Sortie cinéma. Un peintre et son galeriste, amis de longue date, n’arrivent plus à vendre leurs tableaux. Alors le second imagine un stratagème pour relancer la carrière du premier: c’est le scénario, cousu de fil blanc, du film « UN COUP DE MAÎTRE », sur les écrans ce mercredi 9 août.
« Un coup de maître » : l’histoire d’une relation entre deux vieux amis fidèles l’un à l’autre malgré les difficultés
En panne d’inspiration depuis plusieurs années, le peintre Renzo Nervi (Bouli Lanners) a un caractère difficile et se radicalise de plus en plus. Il refuse les interviews, n’est pas venu à son dernier vernissage, déteste la foule, tire trois balles sur l’un des rares tableaux qu’une cliente s’apprête à acheter, badigeonne de blanc une toile inachevée dans son atelier. « Je suis un sauvage, je ne suis pas fait pour cette société », dit-il à son galeriste, Arthur Forestier (Vincent Macaigne).
Amis de 30 ans
Celui-ci est son meilleur ami depuis une trentaine d’années et l’a accompagné dans sa carrière en dents de scie. Il est de caractère accommodant et supporte avec patience et placidité les caprices et sautes d’humeur de Renzo. Quand celui-ci se retrouve ruiné et expulsé, il va même jusqu’à hypothéquer sa galerie pour racheter les quelque 200 tableaux de son ami saisis par les huissiers.
Dans une situation délicate voire désespérée, Renzo pense au suicide. Mais Arthur a une meilleure idée: le faire passer pour mort. Une fois la supercherie mise en place, la carrière du peintre redémarre, ses tableaux s’arrachent à prix d’or, les difficultés financières disparaissent. Caché à la campagne, Renzo trouve à nouveau l’inspiration…
Vrai-faux rebondissement
Le scénario n’est pas d’une folle originalité: on voit venir de loin le coup monté imaginé par Arthur et Renzo, et la bande-annonce vend largement la mèche de ce vrai-faux rebondissement de l’histoire, qui ne survient qu’au bout d’une heure (sur un total d’une heure et demie). Le film est une sorte de remake d’un film argentin de 2018, MI OBRA MAESTRA, de Gastón Duprat, traduit en français par « UN COUP DE MAÎTRE ».
Sur le ton de la tragi-comédie, le film interroge sur la place de l’art dans le monde actuel dominé par le profit, et plus généralement les affres de la création artistique. C’est une critique acerbe du petit monde de l’art contemporain, ses artistes, ses critiques, ses réseaux sociaux, ses NFT…
À la vie, à la mort
Mais c’est surtout l’histoire d’une relation entre deux vieux amis, différents mais fidèles l’un à l’autre malgré les difficultés. « L’amitié est, en effet, le sujet principal d’UN COUP DE MAÎTRE », explique le réalisateur, Rémi Bezançon, qui avait déjà abordé ce thème dans ses 6 précédents films. « Dans ce film, j’avais envie d’aller plus loin, de pousser ce thème à l’extrême. Entre Renzo et Arthur règne un côté «à la vie, à la mort» ».
Rémi Bezançon, 52 ans, s’était fait connaître avec son deuxième, LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE, une émouvante comédie familiale (2008, avec Zabou Breitman et Jacques Gamblin, 3 César pour 9 nominations). Puis il a réalisé notamment UN HEUREUX ÉVÈNEMENT (2011, avec Louise Bourgoin et Pio Marmaï), et récemment LE MYSTÈRE HENRI PICK (2019, avec Fabrice Luchini et Camille Cottin), tiré d’un roman de David Foenkinos.
Double sauvetage
« Jusqu’où est-on prêt à aller par amitié? UN COUP DE MAÎTRE est l’histoire d’un double sauvetage. C’est l’histoire d’un homme qui, en sauvant son meilleur ami, va se sauver lui-même », ajoute-t-il.
Dans ce duo d’amis, on est davantage séduit par Arthur, le personnage interprété par Vincent Macaigne (très présent ces dernières années sur les écrans, notamment dans CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE récemment), gentil, dévoué, sympathique, aux réactions parfois inattendues.
Le personnage de Renzo, incarné par Bouli Lanners (remarqué dans LA NUIT DU 12, grand vainqueur de la cérémonie des César de février dernier avec six récompenses, dont le César du meilleur film), est au contraire plutôt antipathique, agaçant, caricatural. Et, sous ses airs des rebelle, tellement prévisible –un peu comme le scénario de ce film aux bonnes intentions mais pas franchement passionnant.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE : « Pour être un artiste, un vrai, il faut n’avoir aucune qualité. On fait de l’art quand on ne sait rien faire d’autre. C’est comme une malédiction, un handicap » (Renzo Nervi, à un jeune apprenti stagiaire).
Jean-Michel Comte
- A voir : « UN COUP DE MAÎTRE » (France, 1h35). Réalisation: Rémi Bezançon. Avec Vincent Macaigne, Bouli Lanners, Bastien Ughetto (Sortie 9 août 2023)
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