvelée chaque fin de journée, de la beauté : « Oui, c’était à nous, tout ça », écrit Sophie Fontanel. Et aussi : «…on avait confiance en quelque chose. En montant, la Boule avait ouvert une respiration ».

« Couver un astre » de Sophie Fontanel. Seghers, 130 pages, 15 €.

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Les livres du week-end : « Ne le dis pas à ton frère » de Meir Shalev

MEIR SHALEV : « Ne le dis pas à ton frère »

La soixantaine, Itamar Diskin est coach sportif et vit aux Etats-Unis. Une ou deux fois par an, il revient au pays, Israël, y retrouve son frère Boaz, ingénieur, et boivent de l’alcool de figue. Comme en ce soir de 2010, époque à laquelle le grand écrivain israélien Meir Shaver (1948- 2023) place son ultime roman, « Ne le dis pas à ton frère ».

Vingt ans plus tôt, « Itta »« d’une beauté saisissante », est abordé dans un bar de Tel Aviv par une inconnue. Il ne refuse pas les avances. Aventure sans lendemain, comme on dit, mais qui va virer au cauchemar. « Entre nous, avoue que tu voulais ajouter une conquête à ta collection. Tu n’es pas comme papa, tu n’as ni sa force ni sa violence mais tu es un collectionneur aussi minable que lui », reproche le frère.

Car, quelques années plus tard, il croise l’inconnue prénommée Sharon mais ne la reconnaît pas. Il est myope, elle va lui prendre ses lunettes… Il raconte à son frère. Parce que, pense-t-il, le temps est venu de lui confier cette mésaventure. Le soir avance, la nuit s’écoule- les deux frères parlent, c’est empli de rebondissements, comme seul Shalev, traduit en vingt-six langues et auteur entre autres d’« Un fusil, une vache, un arbre et une femme » (2019), savait les distiller au fil des pages.

« Ne le dis pas à ton frère » de Meir Shalev. Traduit par Sylvie Cohen. Gallimard, 274 pages, 23 €.

Serge Bressan 

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