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Festival d'Avignon: pour célébrer les 100 ans d’Edgar Morin, un dialogue inédit avec le penseur de la complexité. (photo Christophe Raynaud)
  1. Festival d’Avignon. Le théâtre à Avignon offre l’occasion de partir à la découverte de personnages qui ont marqué l’histoire mais aussi de personnalités d’aujourd’hui mises en valeur par des auteurs, des acteurs et des metteurs en scène talentueux et imaginatifs. Une variété de propositions, comme en témoigne cette sélection de 6 représentations auxquelles We Culte a assisté lors de cette nouvelle édition du Festival, qui retrouve cette année son public exigeant et enthousiaste.

Edgar Morin dans « Se souvenir de l’avenir »

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Festival d’Avignon: pour célébrer les 100 ans d’Edgar Morin, un dialogue inédit avec le penseur de la complexité (photo Christophe Raynaud)

C’est l’histoire d’un homme dont on a célébré le centenaire dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes. Il est rare qu’on puisse fêter un tel anniversaire en présence de la personnalité qu’on célèbre. Brassens par exemple. Il aurait eu cent ans cette année. Il est mort il y a 40 ans déjà. Edgar Morin, lui, est bien vivant. Certes les premières festivités parisiennes l’ont un peu fatigué et il n’a pu se rendre comme espéré à Avignon. Mais il était là en vidéo, sur grand écran sur l’immense mur du fond de scène de la Cour d’Honneur.

C’est le journaliste du Monde Nicolas Truong qui animait cette soirée. A ses côtés,  Christiane Taubira, Judith Chemla, Pascal Ory, Pablo Servigne, Marion Rampal, Pierre-François Blanchard, Clotilde Lacroix, intellectuels ou musiciens, ont échangé à leur façon avec Morin, en direct de l’hôtel Lutétia à Paris. L’occasion de revenir sur le parcours du bien vivant centenaire. Depuis sa naissance douloureuse à son engagement dans la résistance puis à son adhésion et son exclusion du parti communiste. Débat d’idées également sur sa vision du monde et sur la crise écologique.



Des plages musicales ponctuaient la soirée. La chanson de Mackie de l’Opéra de 4 sous était un moment reprise par Morin lui-même. Le temps des cerises évoquait l’esprit de résistance et une chanteuse la partageait avec Christiane Taubira. Une chanson de Françoise Hardy était l’occasion de rappeler que le sociologue fut un des premiers à s’intéresser à la génération « yé-yé » comme une nouvelle «classe d’âge». Une belle soirée pleine d’idées et d’émotions. Une grande envie de devenir un centenaire plein de vitalité comme l’est toujours Edgar Morin.

Marquise dans « Aime comme Marquise »

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« Aime comme Marquise ». (photo) Jean-Bernard Vincens

C’est l’histoire d’une femme qui vécut entre 1633 et 1668. Thérèse du Parc plus connue sous le nom de Marquise fut une grande comédienne, femme d’une grande beauté admirée par Molière, Corneille et Racine. Philippe Froget en a fait l’héroïne de « Aime comme Marquise », mise en scène par Chloé Froget. Marquise fut une femme de caractère et Philippe Froget en fait un personnage qui ne s’en laisse pas conter. Corneille en a sans doute souffert puisqu’on lui doit ces stances à Marquise, complétées par Tristan Bernard et chantées par Georges Brassens.

Une mise en scène astucieuse permet de passer en revue les moments forts de la vie de l’artiste et nous plonge dans une période faste de l’histoire du théâtre en France. On y rencontre aussi Louis XIV qui se serait inquiété de la réalité des qualités d’auteur de Molière et voulait donc vérifier que Corneille ne fut pas l’auteur véritable des chef-d’oeuvre du premier. L’enquête diligentée par le monarque sert de fil conducteur à ce spectacle qui fait de Marquise un personnage attachant, très bien mis en lumière par l’actrice et metteuse en scène Chloé Froget.


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Kosh dans « Faut pas louper l’Kosh »

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« Faut pas louper l’Kosh ». (photo) Pierre-Yves Leblanc

C’est l’histoire d’un homme, un jeune lyonnais expert en beatbox qui se sert de son corps comme d’une boîte à rythmes. Kosh est un beatboxer hors norme et totalement inclassable qui a connu un succès phénoménal sur TikTok, où il est suivi par 760 000 abonnés.  Après avoir accompagné de nombreux artistes, il se lance dans un premier spectacle en solo où il nous raconte son surprenant parcours de vie. C’est une sorte de seul en scène musical mêlant aux souvenirs de l’artiste les rythmes et les  sonorités qu’il tire de son corps ou de sa voix. La salle est conquise et tout se termine par un selfie géant qui va bien sûr se retrouver sur les réseaux sociaux. Mais c’est à Avignon que Kosh aura conquis surtout des spectateurs très présents avec ce spectacle tout de rythme et de bonne humeur.

Fathia B dans « Parkour (Chronique d’un matricule) »

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« Parkour (Chronique d’un matricule) »

C’est l’histoire d’une femme, Fathia  B, une jeune de banlieue issue d’une famille religieuse et traditionnaliste. Fathia est l’héroïne de « Parkour (Chronique d’un matricule) » une pièce écrite et jouée par Gérald Dumont, mis en scène par Nathalie Grenat. Cette jeune femme a vo »ulu échapper à un mariage imposé et réussit non sans difficultés à fuir sa famille et son quartier. Elle découvre un jour une véritable vocation et choisit donc d’entrer dans la police. Gérald Dumont, qui a réellement rencontré Fathia, rend son histoire  émouvante et en fait l’héroïne d’un combat féministe contre les intégrismes.


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Jack London dans « La Maison du Loup »

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« La Maison du loup » (photo Fabienne Rappeneau)

C’est l’histoire d’un homme, Jack London, le grand romancier américain. Dans « La Maison du Loup » de Benoît Solès, mise en scène par Tristan Petitgirard, on assiste à la rencontre de l’écrivain avec Ed Morell, un ancien taulard, qui sollicite son aide pour sauver un ami condamné à mort et sur le point d’être exécuté. Charmian, la femme de London est à l’origine de ce rendez-vous. Elle espère que cet échange pourra remobiliser son écrivain de mari qui, en cet été 2013, traverse une période difficile et une vraie panne d’inspiration. Les échanges entre ces trois personnages nous font voyager d’une cellule de pénitencier à une chaloupe en pleine mer pour finir dans le ranch de l’écrivain, perdu en pleine nature. La mise en scène, le jeu des acteurs et la création des lumières mettent en valeur cette œuvre dont l’engagement sur les conditions carcérales reste pleinement d’actualité.



« Lawrence d’Arabie »

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« Lawrence d’Arabie » (Photo Aurore Vinot)

C’est l’histoire d’un homme, Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d’Arabie. Le spectacle, écrit et mis en scène par Eric Bouvron est une vrai tourbillon, riche d’une profusion d’idées de mise en scène. Il n’était pas évident de théâtraliser un texte qui traite avec sérieux la dimension géopolitique des missions conduites par Lawrence au Moyen Orient. Le metteur en scène le fait avec succès. On en oublie les grands espaces du film de David Lean et on s’attache à un personnage parfois un peu naïf, en tout cas toujours très enthousiaste qui s’engage dans des négociations diplomatiques complexes. C’est tout simplement passionnant et magnifique.

Yves Le Pape

 

 

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