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Jonathan Franzen : l'écrivain américain publie "Crossroads", son sixième roman. Janet Fine/Editions de l'Olivier

Soyez à la page. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. D’abord, on commence par « Croosroads », le sixième et nouveau roman de Jonathan Franzen, un des meilleurs écrivains nord-américains du moment ; ensuite, on enchaîne avec « Victor » de Claudie Gallay, l’évocation d’un arrière-grand-père qui avait refusé de reconnaître son fil à la naissance et l’avait abandonné, et enfin, on se glisse dans « Une brève libération » de Félicité Herzog, un émouvant texte d’amour pour une mère, femme puissante et insoumise. Bonne lecture à toutes et tous !


Soyez à la page avec Jonathan Franzen, Claudie Gallay et Félicité Herzog


jonathan franzen crossroads
Soyez à la page avec « Crossroads » de Jonathan Franze

JONATHAN FRANZEN : « Crossroads »

Nous voici donc débarqués à New Prospect, une contrée fictive du côté de Chicago. Nous sommes le 23 décembre 1971- donc, veille de Noël, et nous faisons connaissance avec la famille Hildebrandt. Le père Russ, la mère Marion et leurs trois grands enfants, Clem, Becky et Perry. Bienvenue dans « Crossroads », le sixième et nouveau roman de l’Américain Jonathan Franzen, et dans cette famille aux cent mille problèmes !

Le père, pasteur, a viré voilà trois ans du groupe religieux Crossroads qu’il avait fondé, été remplacé par un jeune plus beau, plus cool et en pince grave pour une jeune veuve. La mère, au foyer, constate sa vie éclatée façon puzzle. Clem, l’aîné rebelle des enfants, arrête la fac pour filer faire la guerre au Vietnam. Becky, la fille encore au lycée, va de découvertes en découvertes entre le Christ, le sexe, le rock…

Quant à Perry, surdoué tourmenté et toxico, s’interroge auprès d’un rabbin : « Je voudrais savoir si on peut vraiment échapper à son égoïsme ». Jonathan Franzen, 63 ans, est un des meilleurs écrivains nord-américains du moment- cette fois, il a abandonné le roman au présent, plongé dans le passé. Maîtrisant parfaitement son récit au long cours (702 pages !), comme personne il sait avec une précision chirurgicale décrypter une famille au bord de l’implosion…

« Crossroads » de Jonathan Franzen. Traduit par Olivier Deparis. Editions de l’Olivier, 706 pages, 26 €.



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Soyez à la page avec « Victor » de Claudie Gallay

CLAUDIE GALLAY : « Victor »

Un homme abandonne son fils à la naissance, n’a jamais voulu le reconnaître à l’état-civil. L’homme, prénommé Victor, se trouve être l’arrière-grand-père de la narratrice- elle ne l’a jamais connu. Elle tient là un récit de famille, se lance dans l’écriture, c’est « Victor », le nouveau roman de Claudie Gallay qui a connu, en 2008, le grand succès éditorial avec « Les Déferlantes ». Présentant son nouveau livre, elle a confié : « Je me devais de retrouver la vérité ». Elle ajoute avoir, « pelletées par pelletées », fait remonter les souvenirs et tirer doucement sur les fils de l’histoire de son aïeul.

En ouverture, on lit : « 80% de ce que nous sommes vient de nos gènes, le reste c’est de la liberté… » Elle a grandi au village, entendait des choses, « des demi-secrets donnés à mi-voix, dans des atmosphères moites, et sans plus de précisions ». C’est là, dans ce monde, que vivait « le pépé » comme l’évoquait la mère de la narratrice. Cet arrière-grand-père, dans ces pages, on ne le perçoit que par les narrations familiales ; on le découvre, entre autres, beau-parleur, sur son acte de décès sera inscrit la mention « artiste ». Alors, roman dans le roman, Claudie Gallay s’interroge sur la créativité- comprenant un peu mieux pourquoi l’écriture occupe tant dans sa vie à elle.

« Victor » de Claudie Gallay. Actes Sud, 194 pages, 22 €.



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Soyez à la page avec « Une brève libération » de Félicité Herzog

FELICITE HERZOG : « Une brève libération »

Dans les premières pages, on lit : « Marie-Pierre avait quinze ans, ce printemps 1940 ». Un peu plus loin, on apprend que son père lui avait présenté comme prétendant au mariage Rainier de Monaco, Jean d’Ormesson ou encore Philippe d’Edimbourg… Marie-Pierre, c’est Marie-Pierre de Cossé-Brissac, la mère de Félicité Herzog qui publie « Une brève libération », son quatrième livre- après « Un héros » (2012), « Gratis » (2015) et « La France retrouvée » (2017).

Dans ces pages, l’auteure raconte sa mère, aristo et rebelle. Une mère qui a grandi dans le Paris ultra-chic, dans l’hôtel particulier du 36, Cours Albert-1er. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, pendant l’Occupation allemande et un temps vert-de-gris, May- la mère de Marie-Pierre, y reçoit le gratin collabo français (comédien.ne.s, écrivains,…) parmi lesquels son amant, et on y pratique l’antisémitisme dur. Rebelle, on la dit, Marie-Pierre fréquentera un jeune homme, Simon Nora, grand résistant- ils seront follement amoureux. Le père de la jeune fille alertera toutes ses relations, écrira même au jeune homme (« Nous ne sommes pas du même village ») pour empêcher cette relation, ce mariage. Marie-Pierre et Simon se marieront loin de Paris. Avec « Une brève libération », Félicité Herzog signe en livre une belle et émouvante déclaration d’amour à sa mère, femme puissante parce qu’insoumise.

« Une brève libération » de Félicité Herzog. Stock, 354 pages, 20,90 €.

Serge Bressan

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