Le book club de We Culte/ « Nos années Foulquier ». Écrit par Maryz Bessaguet, en collaboration avec Liliane Roudière, « Nos années… Foulquier » propose une flânerie dans le sillage de l’homme de radio et créateur des Francofolies. Un livre passionnant, riche de témoignages d’artistes, photos, anecdotes, lettres inédites… Editions La Geste.
C’est Claude Nougaro qui l’avait surnommé « patrouilleur d’étoiles » mais Jean-Louis Foulquier lui, se voyait plus simplement comme un saltimbanque.
Avec « Nos années… Foulquier », sous-titré « de France Inter aux Francofolies« , Maryz Bessaguet (en collaboration avec Liliane Roudière et avec la complicité de Pauline Chauvet et Jean-Michel Clément), nous emmène dans le sillage d’un homme de passions auprès de qui elle a travaillé durant de nombreuses années. Le respect, l’affection, la pudeur aussi, traversent ce livre qui ne se présente pas comme une biographie, mais une flânerie (le plus souvent nocturne !) entre photos, anecdotes, témoignages…
Grâce à un QR Code, on peut même découvrir une playlist souvenir, avec la chanson choisie par chacune des personnalités rencontrées et dédiée à Jean-Louis.
Mais pourquoi « Nos » années Foulquier ? Sans doute parce que, à l’instar de Maryz, Liliane, Pauline, Danièle, Christine.., nous avons tous eu le sentiment de partager des moments rares avec lui, en écoutant les émissions Studio de nuit, Saltimbanques, Bain de minuit, Y’a de la chanson dans l’air, Pollen… ou en assistant aux fameuses Francofolies.
Afin de cerner un peu le personnage, Maryz Bessaguet revient sur les premières années de cet enfant de La Rochelle: la disparition de sa mère, à l’âge de 4 ans, une blessure jamais cicatrisée, son père absent, l’humiliation d’avoir traversé les rues de sa ville natale, menottes aux poignets… Plus tard, il tiendra tout de même sa revanche en refaisant le même itinéraire aux côtés de ministres et de figures politiques !
De cette adolescence tourmentée, il conservera un attachement pour les marginaux, le monde de la nuit avec ses effluves d’alcools et de cigarettes, les coulisses des concerts découvertes lors de ses nombreuses fugues.
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On ne s’étonnera donc pas que l’un de ses premiers faits d’armes soit la création de « Studio de nuit », dans la tranche horaire de 3 à 5 h du matin, sur France Inter, où il accueillera Jacques Higelin, Benard Lavilliers, Jacques Villeret, Pierre Barouh, Serge Lama, Julio Iglesias, Leonard Cohen, Renaud… mais aussi Rika Zaraï chantant Gréco et Boris Vian ou Coluche et Gainsbourg improvisant une Marseillaise. « N’importe quel artiste pouvait passer à n’importe quelle heure et il recevait aussi bien moi, Carlos, François Valéry, que Léo Ferré, Brassens, Higelin… » se souvient Patrick Sébastien. « J’y ai même vu Brassens chanter « La môme catch-catch » (un titre de Fréhel) et faire des claquettes ! « .
Le nom de Foulquier est évidemment indissociable des Francofolies. La première édition aura lieu en 1985. « Le premier concert des Francos que j’ai vu, c’était Touré Kunda, concert gratuit, la queue jusqu’à la gare de La Rochelle… puis j’ai vu Bernard Giraudeau descendre la Tour de la Chaîne en rappel, Foulquier et Crépeau bras dessus, bras dessous… c’était une autre époque, un putain de grand moment » rappelle un spectateur anonyme.
« Les derniers échanges que j’ai eux avec Jean-Louis, quelques semaines avant son décès, portaient sur Camus. Le lien entre ce qu’on appelle la grande littérature et puis les gens de la vie de tous les jours, ce qu’on appelle la culture urbaine… Jean-Louis était entier et il nous invitait à l’être aussi… » commente Abd al Malik, auteur de la préface de « Nos années… Foulquier ».
Epuisé quelques jours à peine après sa sortie, le livre vient enfin d’être réédité.
Il faudrait évidemment plusieurs tomes supplémentaires pour évoquer les artistes à qui Jean-Louis Foulquier a un jour tendu la main… et un micro !
Annie Grandjanin
- « Nos années… Foulquier » de Maryz Bessaguet, en collaboration avec Liliane Roudière. Editions La Geste. 178 pages, 35 Euros.
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